Nous n’avons pas su identifier l’ascendance de Charles de Saint-Quentin († 8 août 1679), seigneur de Courbanton (par sa première épouse, à partir de 1641)¹. De même, nous n’avons rencontré aucun membre déclaré de sa famille et tous les fiefs qui sont mentionnés en sa possession semblent lui être advenus par son premier mariage ou ensuite. Cette curiosité, pour un personnage rencontré dans presque tous les mémoires du temps, semble indiquer une origine et une fortune relativement modestes, qu’il soit issu du tiers ou de la petite noblesse². Il nous apparaît comme une créature du duc d’Orléans auquel il doit tout. En retrait derrière les principaux favoris, il n’en demeure pas moins toujours présent, proche et utile au duc d’Orléans. Mêlé peu ou prou à différentes affaires qui secouent l’entourage du duc, ami des comploteurs les plus actifs et jugés les plus dangereux, il parviendra néanmoins à n’être condamné ni à la peine de mort ni même à l’exil et ne passera guère de temps emprisonné.

Lorsque nous le rencontrons, au début des années 1630, Saint-Quentin est un jeune homme – nous le présumons âgé de vingt à vingt-cinq ans – qui est déjà dans l’intimité du tout aussi jeune duc d’Orléans. C’est un homme d’épée, mais pas un militaire de carrière, et un courtisan. Il a la pleine confiance de Gaston qui lui confie des missions délicates qui appellent de l’intelligence, de l’aisance dans le verbe et du tact. La Grande Mademoiselle le qualifiera même d’homme d’esprit. Enfin, il demeure fidèle et loyal en toutes circonstances au duc d’Orléans, qui le protège et assure son avancement, comme l’écrira plus tard Mazarin dans ses carnets.

Ainsi, Saint-Quentin se trouve très certainement auprès du frère du roi lors de la fuite en Lorraine puis aux Pays-Bas espagnols. Il ne figure pas sur l’état de la maison de Monsieur en 1627, mais il est fait gentilhomme ordinaire du duc au début des années 1630, sans doute en récompense des services qu’il rend déjà et peut-être aussi pour lui donner un statut que sa naissance ne lui confère pas³.

En 1632, Monsieur gagne à sa cause le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, cause que le brave maréchal porte immédiatement sur le champ de bataille. Le duc d’Orléans et sa petite armée les rejoignent, mais leurs troupes réunies sont dispersées le 1^er septembre de cette année-là au combat de Castelnaudary, et Montmorency y est pris. Monsieur et sa maison doivent alors fuir le royaume sans savoir encore où ils vont se réfugier. Le duc d’Orléans envoie trois émissaires dans des directions différentes préparer son éventuelle arrivée. Saumery est parti en Savoie et Piémont, du Fargis prend la route des Pays-Bas espagnols et Saint-Quentin est envoyé à Nancy, tous annonçant la prochaine arrivée du duc⁴.

Deux ans plus tard, Louis XIII et son frère se réconcilient. Le traité d’Écouen, conclu le 1^er octobre 1634, porte l’abolition pleine et entière à ceux – à quelques exceptions près – qui, ayant suivi Monsieur aux Pays-Bas espagnols, rentreront dans les trois semaines suivant le retour du duc⁵. Pour Saint-Quentin, la question ne se pose pas, il est là où se trouve son maître. Monsieur quitte alors secrètement les Pays-Bas espagnols. Arrivé à La Capelle, tandis que Gui d’Elbène porte la nouvelle au roi, c’est Saint-Quentin que Monsieur envoie à Bruxelles, où il arrive le 11 octobre pour une mission délicate qui comporte trois volets. Il est chargé de payer les dettes que le prince et ses domestiques avaient contractées, moyennant une lettre de change envoyée par le roi à cet effet. Plus délicat, il doit communiquer l’article d’abolition du traité d’Écouen aux gentilshommes du duc en exil, notamment à ceux qui en sont exclus. Enfin, il doit présenter à la reine-mère, à l’épouse du duc, Marguerite de Lorraine, ainsi qu’au marquis d’Aytona, commandant des forces espagnoles aux Pays-Bas, des excuses à la fuite précipitée de Gaston d’Orléans⁶. Le plus important est de rassurer la duchesse Marguerite quant à fermeté des sentiments de son époux et l’inviolabilité de ses engagements⁷.

