Notice élaborée par Marie-Catherine Vignal Souleyreau en collaboration avec Christian Joachim, CEMES-CNRS, Toulouse, membre de l’Académie des Sciences et des Belles-Lettres de Toulouse, et avec Serge Ponsonnaille, Entraide Généalogique Midi-Toulousain
Gilles Le Masuyer (ou Le Mazuyer) (v. 1565 – † 10 octobre 1631), est titré « vicomte d’Ambrières, seigneur et baron de Villeneuve », selon un acte notarié du 29 octobre 16311. L’historiographie le présente aussi comme « vicomte d’Ambrières, seigneur d’Assy, Fouilleuse et Poissy »2. Il appartient à une famille originaire de Picardie : il est le fils de Philibert Le Masuyer († octobre 1591), vicomte d’Ambrières, près de Soissons, seigneur de la Grande et Petite Fouilleuse, près de Ruel-en-Parisis, conseiller au parlement de Paris, et de Marie de Guerrier, tous deux inhumés en l’église Saint-Séverin à Paris3.
À la suite de son père, Gilles Le Masuyer exerce d’abord la charge de conseiller au parlement de Paris, en laquelle il est reçu le 7 août 15964. Il est ensuite maître des requêtes de l’hôtel du Roi par lettres du 18 septembre 16035. Vers 1605, il devient intendant de justice6. Il obtient aussi une charge de conseiller du Roi en son conseil d’État, le titre figurant dans les dispositions testamentaires qu’il prend le 29 juin 1630.
Par sa première épouse, née Élisabeth (ou Isabelle) Sevin (ou Sévin), Gilles Le Masuyer est lié aux cercles dévots et à Barbe Acarie : Marie Sevin (1570-1656), sa belle-sœur, veuve de Jacques de Pincé, sieur du Coudray, conseiller du Roi et maître ordinaire en la chambre des Comptes de Paris, en religion Marie de la Trinité, entre, en 1605, comme novice, au monastère de l’Incarnation de Notre Sauveur, ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, au faubourg Saint-Jacques7. Marie de la Trinité est alors formée par les compagnes de sainte Thérèse d’Avila, et entre en contact avec Madame Acarie. Comme l’a indiqué François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Gilles Le Mazuyer est aussi le correspondant de saint Françoise de Sales, évêque de Genève, même si leurs relations ne sont cependant que ténues8. À la fin de l’année 1611, François de Sales se rend en pays de Gex, auprès de « Messieurs Le Masuyer et de Villarnoux, commissaires du Roi »9. Puis le 14 novembre 1612, François de Sales adresse un courrier à Gilles Le Masuyer à propos des lettres de naturalisation de deux curés du pays de Gex auxquelles il souhaiterait voir soustraits deux articles10.
En 1613, Gilles Le Masuyer et Claude Mangot (1566-1624), parent d’Élisabeth et de Marie Sevin11, instruisent le procès de Balthazar Flotte de Montauban (1554-1614), comte de La Roche, baron de Montmaur, gouverneur de Romans en 158712. À cette époque, Marie de Médicis projetait en effet d’envoyer une armée, placée sous les ordres du connétable de Lesdiguières et du comte de La Roche, contre le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie. Or le comte de La Roche a trahi la Régente, et est passé au service du duc de Savoie, qu’il a prévenu du projet. Son chiffre a été découvert, mais seul son agent, Maignat, a été inquiété, arrêté, et roué vif, le 23 mai 1613, à Fontainebleau. Le comte de La Roche aurait bénéficié de la protection de son oncle, le commandeur Antoine de La Roche, homme de confiance de Marie de Médicis, proche du duc de Bellegarde et de Concini13.
