Charles Grille, seigneur de Robiac et d’Estoublon, à Richelieu, Arles, 26 mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1702, f^° 52-53. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 235.

Monseigneur,

Après avoir osé réclamer votre bonté pour le bien de la ville d’Arles, sachant que vous êtes né pour le bien public, je fais encore passer maintenant mes très humbles supplications jusqu’à votre grandeur pour le salut de cette province affligée, laquelle ne saurait plus nourrir tant de troupes, et qui en vérité n’en a plus de besoin, ni pour ses naturels habitants, ni pour la descente des Étrangers qu’on menace, tant la réputation et valeur de Monsieur le maréchal [de Vitry] l’assurent de toute part. Je suis obligé, Monseigneur, de lui rendre ce témoignage d’une fidélité si nette, et de l’entière confiance que la noblesse et les villes ont de sa seule présence. On ne désirerait ici, en sa prudente conduite, qu’un peu davantage de communication et de caresses à M. de La Potherie, de qui les peines et les services méritent plus de reconnaissance. D’ailleurs, ses frayeurs nous scandalisent et nuisent au service du Roi, car tel approcherait M. l’intendant, pour lui porter de bons et salutaires avis, qui ne l’ose bonnement, voyant les mines d’une plus grande puissance.

Je ne sais, Monseigneur, si j’ai point encore trouvé là une pierre d’achoppement, tant y a qu’on ne m’y regarde qu’à regret. Bien qu’ayant l’honneur d’être la très particulière et fidèle créature de Votre Grandeur, je dusse par ce biais lui paraître agréable. Mais je prendrai patience en ceste injuste disgrâce, pourvu, Monseigneur, que vous ne dédaigniez jamais de me permettre l’avantage et le nom de, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,

Estoublong, d’Arles.

Ce <26> mai

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