Charles de Lorraine (1596-1657), duc d’Elbeuf, est le fils de Charles de Lorraine, duc d’Elbeuf, et de Marguerite de Chabot, il est le frère aîné du comte d’Harcourt. Il est titré duc d’Elbeuf à partir de 1605, comte de Lillebonne, comte de Rieux et baron d’Ancenis. Élevé à la cour de France, il est d’abord chambellan du Roi.

À la majorité de Louis XIII, il prend son parti contre celui de Marie de Médicis. Nommé gouverneur de Normandie, il participe au siège de La Rochelle avant d’être blessé à Saint-Jean-d’Angély. Il devient ensuite gouverneur de Picardie.

Mais le duc d’Elbeuf décide de suivre le duc d’Orléans en dissidence. Démis de ses charges, il est déclaré criminel de lèse-majesté par contumace, par le parlement de Dijon, en mars 1631, en même temps que le comte de Moret, le duc de Bellegarde, le duc de Roannais, Antoine de Laage, seigneur de Puylaurens, Louis de Monsigot et le père Chanteloube¹. En janvier 1632, il assiste au mariage secret du duc d’Orléans et de la princesse Marguerite de Lorraine. Puis en mai de la même année, le duc d’Elbeuf organise une conjuration, et appelle à la rébellion. Dans l’entourage de Marie de Médicis, il est de ceux qui refusent tout accommodement avec le roi de France. 

Bien qu’il prenne part à la chevauchée du Languedoc pendant l’été 1632, le roi de France envisage, après la bataille de Castelnaudary, de lui accorder son pardon. En mai 1634, demeuré en exil, et malgré les mesures coercitives prises par Louis XIII contre les duels, le duc d’Elbeuf  se bat contre le marquis du Coudray-Montpensier, qui l’a provoqué².

La disgrâce du duc d’Elbeuf a provoqué l’éclatement de la famille. La duchesse d’Elbeuf, née Catherine-Henriette de Bourbon, est la demi-sœur du Roi. Depuis 1634, mère de cinq enfants, elle tente de conserver, à leur profit, les biens de son mari, confisqués en 1633, et attribués au comte d’Harcourt³. En juillet 1635, le parlement de Paris statue probablement une première fois sur le prieuré du parc d’Harcourt dont le temporel est disputé par les parties⁴. Un différend connexe est encore examiné devant la grand-chambre du Parlement à la demande de Louis XIII le 20 décembre 1635. Le comte d’Harcourt a assigné en justice la duchesse douairière d’Elbeuf « pour lier les mains à madame sa mère, lui interdire toutes sortes de dispositions de son bien à son préjudice »⁵, et faire appliquer les lettres patentes qu’il a obtenues du Roi en ce sens en janvier. Le souverain y estimait « que Madame d’Elbeuf aimait avec passion M. d’Elbeuf son fils aîné, et qu’elle n’aimait pas M. le comte d’Harcourt son puîné, dont le Roi disait par ses lettres n’en pouvoir savoir la cause »⁶. L’avocat de la duchesse douairière d’Elbeuf a refusé de comparaître. L’avocat du comte d’Harcourt, le sieur Gautier, plaide les droits du comte à disposer des biens du duc d’Elbeuf. Le procès, en raison de la qualité des plaignants, revêt pourtant une certaine importance. Mademoiselle, malgré son jeune âge, assiste à l’audience du 20 décembre, ainsi que la duchesse de Lorraine, aînée de la lignée dont est issu le duc d’Elbeuf, dans l’une des lanternes de la grand-chambre qui les dissimule aux regards curieux. Les nonces ordinaire et extraordinaire, ainsi que l’ambassadeur de Venise, se sont également déplacés. 

En 1649, le duc d’Elbeuf propose ses services aux Parisiens. En 1652, le conseil de Régence lui confie le commandement en chef de l’armée de Flandres. Il a épousé, en 1619, Catherine-Henriette de Bourbon (1596-1663), fille d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées.

Textes 173, 345, 379, 581, 601, 619, 628, 731, 732, 764, 807, 845, 852, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Michel Le Vassor, Histoire du règne de Louis XIII…, Amsterdam, chez Pierre Brunel, 1700-1717, 10 tomes et 19 volumes, tome troisième, p. 627. [↩]
2. Note de Richelieu à Louis XIII, 16 février 1635, Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 813, f° 86, minute de la main de Cherré, publiée par Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, 1853-1877, Collection des documents inédits de l’histoire de France, en 8 volumes, au t. IV, p. 662 ; voir aussi une lettre du Verdier du 13 mai 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 472-475. [↩]
3. Claude de Bullion à Richelieu, 22 mars 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), « La raison de guerre » : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 168-170. [↩]
4. La duchesse d’Elbeuf à Claude ou Léon Bouthillier, juillet.1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), « La raison de guerre »…, op. cit., p. 357. [↩]
5. Omer Talon, Mémoires d’Omer Talon [MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils (éd.)], Paris, chez l’éditeur du commentaire analytique du Code civil, 1839, dans Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat (dir.), Nouvelle collection des mémoires pour servir l’histoire de France : tome sixième, Omer Talon – l’abbé de Choisy, p. 43. [↩]
6. Ibidem. Les lettres patentes du Roi ont été données à Saint-Germain-en-Laye le 22 janvier 1635. On en trouve le texte intégral dans Omer Talon, Mémoires… [MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils (éd.)], ouvrage cité, p. 42-43, note. [↩]