Maximilien de Béthune (1559-1641), baron puis marquis de Rosny, duc de Sully, prince d’Henrichemont et de Boisbelle, marquis de Nogent-le-Rotrou, comte de Muret et de Villebon, vicomte de Meaux, est le fils cadet de François de Béthune, baron de Rosny, seigneur de Villeneuve-en-Chevrie, et de Charlotte Dauvet de Rieux. Chambellan ordinaire et conseiller d’Henri de Navarre en 1580, il devient conseiller d’État de ce dernier, devenu Henri IV, en 1590.

Membre du conseil de direction des Affaires et Finances en mai 1595, il entre la même année en conflit avec Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon, qui s’est compromis avec l’Espagne, et qui, condamné et vaincu par Henri IV, n’a plus qu’à négocier son pardon.

Membre du conseil des Finances en juillet 1596, il obtient le gouvernement de Mantes en septembre 1597. Surtout, il est promu, l’année suivante, surintendant des finances et principal ministre d’Henri IV, responsabilités qu’il conservé jusqu’à l’assassinat du Roi le 14 mai 1610.

Il accède encore à la dignité de duc de Sully et de pair de France en février-mars 1606.

Membre du Conseil de régence réuni par Marie de Médicis, il détient également la charge de surintendant des fortifications entre 1599 et janvier 1605, celle de grand-maître et capitaine général de l’artillerie en novembre 1598 et érigée en 1601 en office de la Couronne, celles de capitaine de la Bastille de janvier 1602 à janvier 1611, de surintendant des bâtiments du Roi de novembre 1602 à août 1616, de grand voyer de France et de voyer de Paris jusqu’à la même date du 24 août 1616. Le duc de Sully se retire alors sur ses terres.

Il a également été envoyé en ambassade extraordinaire en Angleterre en juin-juillet 1603, et s’est vu confier le gouvernement et la lieutenance générale du Haut et Bas Poitou, du Châtelleraudais et du Loudunois, ainsi que le gouvernement de Jargeau à la fin de la même année. 

Le 30 avril 1618, le duc de Sully obtient que son fils aîné, le marquis de Rosny, puisse exercer la charge de grand-maître de l’artillerie de France, tout en s’en réservant la survivance. Mais, en 1628, lors du siège de La Rochelle, le marquis de Rosny commet de telles négligences que, malgré l’intervention de Sully, le Roi charge le maréchal d’Effiat d’exercer ses fonctions¹. 

Dès 1629, le marquis de Rosny tente, en vain, d’obtenir du Roi l’autorisation de reprendre l’exercice effectif de la charge dont il a été privé, puisque, son beau-frère est chef du parti protestant, et que qu’il « ne peut être employé en l’armée du Languedoc contre le duc de Rohan »².

Après le décès du maréchal d’Effiat (27 juillet 1632), le duc de Sully renouvelle les mêmes démarches³. Sully plaide en vain la cause de son fils.

Le cardinal de Richelieu songe déjà à faire transférer la charge de grand-maître de l’artillerie à son parent, Charles de La Porte de La Meilleraye, par ailleurs gendre du défunt surintendant des finances. Richelieu souhaitait joindre à la charge de grand-maître de l’artillerie celle de commissaire général aux poudres et salpêtres. Il doit, à cet effet, écrire à Claude Bouthillier, le 24 juin 1633 : « […] Mon cousin de La Meilleraye m’a écrit le nouvel « établissement que vous faites pour la fourniture des poudres à l’avantage du service du Roi. Comme il ne voudrait pas, pour rien du monde, traverser un établissement utile, il sera bien aise, sans le troubler, que cela ne diminue point la charge dont il fait fonction, tant pour le respect de MM. de Sully et de Rosny, comme vous pouvez croire, que pour la pensée qu’il pourrait avoir d’être un jour leur successeur medientus illis, si les propositions sont raisonnables. Pour satisfaire à ses intentions et aux vôtres, il n’y a qu’un moyen, qui est que M. de Bullion et vous le préfériez à prix raisonnables à ceste nouvelle charge d’intendant et commissaire général des poudres et salpêtres »⁴. Sully n’obtient rien pour son fils, qui décède peu après. Lui-même est nommé maréchal de France en dédommagement de son droit de survivance (18 septembre 1634). Charles de La Porte de La Meilleraye peut ainsi recevoir la charge de grand-maître de l’artillerie au printemps 1635.

En 1639, il négocie le mariage de son neveu, Louis de Béthune (1605-1681), comte de Charost, fils de Philippe de Béthune (1565-1649), baron de Selles et de Charost, et de Catherine Le Bouteiller de Senlis, à Marie L’Escalopier.

Il est vraisemblable que Richelieu, en faisant ériger une ville à son nom, ait voulu suivre l’exemple du duc de Sully. Ce dernier a en effet reconstruit le château de Rosny et fait ériger la ville d’Henrichemont à sa gloire : il en est le prince souverain. Le cardinal, devenu principal ministre, souhaitait probablement éclipser un potentat trop puissant à son goût, rival politique direct pour le contrôle de la région, mais aussi rival protestant.

Maximilien de Béthune a épousé en premières noces, en 1583, Anne de Courtenay (1564-1589), dont il a Maximilien II de Béthune, marquis de Rosny, né en 1588, décédé le 1^er septembre 1634. Le fils de ce dernier, et petit-fils du premier duc de Sully, Maximilien III de Béthune, épouse, en 1639, Charlotte Séguier, et devient à son tour duc de Sully et pair de France en 1641, à la mort de son grand-père. Maximilien I^er de Béthune a convolé en secondes noces, en 1592, avec Rachel de Cochefilet, dont il a : François de Béthune, comte puis duc d’Orval, qui est le seul de leurs fils qui atteint l’âge adulte, et qui épouse Jacqueline Nompar de Caumont, fille du maréchal Jacques Nompar de Caumont La Force ; Marguerite de Béthune (décédée en 1660), qui épouse, en 1605, vers l’âge de dix ans, le duc Henri de Rohan ; Louise de Béthune, qui épouse en 1620 Alexandre de Lévis, marquis de Mirepoix.

Voir Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 914-916.

Textes 747, 924, 941, 

1. Concernant les manquements du marquis de Rosny, voir le courrier que Richelieu adresse au duc de Guise, d’Aytré, le 22 octobre 1627, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 589 ; le courrier que le marquis de Rosny adresse à Richelieu, le 12 avril 1628, et les courriers du duc de Sully à Richelieu, du 22 août et du 12 novembre1628, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 176, 453 et 564. [↩]
2. Marie de Médicis à Richelieu, Paris, 22 et 23 janvier 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, ouvrage cité, p. 49 et p. 53-54. [↩]
3. Voir le courrier que le duc de Sully adresse à Richelieu, de Sully-sur-Loire le 31 juillet 1632, translation publiée en ligne, texte 925. [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome IV, p. 469. [↩]

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