La pierre d’achoppement principale entre les deux frères est alors la question du mariage entre Gaston et Marguerite de Lorraine que le roi veut absolument faire dissoudre. Pour convaincre Monsieur qui reste inébranlable, Richelieu pense qu’il faut s’attacher Antoine de Laage, sieur de Puylaurens, le principal et très influent favori du duc, et l’amener à soutenir la dissolution auprès de Monsieur. Pour cela, Richelieu ne ménage pas ses moyens. Il lui donne une nièce (fille de son cousin germain), Marguerite du Cambout de Coislin, en mariage et, le même jour et en cette considération, le fait élever au rang de duc et pair (28 nov. 1634). Mais le favori ne plie pas. Alors, lorsque le cardinal a vent de négociations entre Puylaurens et les Espagnols, il ne rate pas l’occasion qui lui est donnée de l’écarter du frère du roi.

Le 14 février 1635, alors que la plupart des officiers de Monsieur sont de retour à Paris, commence l’épuration de sa maison, Puylaurens le premier. Aux yeux de Richelieu, il n’est pas le seul ennemi de l’État. Tous ceux qui continuent de conspirer depuis le traité d’Écouen, où qui sont considérés comme ayant une mauvaise influence sur Monsieur, sont dans le collimateur du cardinal. Ce sont alors, pour les plus importants : Claude d’Escoubleau, sieur du Coudray-Montpensier, le plus proche ami de Puylaurens, Charles d’Angennes, sieur du Fargis, autre ami du nouveau duc, les deux frères Havart de Senantes, François et Nicolas, François de Carniset, seigneur de Saint-Vrain, mais aussi Charles de Saint-Quentin⁸. Tous sont emprisonnés. Manque à l’appel Jean de Vieux-Pont, qui est passé entre les mailles du filet (et qui ne sera pris qu’en mai à Dijon, sur la route de la Franche-Comté espagnole).

Un élément à charge vient bientôt conforter et appuyer le dessein du cardinal. Une conversation de Charles de Besançon avec Louis Testu, le chevalier du guet, est rapportée par ce dernier dans une lettre du 5 mars 1635 au comte de Chavigny, secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Besançon a confirmé à Testu le témoignage de Philippe de Brion, sieur de Brantigny (tué en duel par Vieux-Pont le 27 août 1634), selon lequel du Coudray-Montpensier, Vieux-Pont et un troisième qui pourrait être « Saint-Quentin ou Senantes l’aîné », projetteraient de faire assassiner le roi⁹. Ce même courrier précise que Saint-Quentin, comme Senantes, sont « amis particuliers » de Vieux-Pont, sur lequel pèsent les plus lourdes présomptions, mais également qu’ils sont les complices de ce dernier pour une affaire de fausse monnaie¹⁰. Les soupçons à l’encontre de Saint-Quentin ont-ils été dissipés ou le bénéfice du doute a-t-il permis à Monsieur de le sauver, rien ne nous le précise, mais les comploteurs connaîtront désormais des sorts différents.

Puylaurens meurt peu après, le 1^er juillet 1635, dans le donjon de Vincennes, d’autres, comme du Fargis et du Coudray-Montpensier, ne sont pas pardonnés et ne sortiront de prison qu’à condition d’exil du royaume en 1640¹¹. Pour d’autres encore, le crime est rémissible et Saint-Quentin est de ceux-là. Moins coupable, moins virulent, moins visible, moins influent peut-être, il retrouve la liberté et sa place de gentilhomme du duc.

