Notice biographique élaborée par Monsieur Charles-Henri de Sommyèvre.

Parmi les différentes familles du nom de Compaing, ceux-ci sont originaires d’Availles, petit bourg du comté de La Marche à la lisière du Poitou, où ils exercent jusqu’au XVI^e siècle l’honorable profession de marchand¹. Louis (II) Compaing († 1668), sieur de l’Étang (olim Lestang), est fils d’un premier Louis Compaing, seigneur de l’Étang (par achat de 1595), anobli par plus de vingt ans d’exercice de la charge de secrétaire du roi (1574-1598), depuis greffier du Conseil privé, enfin greffier au Grand Conseil, et de Claude Chauvelin².

La fratrie de « Louis Compaing de Lestang », qui demeure à Paris, enclos des Bernardins, paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet, se compose d’une sœur, Louise, mariée en 1608 à Paul de Sève († 1642), secrétaire du roi, et au moins deux frères : Jacques († 1644), sieur de la Devinière (à Availles) puis de Lestancourt, mort aide de camp en l’armée du roi en Italie, et Guillaume (1593-1665), ordonné prêtre en 1619, vicaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, disciple d’Adrien Bourdoise (fondateur du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet) dont les trois frères sont les bienfaiteurs³.

Sur résignation de son père, Louis est pourvu le 6 février 1598 de l’office de conseiller notaire et secrétaire du roi, maison et couronne de France et de ses finances, pour en résigner à son tour en 1621. Compaing passe ensuite au service du frère du roi. Il est qualifié par d’Hozier « maître des eaux et forêt de Montléry », mais sans précision de date et nous ne l’avons pas rencontré rappelant cette charge par ailleurs⁴. Charge qui n’a peut-être pas existé sous ce nom, elle n’est en tous cas pas mentionnée comme telle parmi les « offices temporels de Montlhéry » listés par l’abbé Lebeuf dans sa notice très complète sur l’histoire de Montlhéry⁵. Compaing est en revanche porté « capitaine des chasses du duc d’Orléans » sur son contrat de mariage en 1627 avec Catherine Gourreau, fille de Jean, seigneur de la Proustière, conseiller à la cour des aides de Paris, et de Louise Paillot⁶.

Nommé capitaine du château de Limours, en Hurepoix, dès l’acquisition de ce bien appartenant à Richelieu par Gaston d’Orléans le 24 décembre 1626, c’est lui, ainsi qualifié, qui dresse le 8 mars 1627 l’inventaire du mobilier compris dans la cession⁷.

La révolte de Monsieur marque la fin de leur concorde. Lorsque le duc d’Orléans prend la fuite et se réfugie en Lorraine, puis à Bruxelles, Compaing ne le suit pas et demeure au château de Limours qu’il ne compte pas quitter. C’est ce qu’il rappelle en 1634 lorsqu’il sollicite du roi un brevet qui le protège des poursuites encourues par les complices du duc d’Orléans⁸. Que ce soit par sincère fidélité au roi ou par opportunisme, le retour de Monsieur le met bientôt dans une situation inconfortable. En septembre 1635, il est évincé de sa capitainerie et remplacé par Pierre de Gatry, « gentilhomme ordinaire de la chambre de Monseigneur frère unique du roy »⁹.