Dans le contexte de la prise d’armes, au cours des années 1614-1616, du prince de Condé, mécontent de la politique mise en œuvre par Marie de Médicis à l’instigation de Concini, Poitiers est en proie aux rivalités de multiples factions. Le maire de la ville, Nicolas de Sainte-Marthe, qui a embrassé le parti des Grands, se heurte à l’évêque Henri-Louis Chasteigner de La Rocheposay, qui prône au contraire la nécessaire loyauté à l’égard du pouvoir royal. Convoqué par Marie de Médicis et par Louis XIII à Tours, le prélat sollicite leur intervention pour rétablir l’ordre dans la ville après le « tumulte » du 26 juin 1614, paroxysme des tensions14. Arrivé aux portes de Poitiers, le prince de Condé, malgré le soutien de Nicolas de Sainte-Marthe, s’en est vu refuser l’accès par les habitants de la cité et par le lieutenant criminel Pierre de Brilhac, seigneur de Nouzières. Le prince de sang, ainsi que la famille de Sainte-Marthe, ont dû quitter Poitiers, le sieur des Fontaines-Brochard a endossé les responsabilités de maire par intérim, mais la vacance d’autorité militaire et d’autorité judiciaire ajoutée à l’affaiblissement de la municipalité a déterminé l’appel de l’évêque de Poitiers à l’autorité royale. Alors que Pierre de Brilhac de Nouzières est élu maire de Poitiers, Gilles Le Masuyer se voit à nouveau confier, par commission, la charge d’ « intendant en la justice » à Poitiers pour rétablir l’ordre et arbitrer le conflit entre l’évêque et la famille de Sainte-Marthe. Marie de Médicis et Louis XIII, arrivés sur place en juillet, lui adjoignent Claude Mangot avant de prendre la route de Paris, le 3 août 1614. Alfred Barbier précise que la mission confiée à Gilles Le Masuyer débute dès le mois de juin, et que celle de Claude Mangot, prévoyant notamment le contrôle des travaux exécutés pour rendre le Clain plus navigable, commence le 2 août, avec de nombreuses intermittences au cours des semaines qui suivent15. Les deux hommes quittent ensemble Poitiers, au terme de leur mission, le 2 février 1615, sans toutefois avoir rien résolu des conflits politiques divisant les potentats de la ville.
Le premier août 1615, peu avant son second mariage avec Françoise de Clary, Gilles Le Masuyer obtient l’office de premier président au parlement de Toulouse, par résignation de François de Clary (v. 1550- septembre 1616), son futur beau-père, ayant obtenu des lettres de provision du Roi et versé à François de Clary la somme de 50 000 livres, malgré l’opposition de l’assemblée, heurtée du procédé16. Claude Mangot obtient quant à lui, en janvier 1616, la charge de premier président du Parlement de Bordeaux, tous deux étant promus en récompense du service rendu à Concino Concini et à Louis Dolé au procès de Maignat en 161317.
En 1616-1617, Gilles Le Masuyer intervient dans « l’affaire des Morisques » chassés d’Espagne en 1609, et qui se réfugient en grand nombre au sud du royaume, au sud de la Garonne : Richelieu, secrétaire d’État aux Affaires Étrangères et la Guerre, est, dans ce cadre, en contact épistolaire avec lui18.
Entre la fin novembre 1617 et le 5 janvier 1618, Gilles Le Masuyer se rend à Rouen, en compagnie du Roi19. Il n’est de retour à Toulouse que vers le 8 août 1618. Il instruit alors le procès de Cesare Vanini, aumônier de la garde suisse de François de Bassompierre en 1615, philosophe et naturaliste italien qui cache son identité sous le nom de Pompeïo Usiglio (ou Lucilio) depuis 1616, a gagné Toulouse en 1617, et est, dès cette époque, considéré comme la figure même de l’érudit libertin. Arrété à Toulouse le 2 aout 1618, Vanini est exécuté dans la même ville le 9 février 161920. Gilles le Masuyer en personne a réuni la Grande Chambre et la Chambre criminelle de Toulouse. Il a chargé Guillaume de Catel du réquisitoire d’accusation. En 1635 encore, dans un important document intitulé « Mémoires sur la détention du comte de Cramail, faits le 23 octobre 1635 », Richelieu rappelle au Roi que Gilles Le Masuyer souhaitait instruire le procès du comte de Cramail, comme il l’avait fait de Vanini, indiquant : « le premier président de Toulouze, Mazuyer, luy vouloit faire son procès comme compagnon de Lucile »21.