Les années qui suivent sont plus paisibles. Les circonstances ont assagi Monsieur. Les naissances tardives d’un dauphin, le futur Louis XIV, en 1638, puis de son frère Philippe, en 1640, l’éloignent du destin royal et de ses enjeux. Pour Saint-Quentin, le temps est venu de s’établir. Il épouse, par contrat reçu à Paris le 16 décembre 1641, Jeanne Henriette Bouchard, fille de Jean, secrétaire du roi, et de Marie Merceron¹². Elle vient de perdre son unique frère, Jean-Jacques Bouchard (1606-1641), clerc du sacré consistoire, gentilhomme du cardinal Barberini (neveu du pape), mais aussi libertin notoire. Bouchard était bien connu de ses contemporains pour son érudition¹³. Henriette est également veuve depuis peu de Gaspard du Lac, sieur de Courbanton. C’était un familier de Saint-Quentin, car il était capitaine de la porte de Monsieur. Henriette avait épousé Courbanton par contrat du 20 juin 1638¹⁴. Ils s’étaient fait donation mutuelle au dernier survivant moins d’un an plus tard, le 11 avril 1639, et il mourut dans l’année¹⁵. N’ayant pas eu d’enfants et doublement héritière, Henriette porte Courbanton et tous ses autres biens à son nouvel époux¹⁶.

La mort de Richelieu en 1642, puis celle de Louis XIII l’année suivante, laissent le pouvoir à la régente et au cardinal Mazarin. Le nouveau principal ministre d’État doit aussitôt faire face à la cabale des Importants menée par François de Bourbon-Vendôme, duc de Beaufort, et Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse (par son second mariage avec Claude de Lorraine-Guise). Parmi les soutiens de ces nouveaux conspirateurs dont l’objectif est l’assassinat de Mazarin, on trouve les frères Campion, Alexandre et Henri, qui sont proches de Vendôme et qui, suite à l’échec de la conjuration, sont contraints à l’exil. Saint-Quentin est proche d’eux, comme le note, en 1645, Mazarin dans ses carnets. Avec Jean de Vieux-Pont, Saint-Quentin est estimé dangereux¹⁷. Le cardinal se représente Saint-Quentin comme un ami intime des Campion et médisant à son égard : « St-Quintin, intimo di Campioni, Importanti au dernier point. Parla male de me à S.A.R. e S.A.R. lo protegge e procura de avanzarlo »¹⁸.

La protection du duc d’Orléans lui permet d’échapper aux foudres de Mazarin, mais aussi de conforter sa position. Après la reprise de Dunkerque aux Espagnols par le Grand Condé en octobre 1646, Josias de Rantzau, élevé à la dignité de maréchal depuis peu (30 juin 1645), est nommé gouverneur de la ville (5 nov. 1646). Comme lieutenant de roi pour le seconder, la cour a un candidat, mais Monsieur l’a promise à Saint-Quentin. Son ancienneté dans l’entourage de Monsieur lui vaut, au sein de sa cour, des appuis qui soutiennent sa candidature. La reine cède aux instances de son beau-frère et, dès le 6 novembre, Saint-Quentin obtient sa commission au grand dam de Rantzau qui le tient en aversion, le fait savoir sans ménagement et demande son remplacement¹⁹. Il n’en sera rien, Saint-Quentin est maintenu et finalement accepté par Rantzau²⁰.

Il n’y aura guère d’occasions de conflit entre eux, car Rantzau est souvent employé pour ses talents militaires et dépêché sur le front. En son absence, Saint-Quentin accomplit sa tâche avec sérieux. En 1647, une conspiration ayant été découverte, il fait arrêter deux religieux suspectés de servir les Espagnols. Par ordre du roi, il les fait enfermer dans la citadelle de Calais avec des habitants soupçonnés de complicité. En l’absence de Rantzau, le roi lui demande de redoubler de vigilance, « d’autant plus que vous voyez que comme c’est la place la plus considérable de ce costé là, les ennemis tournent leurs principales pensées et desseins »²¹.

