Anne Mangot, seigneur de Villarceaux, à Richelieu, Bar-le-Duc, 27 août 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 25, f° 417-418. Original autographe. Suscription au f° 418 v° : « à Monseigneur ». Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 402-403 ; et par Ferdinand Des Robert, Campagnes de Charles IV, duc de Lorraine et de Bar, en Allemagne, en Lorraine et en Franche-Comté (1634-1638) d’après des documents inédits tirés des archives du Ministère des affaires étrangères, Paris, Honoré Champion et Nancy, Sidot frère, 1883, p. 496-497. 

Monseigneur,

Cette province qui a été si longtemps troublée et reçu diverses agitations en cette année s’en va, s’il plaît à Dieu, bientôt délivrée, puisque les grandes forces qui y sont envoyées de diverses provinces du royaume surmonteront sans doute celle des ennemis. La noblesse de Normandie est très leste, très bien armée et en bon état de combattre. M. de Longueville est à la tête, qui est parti le matin pour coucher à Ligny [-en-Barrois]. M. Marion m’écrivit hier de Longwy que Offlance, Maillard et Mercy¹ faisaient leur assemblée auprès du château de Mercy et qu’ils ont reçu commandement par un gentilhomme du duc Charles, nommé Salin, de l’aller joindre avec leurs troupes. J’ai donné cet avis à M. le vicomte d’Arpajon. Clinchamp² a paru du côté de Vaucouleurs avec 400 chevaux. On avait lieu jusqu’à cette heure que c’était Jean de Vert, qui s’était détaché de l’armée avec 3000 ou 4000 chevaux pour s’opposer au passage de nos troupes. 

J’ai reçu peu de satisfaction de ce qui s’est passé à Saint-Mihiel. Les habitants et ceux du Parlement ne se peuvent excuser d’une grande et manifeste connivence contre le service du Roi qui mérite châtiment, ou général, ou particulier. Ils n’avaient qu’à fermer les barrières. Les voleurs qui y sont entrés en auraient été repoussés et étant entrés, ils pouvaient aisément être taillés en pièces.

M. d’Angoulême m’écrit qu’il mande à Votre Éminence les considérations sur le rasement du château de Laimont³ qu’il estime que vous recevrez et me pris d’en surseoir la démolition, ce que je n’ai point fait. Il y travaille au rasement tous les jours 60 que maçons, charpentiers, couvreurs et manœuvres. 

Le grand convoi de 1200 ou 1500 charrettes est parti ce matin avec le corps des troupes. Voilà, Monseigneur, ce que je puis mander à Votre Éminence sur l’état des affaires présentes. Je suis à l’extrémité, Monseigneur, de Votre Éminence, très humble, très obéissant serviteur,

Mangot

De Bar, le 27, matin, du mois d’août 1635

1. François de Mercy ou son frère, Gaspard de Mercy. [↩]
2. Africain de Mailly, baron de Clinchamp, ou son fils, Charles de Mailly. [↩]
3. Propriété de François de Savigny; seigneur de Laimont. [↩]

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