Au cours de la décennie 1620, Gilles Le Masuyer se distingue par une profonde hostilité vis-à-vis des huguenots et par son rôle d’informateur du cardinal-ministre Richelieu quant à d’éventuels troubles en Languedoc22. En 1626, il est même soupçonné d’avoir dissimulé la paix et l’amnistie générale accordées aux protestants pour pouvoir faire exécuter un agent du duc de Rohan, Campredon23.
En juillet 1627, Richelieu désigne Gilles Le Masuyer pour le représenter à Toulouse, au baptême du fils de Pierre Béraud de Rochechouart, baron de Faudoas, et d’Henriette de Foix, leur cinquième enfant, Armand Jean de Rochechouart, seigneur de Montclar, dont il accepte d’être le parrain24.
En juin 1628, à l’occasion de la translation des reliques de saint Thomas d’Aquin au mausolée érigé en l’église des Jacobins de Toulouse, un conflit de préséance oppose les présidents et conseillers au parlement de la ville conviés à l’événement, à l’archevêque Charles de Montchal, qui a pris la liberté d’occuper le banc de premier rang habituellement réservé aux magistrats, sans – cependant – que le rôle de Gilles Le Masuyer puisse être établi25. Le 18 août suivant, une épidémie de peste se déclare à Toulouse : son implication est en revanche déterminante dans la mise-en-pratique de mesures prophylactiques. Lui-même se réfugie au couvent des chartreux de la ville pour se protéger de la contagion tandis que sa famille quitte la ville.
Il fait partie de la suite de Richelieu, arrivé à Albi le 4 août 1629, puis à Montauban, le 21, pour y promulguer l’édit de grâce d’Alès donné le 28 juin26. Au cours de l’automne, il rend compte du démantèlement des fortifications de Millau, Montauban, et Castres, puis des difficultés rencontrées à Mazères, Revel, Roquecourbe, Saint-Affrique et Saint-Rome-de-Tarn27. C’est Richelieu lui-même qui l’informe du départ en exil du duc de Rohan28. Au cours de la même année, il dénonce encore le manque de zèle de l’évêque de Montauban, Anne de Murviel, à combattre la religion Prétendue Réformée29.
Gilles Le Masuyer exerce sa charge jusqu’à son décès, le 10 octobre 1631, en l’abbaye de la Chartreuse à Toulouse, à la suite de la peste qu’il a contractée au cours d’une nouvelle épidémie. Quelques semaines avant son décès, conscient de son état, il a pris la précaution d’écrire à Richelieu afin de solliciter son intervention auprès de Louis XIII et obtenir « une aide pour ses enfants »30. Il est inhumé, comme il l’avait demandé dans son testament de 1628-1630, en l’église de l’établissement religieux le lendemain de sa mort, alors que son épouse réside au château de Villeneuve, près de Toulouse31. Puis il est remplacé au parlement de Toulouse, le 8 février 1632, par Jean de Bertier de Montrabe. Le magistrat, à l’article de la mort, très attaché à un catholicisme intransigeant, se montre particulièrement soucieux d’assurer d’importants legs à diverses institutions religieuses, comme le montre les actes testamentaires de juin 1630 et octobre 1631.