Suspecté, le plus vraisemblablement à tort, de trahison, Rantzau est arrêté le 27 février 1649. En dépit de leur inimitié, Saint-Quentin a l’honnêteté et l’élégance d’écrire au cardinal pour exprimer son étonnement²². Alors que les proches de Rantzau à Dunkerque sont arrêtés avec lui, Saint-Quentin n’est pas inquiété²³. Mazarin envoie alors le comte d’Estrades commander la ville, mais sans commission de gouverneur, la culpabilité de Rantzau n’ayant pas été établie. Saint-Quentin connaît d’Estrades qu’il avait notamment eu l’occasion d’accompagner en avril 1648 depuis Paris jusqu’à Dunkerque, avant que le premier, dépêché par le roi, embarque pour la Hollande²⁴. Néanmoins, comme Rantzau, d’Estrades se plaint d’avoir Saint-Quentin comme lieutenant de roi et sollicite son déplacement, précisant même dans une lettre à Mazarin datée du 18 mars, que « plus le roi tardera à le remplacer, plus le service en souffrira »²⁵. À Paris, on reste inflexible : « Pour ce qui est du sieur de Saint-Quentin, il ne faut pas songer à aucun changement à son esgard, mais au contraire à bien vivre et s’accomoder avec luy. C’est S.A.R. [le duc d’Orléans] qui luy a procuré cet établissement, contre l’inclination et l’opposition mesme de monsieur le maréchal de Ramsau, lequel enfin s’estoit en apparence fort bien raccommodé avec ledit sieur de Saint-Quentin, voyant qu’il n’y avoit point d’espérance de l’oster de là »²⁶. Ses relations avec le major de la place, La Prugne, ne sont pas meilleures. Ce dernier refuse d’avoir le moindre rapport avec Saint-Quentin. L’affaire est portée à la cour, au conseil des maréchaux, et le roi enjoint La Prugne de porter les ordres une fois par jour à Saint-Quentin, « jusque dans son logis » (5 août 1649)²⁷. Le 22 avril 1650, ce sont les officiers des gardes qui ne veulent pas lui obéir, alors que Rantzau, finalement reconnu innocent, est sorti de prison²⁸. Nous ne savons pas pour quelle raison Saint-Quentin semble honni de tous. Est-ce son passé frondeur ? Est-il perçu comme une taupe du duc d’Orléans dont il faut toujours se méfier ? Est-ce une façon de montrer leur loyauté à Rantzau ? Le fait de ne pas être destitué comme les autres officiers de Dunkerque peuvent le faire soupçonner d’être à l’origine ou complice de la calomnie sur le maréchal. Quoiqu’il en soit, toujours en place, Saint-Quentin lit le 15 août 1650 au corps échevinal de Dunkerque l’ordonnance royale rétablissant Rantzau en ses charges et dignités, mais le maréchal meurt d’œdèmes généralisés le 14 septembre suivant²⁹.

D’Estrades n’est toujours que commandant à Dunkerque, Mazarin souhaitant conserver cette place comme retraite si les choses devaient mal tourner pour lui. Ayant fait rédiger la commission de gouverneur du comte d’Estrades, il ne la lui donnera pas avant le 22 février 1651. Saint-Quentin, suppléant désigné en cas d’absence du gouverneur, n’est pas envisagé comme gouverneur, mais n’est pas évincé. La protection du duc d’Orléans en est la plus probable raison. Rangé du côté de la reine et du cardinal lors de la prise des princes (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville) l’année précédente (18 janvier 1650), Monsieur avait même envoyé Saint-Quentin accompagné de quelques hommes de confiance au château de Vincennes « garder les environs, avenues et issues, sur un avis qu’il y a de faire sauver le prince de Condé »³⁰.

Dans les tout premiers jours de février 1651, princes et parlementaires s’unissent et le duc d’Orléans rend publique sa rupture avec Mazarin. Le cardinal doit quitter Paris (nuit du 6 au 7 février) et va lui-même au Havre faire libérer Condé, Conti et Longueville espérant, en vain, les rallier à son parti. Peu après le départ de Mazarin, d’Estrades, qui est l’un de ses hommes de confiance, est arrêté. Il est confié à la duchesse de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans, qui le fait détenir aux Tuileries pour bientôt le libérer sur ordre de son père. Dans ses mémoires, la Grande Mademoiselle en fait ce commentaire : « Je trouvai que Monsieur avait bien de la bonté de le laisser aller, car, le retenant, il était maître de Dunkerque, le lieutenant du roi, nommé Saint-Quentin, étant son domestique, homme d’esprit, et qui eut bien servi Son Altesse Royale »³¹.

Le duc d’Orléans appuie désormais les princes frondeurs et envoie encore Saint-Quentin à la tête de ses gardes – il en a été promu lieutenant, ce qui témoigne encore de la pleine confiance de l’oncle du roi –, des officiers du palais d’Orléans et de quelques volontaires du faubourg Saint-Germain, amener les édiles de la ville de Mantes à laisser passer les troupes rebelles commandées par le duc de Nemours³².

