Antoine de Laage (v. 1602-1605 ?-1635), seigneur de Puylaurens, de La Pérusse et de La Ville-Aubrun, est le fils de René de l’Age [ou Laage], seigneur de Puylaurens, et de Jeanne Pot de Rhodes. D’abord simple gentilhomme de la chambre de Monsieur, il prend sur celui-ci une influence que marque une faveur croissante : maître de la garde-robe du prince, puis son premier chambellan et son surintendant, « grand maître, enquêteur et général réformateur des eaux et forêts » de son apanage et des domaines de la duchesse, sa femme. Il est, avec Jacques Le Coigneux, le principal conseiller de Gaston d’Orléans, et la personnalité la plus marquante d’une parentèle introduite dans l’entourage de Monsieur, qui compte encore René de Menou, seigneur de Charnisé, ou M. de La Vaupot.

Ces hommes encouragent Monsieur à contester l’autorité de Richelieu et à s’opposer aux décisions prises par Louis XIII. Au cours de l’été 1629, Monsieur quitte une première fois le royaume et trouve refuge en Lorraine, où Puylaurens s’éprend de la princesse de Phalsbourg. Fin 1630, sur les conseils du maréchal de Bassompierre, Richelieu tente d’acheter un hypothétique soutien de Puylaurens. Celui-ci, grâce à la médiation du cardinal de La Valette et du marquis de Rambouillet, y gagne le gouvernement d’Amboise¹, puis 100 000 écus pour acheter un duché-pairie². En 1631, cependant, il est condamné pour crime de lèse-Majesté par le parlement de Dijon, en même temps que le comte de Moret, le duc d’Elbeuf, le duc de Bellegarde, le duc de Roannais, Louis de Monsigot et le pète Chanteloube³.

En mai 1634, il est victime, à Bruxelles, d’une tentative d’agression par arme à feu, mais n’est que très légèrement touché⁴. Il s’agit, à cette époque, pour Louis XIII comme pour Richelieu, de faire renoncer Monsieur au mariage qu’il a contracté sans le consentement du Roi avec Marguerite de Lorraine. Puylaurens en prend l’engagement. Le 28 novembre, il épouse Marguerite-Philippe du Cambout, fille du baron de Pontchâteau, parente de Richelieu, et reçoit le duché-pairie d’Aiguillon, en portant cependant le titre de duc de Puylaurens. Il est reçu à cet effet au parlement de Paris le 7 décembre⁵. Moins de trois mois plus tard, ses intrigues et son double jeu entraînent sa perte. Arrêté le 14 février 1635 au Louvre, au cours d’un ballet donné par le Roi, il est conduit au donjon de Vincennes, dans la cellule qu’a occupée avant lui le maréchal d’Ornano, humide, insalubre et dont les murs sont couverts de salpêtre. Il y trouve la mort le 1^er juillet suivant, des suites d’une fièvre pourpres (rougeole ou rubéole)⁶.

Textes 24, 173, 310, 348, 366, 389, 428, 587, 596, 619, 621, 628, 682, 688, 690, 692, 696, 730, 731, 751, 764, 772, 800, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts

1. Jean-Marie Constant, Les conjurateurs : le premier libéralisme politique sous Richelieu, Paris, Hachette, 1987, p. 59. [↩]
2. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 916 ; voir aussi Michel Le Vassor, Histoire du règne de Louis XIII…, Amsterdam, chez Pierre Brunel, 1700-1717, 10 tomes et 19 volumes, voir au tome troisième, p. 571. [↩]
3. Michel Le Vassor, Histoire du règne de Louis XIII…, Amsterdam, chez Pierre Brunel, 1700-1717, 10 tomes et 19 volumes, tome troisième, p. 627. [↩]
4. Voir M. Petitot – éd. -, Les Mémoires de Gaston, duc d’Orléans…, Paris, Foucault, 1824, collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, tome XXXI, p. 161. [↩]
5. Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 853-854. [↩]
6. Voir Jean-Marie Constant, Gaston d’Orléans, prince de la liberté, Paris, Perrin, 2013, p. 47-55. [↩]