Gilles Le Masuyer a épousé, en 1599 ou 1600, à Paris, en premières noces, Élisabeth Sevin, dame de Heurteloup, fille de François Sevin, président en la Cour des Aides, et d’Antoinette Le Rebours, sœur de Thierry Sevin († 1627), conseiller au parlement de Paris, et sœur d’une seconde Marie Sevin, épouse de Jean Lescuyer, seigneur d’Oignon, reçu conseiller au parlement de Paris le 26 juin 161432. Élisabeth Sevin décède en 1612 sans enfant de son mariage, et est inhumée en l’église Saint-Séverin aux côtés de ses beaux-parents33. Après son décès, Gilles Le Masuyer entre en conflit avec sa belle-famille à propos de la succession de la défunte, avec la présidente Sevin, et avec Jean Lescuyer34.
Malgré une différence d’âge d’une trentaine d’années, Gilles Le Masuyer, qui n’a pas eu d’enfant de sa première épouse, contracte un second mariage, avec Françoise de Clary (née à la fin de l’année 1597 ou au début de l’année 1598 et décédée le 16 septembre 1649), union à l’occasion de laquelle est rédigé un pacte de mariage le 6 septembre 161535. Françoise de Clary est la fille ainée de François de Clary, seigneur de Ribaute, baron de Montégut, Saint-Paul et Legros36 et de Gabrielle de Guerrier, elle-même héritière de Nicolas de Guerrier († 1606), apothicaire installé dans la capitale languedocienne, ancien capitoul de Toulouse, à qui il laisse une fortune considérable37. Gilles Le Masuyer fait construire, entre 1621 et 1623, un hôtel particulier au n° 5 rue de la Dalbade, à Toulouse, non loin de celui que Nicolas de Guerrier avait acheté à Jean de Dagis et où sa future épouse, enfant, avait résidé, au n° 25 de la rue de la Dalbade38. On peut noter combien la stratégie matrimoniale mise-en-œuvre par Gilles Le Masuyer sert à la fois ses intérêts politiques et ses intérêts financiers.
Dans ses dispositions testamentaires du 29 juin 1630, Gilles Le Masuyer mentionne avoir de son deuxième mariage six enfants, tous mineurs : Louis (v. 1615 – † entre fin 1677 et mai 1678), dit « d’Ambrières »39, dont Louis XIII est le parrain, prieur des Chartreux de Rodez puis de Notre Dame du Glandier ; Gabrielle née le 13 septembre 1617, dont la grand-mère maternelle est la marraine, elle épouse, le 24 novembre 1639, Pierre de Pontac ; Louise-Philiberte, baptisée le 25 novembre 1624 ; Henri, baptisé le 13 août 1628, dont le prince de Condé est le parrain40 ; Marie dite « d’Assy », morte en bas âge ; et une dernière fille, née en 1630, dite « de Folieuse » évoquée dans le testament que rédige son père à cette date, avant qu’elle n’ait été baptisée.
Louise Le Masuyer épouse, le 10 août 1650, Charles de Crugy († 7 septembre 1666), vicomte de Marcillac et de Grèze, neveu de Sylvestre Crugy de Marcillac, évêque de Mende, proche de Richelieu, employé par ce dernier dans l’armée française déployée en Lorraine, en particulier aux destructions des forteresses lorraines jugées dangereuses pour les troupes d’occupation des duchés de Lorraine et de Bar.
Henri, baron de Montaigut (ou Montégut, aujourd’hui Montaigut-sur-Save) en 1678, élevé page de Philippe de France, frère de Lois XIV, accède à la charge de conseiller au parlement de Toulouse puis de procureur général en la même cour de justice. Il bénéficie de l’érection de la terre de Montaigut en marquisat en 168141. Il est le fondateur de la chapelle de Montaigut, Notre-Dame d’Alet, qui accueille ensuite les sépultures de la famille Le Masuyer et où lui-même est inhumé en 168942.