C’est sans aucun doute Monsieur qui recommande encore Saint-Quentin, sans réel service ni grande expérience militaires signalés, pour un brevet de maréchal de camp que son protégé obtient le 25 avril 1651³³.

Après la reprise de Dunkerque par les Espagnols, le 16 septembre 1652, Saint-Quentin en sort pour ne plus y revenir.

L’année suivante, Gaston d’Orléans est exilé à Blois par Mazarin et a sans doute moins besoin des services commandés de Saint-Quentin. Il demeure néanmoins attaché à S.A.R. qui l’envoie prendre des nouvelles du roi, gravement malade peu après l’affaire des Dunes (juin 1658)³⁴.

À la fin des années 1650, début des années 1660, Saint-Quentin perd sa première épouse qui ne lui a pas donné d’enfant. Il va se remarier trois fois, trois mariages également stériles. Alors que son protecteur est désormais décédé, par contrats des 31 octobre 1663 puis du 6 août 1665 (probablement postnuptial), Charles épouse une certaine Jeanne de Saint-Quentin que nous n’avons pas su identifier, sans doute une parente³⁵. Trois ans plus tard, par contrat du 29 août 1668, béni le lendemain à Vitry-sur-Seine, il épouse Anne Madeleine Chaliveau, fille de feu François, lieutenant général des eaux et forêts de France, et de Marie Ladvocat³⁶. La Grande Mademoiselle et le cardinal de Retz, ici qualifié d’ami du marié et opposant bien connu à Mazarin, assistent à ce mariage³⁷. Un nouveau contrat sera signé le 29 novembre de la même année, à l’occasion d’une nouvelle donation mutuelle. La mariée y est dite « autorisée par madame Marguerite de Lorraine, duchesse douairière d’Orléans, et Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, souveraine de Dombes, comtesse d’Eu, premier pair de France », et parmi les témoins, on compte encore le cardinal de Retz, Guillaume de Lamoignon, seigneur de Basville, premier président du parlement de Paris, le marquis du Belley, et Charles Potier, seigneur du Blanc-Mesnil³⁸. Madeleine ne devait pas non plus survivre longtemps à son mariage, car, cinq ans plus tard, par contrat signé le 24 juillet 1677, Charles épouse en quatrièmes noces Emmanuelle de Bonvoust, fille de feu Emmanuel Philippe (1600-1648) et de Marguerite de Masparault. Outre ses droits, elle apporte une somme de 30 000 livres tournois³⁹.

Cette fois-ci, c’est Saint-Quentin qui meurt le premier, abandonnant tous ses biens à sa veuve, qui, par contrat de mariage du 11 avril 1680 signé au château de Courbanton, les portera à Gilles Lucas, auparavant « procureur général et promoteur des ordres royaux et militaires de Notre-Dame et de Saint-Lazare » et alors veuf de Renée Nicolay⁴⁰.