Au-delà de cette période, n’exerçant aucune charge officielle, Louis Compaing n’apparaît plus que dans la sphère privée. Il avait eu un fils et deux filles. Son fils, Louis (III) est reçu conseiller au parlement de Paris le 3 septembre 1670, mais meurt célibataire deux ans plus tard, le 11 juin 1672, âgé de 27 ans¹⁰. Les filles ont une destinée plus heureuse. L’aînée, Catherine († 1696), est mariée par contrat du 4 février 1648 à Guy Chamillart (1624-1675), leur voisin, enclos des Bernardins, alors avocat général au Grand Conseil (1646), depuis maître des requêtes ordinaire du roi (1662), enfin son commissaire en la généralité de Caen (1665), fils de Pierre, avocat au parlement de Paris, et de Perpétue Poupardin¹¹. Guy et Catherine sont les parents de Michel Chamillart (1652-1721), futur contrôleur général des finances et secrétaire d’État à la Guerre¹². Cette alliance fait de Compaing, de petite noblesse, déjà parent de Claude Le Peletier (1631-1711), contrôleur général des finances, dont la grand-mère paternelle était née Chauvelin, l’aïeul de personnages illustres comme le marquis de Dreux-Brézé, le duc de La Feuillade et le duc de Lorges. La seconde fille de Louis, Élisabeth Compaing († 1661), est mariée deux fois¹³. En premières noces, elle épouse Michel Goussault (1628-1651/1654), seigneur de Fromentières en Champagne, fils d’Antoine (1584-1634), président en la chambre des comptes de Paris, et de Geneviève Fayet († 1639). Veuve, Élisabeth se remarie par contrat du 12 février 1657 à Jean Le Rebours († 1680), seigneur de Prunelé, maître ordinaire des comptes à Paris, troisième fils d’Alexandre, président à la Cour des aides, conseiller d’État, et de Marie Pajot¹⁴. Ils n’auront qu’une seule fille, Élisabeth Thérèse Le Rebours, mariée à son cousin-germain, Michel Chamillart, évoqué plus haut.