On trouve également trace de deux filles de Gilles Le Masuyer et de Françoise de Clary, dont l’une est peut-être la dernière née, non encore baptisée à la date du 29 juin 1630 : Thérèse et Françoise Le Masuyer43, qui prennent le voile et entrent au couvent des carmélites fondé à Auch, le 14 mars 1630, grâce à une donation de Gilles Le Masuyer, par Marie Sevin religieuse évoquée plus haut, qui est également la fondatrice du Carmel de Lectoure en 1623 puis du Carmel d’Agen en 1628.
Texte 755,
- Archives départementales de Haute-Garonne, registre notarial coté 3E 6267, 360 v°- 403 r°. [↩]
- Selon J. Noulens – pub. -, Documents historiques sur la maison de Galard, Paris, imprimerie de J. Claye, 1871-1876, 4 tomes en 5 volumes, voir au tome 3, p. 757-759 généalogie de la famille Le Masuyer. [↩]
- L’ascendance du Gilles Le Masuyer est donnée par son testament du 27 novembre 1628 modifié le 29 juin 1630, et conservé aux Archives départementale de Haute-Garonne, registre notariale coté 3E 11845. [↩]
- Il est cité comme tel dans un acte du 27 septembre 1597 : voir J. Noulens – pub. -, ibidem. Voir aussi Michel Popoff – pub. -, Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, au tome II, p. 768-769. [↩]
- M. de S. A. [Nicolas Viton de Saint-Allais], Almanach administratif ou chronologie historique des maîtres des requêtes, des audieturs du conseil d’État, des intendants de généralités…, Paris, chez Rosa, 1814, p. 41. [↩]
- Gabriel Hanotaux, Origines de l’institutions des intendants de Provinces d’après les documents inédits, Paris, Champion libraires, 1884, p. 94 note 1. [↩]
- Voir l’accord intervenu en 1605 entre Marie Sevin et son beau-frère Pierre de Pincé, enregistré au Châtelet de Paris, conservé aux Archives nationales, registre des insinuations coté Y 144, f° 386 v°. Voir la notice de l’acte disponible en ligne, consulté le 21/03/2024. Au sujet de Marie Sevin, carmélite, voir Étienne Aignan du Sendat, « Mère Sainte » fondatrice du Carmel d’Auch 1570-1658…, Paris, Le Thielleux, 1930. Voir aussi la Revue de Gascoque, bulletin mensuel de la société historique de Gascogne, tome XXXV, 1894, p. 394, disponible sur Gallica, consultée le 21/03/2024. Élisabeth Sevin aurait eu deux sœurs prénommées Marie : voir ci-dessous. [↩]
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition, tome treizième, Paris, chez Schlesinger frères, 1868, col. 560. [↩]
- Abbé Jean-François Gonthier (éd.), Journal de Saint François de Sales durant son épiscopat, Annecy, imprimerie de J. Niérat, 1894, p. 132. [↩]
- Voir Abbé Migne – publ. -, Œuvres complètes de saint François de Sales évêque et prince de Genève, édition seule complète, tome sixième et dernier, Paris, 1862, col. 961-962. [↩]
- Claude Mangot est en effet le fils de Claude Mangot – † 13 octobre 1587 -, conseiller au parlement de Paris en 1585, et de Geneviève Sevin, elle-même « fille et héritière de Philippe Sevin », seigneur de Villeran, de Dreville, du Moulin et d’Orgères, cousine « à la mode de Bretagne », selon l’expression en usage à cette époque, d’Élisabeth Sevin. Claude Mangot est reçu conseiller au parlement de Paris et commissaire aux Requêtes du Palais le 20 mai 1588, puis maître des requêtes le 1er février 1600. Il est nommé ambassadeur en Suisse grâce à Concini et accède à la charge de 1er président au parlement de Bordeaux le 25 janvier 1616. Surtout, Marie de Médicis le nomme secrétaire d’État aux Affaires Étrangères et à la Guerre, par délégation de Nicolas de Neufville de Villeroy, le 9 août de la même année, puis garde des sceaux le 25 novembre 1616, le double portefeuille précédent passant alors à Richelieu, évêque de Luçon. Concernant Claude Mangot, voir Michel Popoff, ouvrage cité, tome II, p. 744-745, p. 949, p. 1036. [↩]