Texte 751,

1. Son acte d’inhumation figure sur le registre paroissial de Montrieux-en-Sologne, dans le Loir-et-Cher. – Courbanton, fief et château à Montrieux-en-Sologne. – Son inventaire après décès est du 26 septembre 1679 et se trouve aux Archives nationales, Répertoire des notaires, Étude LXIV, liasse 2. – Charles de Saint-Quentin, devenu seigneur de Courbanton, n’en prendra pas le nom, sans doute par respect pour son prédécesseur, Gaspard du Lac, qui était bien connu dans les mêmes sphères sous le nom de Courbanton et dont il avait épousé la veuve. [↩]
2. Concernant l’origine de Charles de Saint-Quentin, nous avons une hypothèse. Rodolphe Ranchin (1593-1649), docteur régent de la faculté de médecine de Montpellier, fut médecin de Monsieur. En 1634, Ranchin est codonataire avec Charles de Saint-Quentin – curieuse association – d’un droit de tiers et danger accordé par le duc d’Orléans sur ses forêts – voir Louis Gréard et Louis Froland, Mémoires concernant le droit de tiers et danger sur les bois de la province de Normandie, Rouen, 1737, p. 178. Or, les Ranchin sont seigneurs de Saint-Quentin-la-Poterie près d’Uzès, dans le Gard. Notre idée est que Charles pourrait être un fils naturel de Rodolphe Ranchin ou de l’un des nombreux frères aînés, auquel on aurait donné, comme souvent dans ce cas, le nom de leur terre. Cela expliquerait l’apparition du jeune homme dans l’intimité du duc sans autre passé militaire ou féodal, sans famille ni même d’appui explicite dans l’entourage du duc, et visiblement alors sans fortune. [↩]
3. Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Clairambault 816, « Maison des princesses… » f° 451-473, « Estat de la maison de Gaston, duc d’Orléans, frère unique du roi ». – Nous ne le trouvons qualifié gentilhomme de Monsieur pour la première fois le 19 juillet 1634 dans Gréard et Froland, ouvrage cité, page 178, mais il est probable que la nomination était bien antérieure. [↩]
4. Paul Henrard, « Marie de Médicis dans les Pays-Bas, 1631-1638 », Annales de l’Académie d’archéologie de Belgique, vol. XXXI, 3^e série, tome I, Anvers, 1875, p. 296-297. Outre Saint-Quentin, les émissaires sont François de Johanne, seigneur de Saumery et Charles d’Angennes, seigneur du Fargis. [↩]
5. Voir la Déclaration du roy en faveur de Monseigneur le duc d’Orléans, frère unique de Sa Majesté, vérifiée en Parlement le 27^e jour de novembre 1634, Paris, 1634, p. 8 et 9. Le traité d’Écouen a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau, éd., Le Trésor pillé du roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 vol., tome II, p. 245-248. [↩]
6. Gazette du 21 octobre 1634 ; Henrard, ibidem, p. 486-487 ; Michel Le Vassor, Histoire du règne de Louis XIII…, 2^e éd., 10 tomes en 16 volumes, Amsterdam, 1700-1713, tome VIII, 1712, p. 308-309. – Aytona, aujourd’hui Aitona, commune de la province de Lerida, Catalogne, Espagne. [↩]
7. Le Vassor, ibidem. [↩]
8. Marie-Catherine Vignal Souleyreau, éd., « La Raison de guerre » : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éd. L’Harmattan, 2016, p. 9-10 ; Célestin Moreau, éd., Mémoires de Henri de Campion…,2^e éd., Paris, 1857, p. 31 ; Audoin de La Cropte, marquis de Chantérac, éd., Mémoires du mareschal de Bassompierre…, 4 vol., Paris, 1870-1877, tome IV, p. 168-169. [↩]
9. Voir le mémoire de Louis Testu destiné à Léon Bouthillier, comte de Chavigny du 4 mars 1635, archivé au ministère des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, centre de La Courneuve, collection Mémoires et Documents France, vol. DCCCXIII, f° 107-108. Texte 751, translation en ligne. [↩]
10. Robert Lavollée, éditeur des Mémoires du cardinal de Richelieu publiés sous la direction de M. Lacour-Gayet, 10 vol., 1908-1931, tome VII, 1627, Paris, 1926, p. 90, note 4, évoque cette affaire de fausse monnaie au sujet de Jean de Vieux-Pont – qu’il confond avec son frère Henri par ailleurs, mais ne nous donne pas sa source. [↩]
11. La date exacte de la mort de Puylaurens nous est donnée par Guy Patin dans une lettre à Claude Belin, datée de Paris le 4 juillet 1635, archivée dans le « Recueil de lettres originales de Guy Patin, adressées au médecin Belin, de Troyes, et à Charles et Jacob Spon, de Lyon, 1630-1664 », Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Français 9 358, f° 29 r° et v°. [↩]
