L’abbé Louis (Luigi) Ruccellaï (ou Ruccelaï, Rousselaï) († 1622) est l’envoyé du grand-duc de Toscane à Paris. Il est au cœur des intrigues qui agitent l’entourage de Marie de Médicis après la mort de Concino Concini et compromettent la mission diplomatique dont il a été chargé. Il emploie ainsi deux Florentins, les frères Antoine et François Sitii, d’abord attachés au service de Leonora Galigaï (épouse de Concini), condamnés à mort par contumace par arrêt d’une commission du Grand Conseil rendu le 30 août 1618¹. Lui-même reçoit à la même époque ordre d’exil à Blois, où doit se retirer la Reine mère².

Abbé de Silly, près de Sedan, il y multiplie les déplacements, ainsi qu’à Metz, où le duc d’Épernon a reçu l’ordre de se retirer, et malgré l’antipathie que le gouverneur militaire des Trois-Évêchés lui voue, afin d’organiser les échanges d’information avec Marie de Médicis³. Les relations entretenues par Ruccellaï et le duc d’Épernon sont telles que Vincenzo Ludovisi, ancien secrétaire de Concini, finit par prendre le relai des négociations. Les manigances permettent le départ d’Épernon de Metz, son retour secret dans le royaume et l’organisation de la fuite de Marie de Médicis de Blois dans la nuit du 21 au 22 février 1619. Accompagnent la Reine mère, vers Angoulême, Anne de La Marck, comte de Braine, le père Chanteloube et l’abbé Louis Ruccellaï.

Richelieu, dans ses Mémoires, fait état de la méfiance qu’il suscite au moment de son rappel d’exil en Avignon, au cours des semaines qui suivent, à la fois chez le duc d’Épernon, chez le père Chanteloube et chez Ruccellaï, seule Antoinette de Pons, marquise de Guercheville, lui accordant sa confiance⁴.

Après la signature du traité d’Angoulême, le 30 avril 1619, Ruccelaï, jaloux de la faveur du duc d’Épernon et de la confiance accordée par Marie de Médicis à Richelieu, trahit la souveraine⁵. Renvoyé de sa cour par la Reine mère, il passe alors, en compagnie du comte de Braine et de son frère aîné, le marquis de Maulny, au service du duc de Luynes⁶.

Après le décès du connétable de Luynes, le 14 décembre 1621, Michel de Marillac, à la demande du Roi, intervient auprès de Richelieu en faveur de l’Italien, qui suit Louis XIII sur le terrain des opérations militaires en cours⁷.

Le cardinal de Bérulle s’entremet à son tour au printemps 1622 afin d’obtenir le retour en grâce de Rucellaï auprès de Marie de Médicis, Richelieu feignant de lui apporter son concours⁸. À l’automne suivant, l’abbaye de Pontlevoy, que le Roi a accordé à Ruccelaï en 1620, devient vacante : l’Italien décède en octobre, à La Rochelle. L’abbaye est attribuée à Richelieu⁹. 

Texte 743,

1. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome I, p. 562. [↩]
2. Jean-François Dubost, Marie de Médicis : la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 576 et p. 587. [↩]
3. Jean-François Dubost, ouvrage cité, p. 605-606. [↩]
4. Claude-Bernard Petitot(éd.), Mémoires du cardinal de Richelieu, Paris, Foucault, 1823, 10 tomes, aux volumes XXI bis – XXX de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, livre X, p. 537 et Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 603 note. [↩]
5. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VII, p. 432-433 et p. 465 note, d’après les Mémoires du marquis de Fontenay-Mareuil. [↩]
6. Jean-François Dubost, ouvrage cité, p. 620. [↩]
7. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VIII, p. 191. [↩]
8. Voir le courrier que Richelieu adresse au cardinal de Bérulle, le 26 mai 1622, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VII, p. 517-518. [↩]
9. Voir le courrier que Richelieu adresse à Claude Bouthillier, le 18 novembre 1622, translation publiée en ligne, texte 743. [↩]

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