- Voir le marquis de Chantérac pour la Société de l’Histoire de France – éd. -, Journal de ma vie : mémoires du maréchal de Bassompierre, Paris, veuve de J. Renouard, 1870-1877, 4 volumes, voir au tome 1, p. 347-356. [↩]
- L’affaire ne s’arrête pas là puisqu’en décembre 1613, le comte de La Roche, à la demande du duc de Savoie, attire à Montmaur, près de Lyon, un prêtre italien, dom Theofilo Stefanio, agent secret de Marie de Médicis, à qui il apportait des documents concernant le duc de Savoie. Le comte de La Roche fait assassiner le père Stefanio le 26 décembre 1613 et fait main basse sur ses papiers. Le meurtre est commis à Tarare, par un nommé Craponne et par deux soldats soudoyés. Le comte de La Roche est arrêté et embastillé le 16 février 1614, puis condamné à mort et exécuté en place de grève le 6 août 1614. Concernant son emprisonnement à la Bastille, voir Achille Edmond Halphen (éd.), Journal d’Arnauld d’Andilly, Paris, J. Techener, 1857, p. 7. [↩]
- Concernant l’ensemble de ces événements, voir Alfred Barbier, « Les intendants de province et les commissaires royaux en Poitou de Henri III à Louis XIV », Bulletins et mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1902, p. 293-637 voir p. 387-396, article consulté en ligne le 08/03/2024. [↩]
- Ibidem. Alfred Barbier précise que Claude Mangot est de retour à Poitiers le 20 décembre 1614, et que Gilles Le Masuyer est désigné comme « surintendant en la justice du Poitou » dans une pièce du 30. [↩]
- Voir le mandement entérinant la résignation de l’office de premier président au parlement de Toulouse par François de Clary au profit de Gilles Le Masuyer, intitulé « Don de l’estat et office de premier président en la cour faict en faveur de maistre Gilles Le Mazuer, maistre des requestes de l’hostel, sur la démission dudict office par maistre François de Clary », en date du 1er août 1615, aux Archives départementales de la Haute-Garonne, cote 1B1912. Voir aussi Jean-Baptiste Dubédat, Histoire du parlement de Toulouse, Paris, A. Rousseau, 1885, 2 volumes, t. 2, p. 25-26. Michel Popoff évoque quant à lui « des lettres d’honneur » en date du 30 juin 1615, ouvrage cité, p. 768. [↩]
- Marquis de Chantérac pour la Société de l’Histoire de France (éd.), Journal de ma vie : mémoires du maréchal de Bassompierre, ouvrage cité, p. 355. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome I, p. 333-334. [↩]
- Journal de Robert Arnauld d’Andilly, ouvrage cité, p. 175. [↩]
- Arrêt du Parlement de Toulouse, Archives départementales de Haute-Garonne, cote B 382, 9 février 1619, f°135 bis. Au sujet de Vanini, voir Didier Foucault, Un philosophe libertin dans l’Europe baroque : Giulio Cesare Vanini, 1585-1619, Classiques Garnier, 2023 et Didier Foucault, 1619 : Vanini, un libertin sur le bûcher, Portet-sur-Garonne, Éditions Midi-pyrénéennes, 2018. [↩]
- « Mémoires sur la détention du comte de Cramail, faits le 23 octobre 1635 », dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 330-336, voir la citation p. 333 ; voir aussi l’identification de « Lucile » par Avenel, au tome VIII, p. 122 et p. 511. Antoine Adam précise, en note de l’Historiette consacrée par Gédéon Tallemant des Réaux au comte de Cramail, que « le comte de Cramail a pu le fréquenter [Vanini], soit à Paris, soit à Toulouse, où il faisait de fréquents séjours. Il avait fait du philosophe italien le précepteur d’un de ses neveux. », Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, voir au tome 1, p. 896. Il est à noter que les éléments généalogiques établis ci-dessous grâce au dépouillement des archives départementales de Haute-Garonne permettent d’infirmer l’hypothèse reprise par Avenel – ouvrage cité, tome VIII, p. 122 – selon laquelle Vanini aurait été le précepteur des enfants de Gilles Le Masuyer. [↩]
