Philippe Duplessis-Mornay (ou du Plessis-Mornay) (1549-1623) est le fils de Jacques Mornay, seigneur de Buhy, et de Françoise du Bec-Crespin, convertie au protestantisme. Tout à la fois homme de guerre et homme de plume, il s’illustre comme diplomate et théologien huguenot engagé au service de la Religion Prétendue Réformée, au plan religieux comme au plan politique.

Entré dès 1576 au service d’Henri de Navarre, bientôt Henri IV, il est un membre influent de son Conseil. Ambassadeur du roi de Navarre en Angleterre et aux Pays-Bas, il obtient, en 1588, le gouvernement de la ville de Saumur qu’il dote d’une académie d’équitation et d’un centre de formation en théologie protestante. Il conserve sa charge jusqu’en 1621, date à laquelle le pillage du château de la ville par les soldats de Louis XIII entraîne la dispersion de sa bibliothèque. Un catalogue manuscrit en a cependant été conservé, aujourd’hui à la Société de l’histoire du protestantisme français, à Paris, boulevard Arago.

Il contribue à la promulgation de l’édit de Nantes en avril 1598. À l’inverse de Théodore Agrippa d’Aubigné, il se distingue par son souci du compromis, comme en témoigne encore en octobre 1620, une lettre ouverte qu’il adresse au duc de Montbazon¹, et se montre favorable à un accord dogmatique avec les catholiques.

Il est l’auteur d’œuvres spirituelles, dont en 1575, le Discours de la vie et de la mort ; en  1576, d’un important ouvrage de controverse politique, intitulé Vindiciae contra Tyrannos ; d’un Traité de l’Église ; de l’Institution de l’Eucharistie, paru à La Rochelle, en 1598, qu’il doit défendre contre les attaques du cardinal du Perron ; puis du Mystère d’iniquité : Histoire de la Papauté, paru à Saumur en 1611, en réponse à un traité du cardinal Bellarmin paru l’année précédente.

Il a épousé, en 1576, Charlotte, fille de Guy L’Arbaleste, vicomte de Melun. Elle est l’autrice de Mémoires conservés à l’état de manuscrit à la bibliothèque de la Sorbonne, et publiés en 1824².

De leur mariage naît un fils également prénommé Philippe, qui trouve la mort en 1605 dans les rangs de l’armée du prince d’Orange, Maurice de Nassau, à Gueldres. Le drame interrompt la rédaction de l’œuvre de sa mère qui ne lui survit que quelques mois.

Voir aussi cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des Lettres françaises : le XVI^e siècle, édition revue et mise à jour sous la direction de Michel Simonin, Paris, Fayard, 2001, p. 438-440, coll. Pochothèque.

Texte 744,

1. Translation à venir en ligne, texte 744. [↩]
2. Le document manuscrit porte le cote MS 360 à la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, voir sa notice disponible en ligne, consultée le 15/02/2024 ; et A.-D. de La Fontenelle de Vaudoré et P. R. Auguis – éd. -, Mémoires de Charlotte Arbaleste sur la vie de Duplessis-Mornay, son mari, écrits par elle-même pour l’instruction de son fils…, Paris, Treuttel et Wurtz, 1824. [↩]

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