12. Archives nationales, Archives notariales de Paris, Répertoire des notaires parisien, Étude LXIV, liasse 1 et Minutier central des notaires, Étude CXXII, liasse 1 594, f° 18 et 28. [↩]
13. Voir Alcide Bonneau, éd., Les Confessions de Jean Jacques Bouchard…, Paris, 1881, 258 pages. [↩]
14. Archives nationales, cote Y 179, f° 60 v° et Minutier central des notaires, Étude LXXIII, liasse 349, f° III/C/XXVIII et ibidem, cote L 634, n° 34. [↩]
15. Archives nationales, cote Y 179, f° 282 v° et Répertoire des notaires, Étude CXV, liasse 1. [↩]
16. Archives nationales, Paroisses de Paris, cote L 634, n° 34, pour le contrat de mariage. – Archives nationales, Archives notariales de Paris, Répertoire des notaires parisiens, Étude CXV, liasse 1, pour le contrat de donation mutuelle. [↩]
17. Mazarin avait écrit : « Saint-Quentin et Vieux-Pont pericolosi », voir Adolphe Chéruel, Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, 4 vol., 1879-1880, tome II, Paris, 1879, p. 121, note 1 d’après le huitième carnet de Mazarin, f° 9. Les carnets de Mazarin se trouvent à la BnF, département des Manuscrits, fonds Baluze 174. [↩]
18. Moreau, ibidem, p. 26 ; voir aussi Chéruel ibidem d’après le septième carnet, f° 23. [↩]
19. Pour la commission de Saint-Quentin, voir BnF, Manuscrits, Français 4 174, f° 104. – Charles Constant, éd., Mémoires de Nicolas Goulas, gentilhomme ordinaire de la chambre du duc d’Orléans…, 3 vol., Paris, 1879-1882, tome II, p. 193-194 ; Louis Lemaire, Dunkerque sous la première domination française, 1646-1652 d’après les correspondances des gouverneurs Rantzau et d’Estrades, Dunkerque, 1923, p. 186-187. [↩]
20. Lemaire, ibidem, p. 193. [↩]
21. Lettre du roi du 27 mai 1647 à Saint-Quentin, Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Français 4 175, f° 405. [↩]
22. Louis Lemaire, « La prétendue trahison du maréchal de Rantzau, gouverneur de Dunkerque », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, année 1926, 3^e et 4^e fascicules, n° 2, 1926, p. 286. [↩]
23. Lemaire, Dunkerque sous la première domination française…, p. 230. [↩]
24. Gustave Saige, éd., Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, 2 vol., Paris, 1883-1885, tome I, p. 17. Nota : Saige l’y identifie à tort à Jean-Baptiste François Bigot de Saint-Quentin. [↩]
25. Lemaire, ibidem, p. 230. [↩]
26. Lettre de Le Tellier à d’Estrades du 24 avril 1649, Bibliothèque nationale de France, Clairambault, f° 578-81. [↩]
27. Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Français 4 180, f° 38. [↩]
28. Lemaire, ibidem, p. 273. [↩]
29. Louis Lemaire, « La prétendue trahison du maréchal de Rantzau, gouverneur de Dunkerque », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, année 1926, 3^e et 4^e fascicules, n° 2, 1926, p. 292. [↩]
30. Saige, ibidem, tome I, p. 225. – Les détenus seront envoyés au Havre à l’approche des troupes espagnoles commandées par Turenne avant leur défaite à Rethel, dans les Ardennes, le 15 décembre 1650. [↩]
31. Adolphe Chéruel, éd., Mémoires de M^lle de Montpensier, petite-fille de Henri IV, 4 vol., 1858-1859, tome I, Paris, 1858, p. 299-300. – Domestique doit être lu ici comme appartenant à la maison du duc d’Orléans. [↩]
32. Saige, ibidem, tome II, p. 174. [↩]
33. François Pinard, Chronologie historique-militaire…, 8 vol., Paris, 1760-1778, tome VI, Les lieutenants généraux des armées du roi du 25 juillet 1762 et les maréchaux de camp jusqu’en 1715, 1763, p. 295. [↩]
34. Chéruel, ibidem, tome III, 1859, p. 253. [↩]
35. Voir aux Archives nationales, le Répertoire des notaires, Étude LXXVI, liasse 1, et les Insinuations du Châtelet de Paris, cote Y 207, f° 83. [↩]
36. Le contrat de mariage est aux Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude I, liasse 152, f° 167 v° ; la bénédiction nuptiale est mentionnée sur les registres paroissiaux de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. [↩]
37. Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude I, liasse 152, f° 167 v°. [↩]
38. Archives départementales du Loiret, cote B 2 712, « Registre des insinuations du bailliage de Beaugency ». [↩]
39. Archives nationales, Insinuations du Châtelet de Paris, cote Y 233, f° 422 v°. [↩]
40. Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude I, liasse 152, f° 188. [↩]

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