- Voir l’analyse d’un courrier adressé par Gilles Le Masuyer à Richelieu, de Toulouse, le 18 mai 1624, les instructions que Louis XIII et Richelieu destinent à Clément de Laroque-Bouillac, baron de Saint-Géry, de Paris, le 2 décembre suivant, ou le courrier de Gilles La Masuyer à Richelieu, de Toulouse, le 9 février 1625, dans Pierre Grillon – éd. -, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome I : 1624-1626, Paris, A. Pédone, 1975, p. 75, p. 128-132 et p. 159-160. [↩]
- Pierre Grillon, – éd. -, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 440, note. [↩]
- Richelieu à Pierre Béraud de Rochechouart, baron de Faudoas, 21 juillet 1627, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 516, translation publiée en ligne, texte 755. [↩]
- P. Bernard Montagnes, « La religion civique de Toulouse à Saint Thomas d’Aquin », Mémoires de la Société Archéologiques du Midi de la France, tome LXXI, 2011, p. 197-208. [↩]
- Pierre Grillon – éd. -, ouvrage cité, tome IV, p. 529 et p. 560. [↩]
- Gilles Le Masuyer à Richelieu, le 2 octobre 1629, puis le 9 octobre, de L’Isle-Jourdain, dans Pierre Grillon, – éd. -, ouvrage cité, tome IV, p. 622-623 et p. 636. [↩]
- Richelieu à Gilles Le Masuyer, 1erjuillet 1629, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome III, p. 364-365. [↩]
- Pierre Grillon – éd. -, Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 729. [↩]
- Mention de la lettre de Gilles Le Masuyer à Richelieu, du 4 août 1631, dans Pierre Grillon, – éd. -, Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome VI : 1931, Paris, A. Pédone, 1985, p. 503. Pierre Grillon n’a pas publié cette lettre. Il indique que la mention du document figure dans un inventaire des papiers du cardinal-ministre conservé aux Archives diplomatiques, collection Mémoires et Documents France, volume 252, f° 183 v°. Voir aussi Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 333-334 note. [↩]
- Voir le testament de Gilles Le Masuyer, en date du 29 juin 1630, conservé aux Archives départementale de Haute-Garonne, registre notariale coté 3E 11845, acte de 30 pages non-folioté ; le procès-verbal dressé, à la demande de Françoise de Clary, le 29 octobre 1631, par Pierre Jausiond, notaire à Toulouse, à la suite de la délivrance par Gilles Le Masuyer en octobre 1631, juste avant son décès, d’un brevet de 50 000 livres en faveur du prieur de la Chartreuse de Toulouse (brevet collationné par le notaire toulousain François Poisson), et du changement des dispositions testamentaires antérieures qui en résulte, procès-verbal conservé aux Archives départementales de Haute-Garonne, registre notarial coté 3E 6267, 360 v°- 403 r°. [↩]
- Sur la famille Sevin : Michel Popoff – pub. -, Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, tome II, p. 705 et p. 949. Jean Lescuyer résigne sa charge en 1634. [↩]
- L’information est donnée par le testament de Gilles Le Masuyer, des 27 novembre 1628 et 29 juin 1630. [↩]
