Jean de Nettancourt-Vaubecourt à Richelieu, Verdun, 20 mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 153. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 221-222.

Monseigneur,

La semonce que M. le maréchal d’Effiat m’a fait de le suivre dans l’armée du Roi pour y faire ma charge de maréchal de camp eut été aussitôt exécutée que commandée si ma santé me l’eut pu permettre, car je fus attaqué de la goutte à son arrivée, et sur le retour d’une maladie de laquelle les médecins m’avaient condamné. Cela, Monseigneur, m’a donné loisir d’envoyer au Roi et de vous pour avoir une lettre de commandement de sortir d’ici, quoique je n’en eusse point fait de difficulté sur la parole de mondit sieur le maréchal. Mais puisque ma maladie m’en a donné le temps, j’ai cru qu’il n’était point mal à propos d’en avoir une pour ma décharge.

Et le principal sujet du voyage de ce porteur, c’est la supplication très humble que je vous réitère de me vouloir faire donner la lieutenance du Roi dans la ville citadelle de Verdun et pays verdunois.

Vous savez, Monseigneur, les services que j’ai rendu à la prise de ladite citadelle, et à faire parler des principaux témoins qui n’eussent jamais ouvert la bouche pour déposer contre feu M. de Marillac sans mon appui et mon entremise. Je confesse que tout cela, ce n’est que faire mon devoir, mais néanmoins je ne tiens pas le service si petit qu’il ne mérite d’être reconnu, car je ne puis sortir d’ici qu’avec honte sans espérance d’y rentrer avec charge. Je borne toutefois mes prétentions au jugement que vous donnerez sur ma demande. Mais souvenez-vous, Monseigneur, que n’y mettrez jamais personne sur qui vous ayez plus de pouvoir que sur moi. Vous en tirerez des preuves véritables, toutes et quantes fois que vous me ferez l’honneur de me commander ou que les occasions se présenteront de vous témoigner que je suis et serai toute ma vie, Monseigneur, votre très humble, très fidèle et très obéissant serviteur, 

de Nettancourt Vaubecourt

À Verdun, ce 20 mai 1632

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