Texte 750,

Charles-Henri de Sommyèvre

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1. Leur origine a pu être indiscutablement établie en rapprochant la notice « Compaing de La Tour Girard », dans le Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou d’Henri Beauchet-Filleau, – page 584 de la seconde édition en 4 volumes, Paris, 1891-1903, tome II, 1895 – et les actes évoqués ici issus des Archives nationales. Ainsi, l’auteur des tableaux des Dossiers bleus 207, dossier « Compaing, 27-33 » – BnF, Manuscrits, Français 29 752 –, ou l’auteur anonyme de la Généalogie de la famille Compaing, Compain et Compin, de 1305 à 1863 – Chalon-sur-Saône, 1865, p. 10 à 12 –, et bien d’autres après eux, se sont trompés en les rattachant aux Compaing de Lyon et d’Orléans dont la noblesse était plus ancienne. – Availles, aujourd’hui Availles-Limouzine, dans le département de la Vienne. [↩]
2. L’inventaire après décès de Louis II Compaing est aux Archives départementales de l’Essonne, cote 79 J 42 9. – Le fief de l’Étang, à ne pas confondre avec l’Étang-la-Ville près de Marly-le-Roi –, appartenait à la paroisse de Garches et se situait entre cette dernière et Marnes-la-Coquette, dans les Hauts-de-Seine. C’est l’un des fiefs qui constituera le domaine de Villeneuve-l’Étang acquis plus tard par Napoléon III. L’Inventaire analytique des Hommages rendus à chambre de France, 3 vol., 1932-1945, publiés par les Archives nationales, tome I, Paris, 1932, page 76, n° 862, qui rapporte l’achat de 1595, est fautif quant à l’identification de l’Étang. Voir aussi Arthur de Boislisle, éd., Mémoires du duc de Saint-Simon, 45 vol., Paris, 1879-1930, tome VIII, p. 5, note 3. – Pour l’office de secrétaire du roi des deux Louis Compaing, père et fils, voir Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la Grande Chancelerie de France…, Paris, 1710, p. 179, 255 et 335. – La qualification de greffier du Conseil privé du roi de Louis I^er, citée en 1587, est mentionnée par Michel Félibien, édité par Guy Alexis Lobineau, dans son Histoire de la ville de Paris en 5 volumes, Paris, 1725, tome III, pages 764-765, tandis que celle de greffier au Grand Conseil, citée en 1606, est évoquée par Gustave Chaix d’Est-Ange, dans son Dictionnaire des familles françaises anciennes et notables à la fin du XIX^e siècle, 20 vol., 1903-1929, tome XI, Évreux, 1912, page 288. – Le contrat de mariage entre Louis I^er Compaing et « Claude Chauvelin, fille de défunt Toussaint Chauvelin, procureur en Parlement et procureur général de la reine-mère, et Marie Malingre, sa veuve », est du 4 juillet 1574 et se trouve aux Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude XXXIII, liasse 208. – Pour les Chauvelin, voir l’inventaire après décès du 9 mars 1609 de « Jacques Chauvelin, receveur et payeur du fait et dépens de ses écuries, sieur de Luzeret, et de feue Cécile Boyer sa femme », et différentes autres pièces utiles aux Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude XVIII, liasse 213. [↩]
3. Pour Louise Compaing et Paul de Sève, voir, entre autres, leur contrat de mariage aux Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude XVIII, liasse 146. – Pour Jacques et Guillaume Compaing, voir, entre autres, aux Archives nationales, notamment le Minutier central des notaires, Étude XVIII, liasse 149, f° VI/C/XXIX et liasse 183, Étude CXXII, liasse 1636, f° 96, XVII/XIIII, ainsi que les cotes Y 169, f° 195, Y 185 f° 426 et Y 192, f° 478 v° ; voir aussi l’abbé Pierre Schoenher, Histoire du séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet, 1612-1908, 2 vol. Paris-Lille, 1909-1911, tome I, p. 62-65. – Nous n’avons pas su identifier Lestancourt, peut-être Létancourt, fief situé sur l’actuelle commune de Cocherel, en Seine-et-Marne, peut-être une portion du fief de l’Étang ? [↩]
4. Jean-François d’Hozier, « Recueil alphabétique de notices et armoiries des présidents, conseillers, etc., du parlement de Paris », 4 vol., tome II, Les Conseillers, notice Chamillart – BnF, Manuscrits, Français 7 554, f° 655-656. – Le comté de Montlhéry appartenait alors au duc d’Orléans. [↩]
5. Abbé Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, réédition en 5 vol., Paris, 1883, tome IV, p. 116. [↩]
6. Le contrat de mariage se trouve aux Archives départementales de l’Essonne, cote 79 J 42 9. – Pour les Gourreau voir les Notices historiques, généalogiques et héraldiques sur la famille de Hénin de Cuvillers…, Paris, 1789, p. 141, note 1. Nota : la partie concernant les Compaing est fautive. – La Proustière, fief à Chemillé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire. [↩]
7. Abbé Gustave Esnault, « Inventaire des meubles du château de Limours en 1626 », Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Archéologie…, année 1883, n° 1, Paris, 1883, p. 206-219. [↩]
8. Voir la liste de vingt officiers de Monsieur sollicitant un brevet du roi, établie en 1634 par Louis Testu, conservée au ministère des Affaires étrangères, coll. Mémoires et Documents France, vol. 811, f° 210-211, translation publiée en ligne, texte 750. [↩]
9. Esnault, ibidem, p. 219. [↩]
10. D’Hozier, ibidem, notice « Compain », f° 804-805 ; Chaix d’Est-Ange, ibidem. [↩]
11. Le contrat de mariage de Catherine Compaing avec Guy Chamillart, se trouve Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude CXXII, liasse 452, f° 74. Voir aussi le père Anselme de Sainte-Marie et Pol Potier de Courcy, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France…, 9 vol., 1726-1733, et 2 vol., Paris, 1884-1890, tome IX, première partie, 1884, p. 423. [↩]
12. Voir Potier de Courcy, ibidem ; l’abbé Gustave Esnault, Michel Chamillart, contrôleur général des finances et secrétaire d’État de la guerre…, 2 vol., 1884, tome I, Le Mans, p. VI, note 1 ; Boislisle, ibidem. [↩]
13. Son inventaire après décès du 13 mai 1661 se trouve aux Archives nationales, Minutier central des notaires, Étude LI, liasse 350. [↩]
14. Voir aux Archives nationales, Registres des tutelles, cote Y 3 947 B. – Prunelé ou Prunelay, fief à Plailly, département de l’Oise. [↩]