- Gilles Le Masuyer évoque les désaccords qui l’opposent à sa première belle-famille dans son testament de juin 1630. Le conflit a pour origine une donation mutuelle entre époux, consentie par Gilles le Masuyer et Élisabeth Sevin, dame de Heurteloup, de leurs biens meubles et immeubles, le 31 octobre 1611. Il est précisé au début de l’acte que Gilles Le Masuyer et Élisabeth Sevin sont alors mariés depuis “onze à douze ans” et “qu’il n’a pas plu à Dieu favoriser leur mariage”. Ils sont domiciliés rue des Blancs-Manteaux. Voir l’acte de donation mutuelle consentie par Gilles Le Masuyer et Élisabeth Sevin, le 31 octobre 1611, conservé aux Archives Nationales, registre des insinuations du Châtelet de Paris 23 mars 1611 – 5 janvier 1612, cote Y 151, f° 351. Malgré les tentatives de conciliations, qui ont nécessité un séjour de Gilles Le Masuyer de six mois à Paris sans résultat, le conflit n’est pas réglé en 1630. [↩]
- Le « pacte » de mariage de Gilles Le Masuyer et Françoise de Clary, en date du 6 septembre 1615, est conservé aux Archives départementales de Haute Garonne, registre notarial coté 3E 6236, f° 489-499. [↩]
- Selon J. Noulens – pub. -, ibidem. [↩]
- Françoise de Clary a une sœur cadette, également prénommée Françoise (1611-1666), qui épouse, en 1629, François II de La Valette, marquis de La Valette, baron de Cornusson, sénéchal du Périgord, dont elle a une fille, Gabrielle de La Valette de Cornusson. Voir Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France…, tome premier, Paris, chez l’Auteur, Artus Bertrand…, 1822, famille de La Valette, p. 45. [↩]
- Michèle Éclache, Demeures toulousaines du XVIIe siècle : sources d’archives – 1600-1630 –, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2006, voir à propos de l’hôtel Le Masuyer, p. 185-199, et à propos de l’hôtel de Clary, ancien hôtel de Bagis, p. 93-117. [↩]
- Voir le testament des 27 novembre 1628 et 29 juin 1630, à la deuxième page v° du document. La mort de Louis Le Masuyer survient entre le chapitre général tenu à la Grande Chartreuse de Toulouse du 17 au 19 mai 1677, et celui qui s’ouvre le 8 mai 1678. Voir les Archives Historiques de la Grande Chartreuse, 7 Gene 15, Necrologium cartusiense, vol. 3, 1641-1800 –Cartade 1678, p. 245. [↩]
- Le prince de Condé témoigne de la confiance qu’il accorde à Gilles Le Masuyer à deux reprises la même année, dans un courrier à Richelieu de Toulouse, le 9 août, puis par un second, de Saint-Pons, le 25 octobre, dans Pierre Grillon – éd. -, Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 421-422 et p. 542-543. Il réitère son propos le 20 juin 1629, dans un troisième courrier à Richelieu, de Castelsarrasin, dans Pierre Grillon – éd.-, ouvrage cité, tome IV, p. 412-415. [↩]
- Voir le Mercure françois, volume 186, septembre 1749, p. 209. Selon J. Noulens, Henri Le Masuyer porte les titres de vicomte d’Ambrières et baron de Villeneuve à l’époque de son mariage, avec Marie-Anne des Plats – ou Desplats -, en référence à leur contrat de mariage en date du 26 novembre 1650. [↩]
- Pascal Julien, « La Vierge de Pitié et le retable majeur de Notre-Dame d’Alet », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, tome LIV, 1994, p. 123-140, voir p. 125 note 8. Revue disponible sur Gallica, consultée le 21/03/2024. [↩]
- Thérèse et Françoise Le Masuyer, carmélites, sont évoquées par leur mère dans le testament qu’elle rédige le 20 août 1649. Le document, sous forme de copie, est conservé aux Archives départementales de Haute-Garonne, la cote 5B38, référencé aux dates de janvier 1683-septembre 1592, f° 546-548, voir au f° 547 r°. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (26 mars 2024). Le Masuyer (Gilles). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w3yd