Alexandre de La Croix († Tigecourt, sept. 1646), sieur de Lachy, en Brie, appartient à la branche cadette d’une maison mieux connue sous le nom de terre de Plancy, en Champagne méridionale¹. Son père, Claude de La Croix, qualifié baron de Plancy et vicomte de Semoine, en dernier lieu premier maître d’hôtel de Marguerite de Valois et gouverneur de Châtillon-sur-Seine, s’était marié deux fois². Alexandre est le puîné de son second mariage tardif avec Marie Balehan³. Alexandre est aussi le grand-oncle d’Henri de Guénégaud, dit du Plessis-Guénégaud, futur marquis de Plancy (par érection de 1656), secrétaire d’État en 1643⁴.

Resté célibataire à notre connaissance, Lachy est un personnage relativement effacé, qui ne s’est pas porté à l’attention des mémorialistes de son temps. Nous le trouvons en 1609 cédant à son frère consanguin Claude des droits successifs puis, en 1614, donataire de sa mère d’une somme fort modique de 1 800 livres et de créances sur Marguerite de Valois⁵. Il ne porte alors aucune qualité autre que sa naissance qui l’amène à se qualifier de chevalier.

Sans pouvoir donner de date précise, la différence d’âge entre les frères consanguins est conséquente, au moins une vingtaine d’années. Claude (III) de La Croix, vicomte de Semoine, chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, avait servi comme premier écuyer de la reine Marguerite de Valois et comme gouverneur de Châtillon-sur-Seine, mais du temps d’Henri IV, et s’était marié quatre fois entre 1588 et 1625⁶. Alexandre est donc davantage contemporain de ses neveux et nièce, en apparence peu impliqués politiquement⁷. Admis dans la maison du duc d’Orléans comme écuyer ordinaire dès 1625, Alexandre de La Croix figure dans cette position sur l’état de la maison de Monsieur en 1627⁸.

Lachy prend part à la rébellion de Monsieur et le suit avec les autres commensaux en Lorraine puis aux Pays-Bas espagnols de fin 1630 à 1632. Il est encore de ceux qui, à la suite de Gaston d’Orléans, iront se joindre au duc de Montmorency et son armée mis en déroute lors du combat de Castelnaudary le 1^er septembre 1632. En revanche, lorsque le frère du roi prend à nouveau la fuite, en dépit des accords de Béziers conclus avec son frère le 29 septembre suivant, Lachy quitte la cour et les desseins de Monsieur. C’est du moins ce qu’il avance en 1634, ajoutant qu’il n’a pas l’intention de retourner auprès du duc, en vue d’obtenir un brevet lui permettant de ne pas être inquiété avec ceux qui continuent de conspirer contre leur roi⁹. 

Nous ne le voyons plus jusqu’au contrat de mariage de son petit-neveu du Plessis-Guénégaud avec Élisabeth de Choiseul-Praslin, fille du maréchal, signé 22 février 1642 et où il se dit encore un peu pompeusement « chevallier ordinaire de monseigneur frère du roy », ce qui laisse penser qu’il a pu, au contraire de ses promesses, retourner à son service¹⁰. Il est également possible qu’il se qualifie ainsi à titre honorifique et qu’il n’ait effectivement plus exercé sa charge depuis.

Texte 750,

Charles-Henri de Sommyèvre

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1. Tigecourt, fief et château à Montmirail, dans la Marne ; Lachy, dans la Marne ; Plancy-l’Abbaye, dans l’Aube. [↩]
2. Semoine, dans l’Aube ; Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or. – En premières noces, Nicolas de La Croix avait épousé Charlotte de Courtenay, dont un fils, Claude, père, entre autres enfants auxquels elle survécut, de Marie, dame du Plessis-Belleville, dans l’Oise, qu’elle porta par mariage en 1604 à Gabriel de Guénégaud. Ces derniers sont les parents du secrétaire d’État Henri du Plessis-Guénégaud. [↩]
3. On trouve toutes sortes de corruptions au patronyme Balehan, mais elle signe bien « Marie Balehan » sur les registres paroissiaux de Saint-Martin de Montmirail. Marie est fille de François Balehan († 1566), seigneur de Tigecourt, Mont-Coupot – écart à Montmirail – et du Plessis-Belleville, avocat en Parlement puis greffier des requêtes du palais, et de Marie Berthélemy. François est lui-même fils d’un riche maître fondeur et marchand-grenetier de Château-Thierry. Leur fortune leur vaut alors de bonnes alliances dans la noblesse. [↩]
4. Claude (III) de La Croix avait épousé par contrat du 25 septembre 1588 Catherine Balehan dame du Plessis-Belleville, veuve de Denis Berthelemy, maître ordinaire en la chambre des comptes. Le contrat se trouve aux Archives nationales, cote Y 131, f° 45 v°. [↩]
5. Voir aux Archives nationales les cote Y 149, f° 123 et Y 155, f° 421 v°, 422 v° et 423. [↩]
6. Voir Louis Le Febvre de Caumartin, Recherche de la noblesse de Champagne, Châlons, 1673, « Généalogie de La Croix, baron de Plancy », le fichier Chandon de Briailles aux Archives départementales de l’Aube, cote, notice « La Croix » et Archives nationales, le Minutier central des notaires, Étude CXXII, liasse 1553, f° LXXIII et Étude XXIII, liasse 115. [↩]
7. Le frère aîné d’Alexandre, issu du même lit, Charles de La Croix, sieur de Tigecourt, ne se marie avec Louise de Champrond que par contrat de 1610, tandis que sa nièce Marie de La Croix avait épousé Gabriel Guénégaud en 1604. Le contrat de mariage de Charles de La Croix se trouve aux Archives nationales, cote Y 150 f° 90. [↩]
8. Caumartin, ibidem ; Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Clairambault 816, « Maison des princesses… » f° 451-473, « Estat de la maison de Gaston, duc d’Orléans, frère unique du roi » ; Eugène Griselle, éd.,Maisons de la Grande Mademoiselle et de Gaston d’Orléans, son père, Paris, 1912, p. 10. [↩]
9. Voir la liste de vingt officiers de Monsieur sollicitant un brevet du roi établie en 1634 par Louis Testu et conservée au ministère des Affaires étrangères, collection Mémoires et Documents France, vol. LCCCXVIII, f° 210-211, translation publiée en ligne,  texte 750. [↩]
10. Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude XC, liasse 65. [↩]