Denis Charpentier (v. 1580-1647), seigneur de Saint-Mard, conseiller du Roi en son conseil d’État, notaire et secrétaire de Sa Majesté, Maison et Couronne de France et de ses finances, est de longue date le secrétaire de la main de Richelieu, celui qui imite son écriture et sa signature lorsque le cardinal ne peut tenir la plume. Il est aussi son homme de confiance. 

Denis Charpentier est le fils cadet de Claude Charpentier (1510-1584), bourgeois de Paris, chirurgien oculiste du Roi, et de sa seconde épouse, Louise Foucher¹. 

Son frère aîné, prénommé Claude comme leur père, hérite des charges et fonctions de ce dernier. S’ajoutent à la fratrie un autre garçon, Siméon ; une sœur aînée, elle aussi prénommée Claude, née d’un premier mariage de leur père, qui épouse un maître-tonnelier, Simon Courcol, et décède avant 1585 ; une sœur cadette, Anne. 

Denis Charpentier passe probablement son enfance dans le même quartier de Paris que Richelieu, celui de Saint-Eustache. Il est recruté par l’évêque de Luçon vers 1607-1609, en qualité de secrétaire, à la même époque que Michel Le Masle et François Citoys, médecin, alors que la date d’entrée en fonction du valet de chambre de Richelieu, François Sénéchal,  et de son premier confesseur, l’abbé Jean Mulot, reste inconnue. 

Denis Charpentier bénéficie pleinement, tout au long de sa vie, de la faveur de Richelieu, ainsi que du système de la commensalité royale, qui lui assure une ascension sociale exceptionnelle et d’importants revenus. Le 5 février 1617, il obtient la charge de secrétaire ordinaire de la Chambre du Roi. En 1619, il est nommé contrôleur clerc d’offices dans la Maison de Marie de Médicis, il cède l’office à Vincent Langlois en 1621. Le 18 décembre 1620, il reçoit les lettres de provision d’office de secrétaire ordinaire de la Reine mère, qu’il conserve jusqu’au départ de celle-ci en exil aux Pays-Bas espagnols (1631). Suivent deux tentatives avortées d’acquérir des charges qui lui confèreraient la noblesse : le 4 juin 1626, il est pourvu, sans jamais y être reçu, de l’office de trésorier général de France à Tours, attaché au Bureau des Finances, charge qu’il revend également à Vincent Langlois ; en 1629, à la mort de Thierry Desmarets, procureur au parlement de Rouen, Richelieu tente vainement d’obtenir pour lui l’office de secrétaire du Roi détenu par le défunt. Une survivance cachée empêche la réalisation de ce second projet. Denis Charpentier doit attendre le mois d’août 1630 pour que Louis XIII lui confère la charge convoitée de conseiller et secrétaire du Roi, Maison et Couronne de France, au collège des Soixante-six, à la suite de la résignation de Jean Reloque. 

Il est cependant à noter que dès 1627, Denis Charpentier est, d’après sa correspondance, qualifié de « conseiller du Roi », de « conseiller du Roi en ses Conseils » en 1635, de « conseiller du Roi en son conseil d’État » en 1636, et de « conseiller du Roi en ses conseils d’État et privé » en 1639. Parallèlement, et dès 1622, il acquiert l’office de greffier ancien et alternatif des greniers à sel d’Argentan et garde des sceaux du dit grenier, dont la réalité d’exercice revient à Daniel Farcy, avant qu’il ne soit revendu à René Potier, comte de Tresmes le 4 avril 1634. Au cours de l’été 1633, Denis Charpentier est encore pourvu de la charge de commissaire général à la marine du Ponant, qu’il conserve jusqu’au 11 mars 1647, date à laquelle il la cède à Jérôme Blouin, apothicaire de Richelieu devenu celui de Mazarin. Le secrétaire de Richelieu peut ainsi acheter à Étienne de Fieux, conseiller du Roi et contrôleur général de la gabelle, les 31 mars et 1^er avril 1634, la seigneurie de Saint-Mard, non loin de Dammartin-en-Goële, puis, en 1635-1636, une maison sise à Paris, non loin du Louvre, à la suite d’un laborieux échange avec Louis Le Barbier. 

Denis Charpentier a épousé le 9 janvier 1622, en l’hôtel de Richelieu, rue des Mauvaises Paroles, en présence de l’évêque de Luçon, Antoinette Le Comte (v. 1600-1662), originaire de Nogent-le-Rotrou. De leur union naissent trois enfants : Marie Charpentier (v. 1624-1688), qui épouse en 1648 Nicolas Coynart-Targer, sieur de La Malmaison et des Coutures ; Armand (1628-1709), gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, qui épouse Anne Estienne (1638-1710), fille de Robert IV Estienne ; Marie-Françoise (v. 1629-1656), qui épouse, le 14 septembre 1653, Edmond de Fieux († 1689). Denis Charpentier décède à Paris le 26 avril 1647.

Voir aussi Maxim Boyko, « Premier secrétaire, informateur et intime serviteur. Denis Charpentier à la tête du cabinet privé du cardinal de Richelieu », Histoire, Économie, Société, 39^e année, 2020/2, p. 4-22.

Maxim Boyko, Denis Charpentier, premier secrétaire et fidèle du cardinal de Richelieu, mémoire de Master II Recherche en Histoire soutenu en juin 2018 à Sorbonne-Université, dir. Pr. Denis Crouzet et Marie-Catherine Vignal Souleyreau.

Textes 178, 264, 379, 388, 423, 426, 579, 631, 632, 642, 648, 652, 653, 654, 655, 656, 657, 658, 659, 669, 746, 856, 857, 

1. Maxim Boyko, « Denis Charpentier (v. 1580-1647). Étude sociale du premier secrétaire du cardinal de Richelieu », Dix-septième siècle, n° 284, 2019/3, p. 423-457. Le département des estampes de la Bibliothèque nationale de France conserve de Claude Charpentier un portrait gravé en 1584 par Léonard Gaultier reproduit p. 428 de l’article. [↩]

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