Pierre César du Cambout (1613-1641), marquis de Coislin (ou « Coaslin » selon une orthographe fréquente au XVII^e siècle), est le fils de Charles du Cambout de Coislin, baron de Pontchâteau, cousin germain de Richelieu, et de Philippe de Beurges. Il embrasse, comme son père, la carrière des armes, et commande avec lui au château de Brest, dont les fortifications doivent être restaurées, en 1634. Il accède au grade de « lieutenant général des armées du Roi, colonel général des Suisses et des Grisons »¹, en avril 1635, sur la démission du maréchal de Bassompierre.

Il est alors envoyé en Haute-Italie par Richelieu, bientôt suivi de Michel Particelli d’Hémery (celui-ci en qualité d’ambassadeur ordinaire du roi de France à Turin), pour négocier le projet d’une ligue italienne et s’opposer à l’influence espagnole en Milanais. Parallèlement, Pomponne de Bellièvre, Gaspard Coignet, seigneur de La Thuillerie, ambassadeur à Venise, Louis de Briançon, seigneur de La Saludie, chargé de mission auprès des cantons suisses, de Venise, Florence et Parme, Nicolas Bachelier, seigneur de Coucy, résident français à Mantoue, sont également mis à contribution².

Soucieux d’acquérir les compétences nécessaires au service du Roi et aux responsabilités que pourrait lui confier Richelieu, il sollicite du cardinal de La Valette l’autorisation de se rendre au siège de Landrecies fin juin ou début juillet 1637³.

Le 10 novembre, il assiste, en compagnie de Guillaume Bautru et du chevalier Charles de Pechpeyrou-Comminges de Guitaut, à la messe donnée à Notre-Dame en hommage au duc de Savoie, décédé, au cours de laquelle tous trois reconnaissent Anne d’Autriche, venue « incognita »⁴.  

Au cours de l’été 1639, il sert dans les Ardennes, aux côtés du marquis de La Meilleraye, et se signale par son courage lors des engagements⁵.

Il trouve la mort lors du siège d’Aire-sur-la-Lys, engagé par l’armée du marquis de La Meilleraye, le 28 juillet 1641. Richelieu se montre particulièrement touché de son décès. Le 4 août, dans une lettre au prince de Condé, il évoque « la perte que j’ay faicte de Monsieur le marquis de Coislin, dont je suis tellement affligé que je ne vous en saurois dire davantage »⁶.  

Promis à Charlotte de Kerveno en 1632, César du Cambout de Coislin a finalement épousé, le 5 février 1634, Marie Madeleine Séguier (1618-1710), fille aînée de Pierre Séguier, garde des sceaux puis chancelier, et de Madeleine Fabry.

Voir aussi Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, Bâle, chez Jean-Louis Brandmuller, 1740, 6 volumes, tome II, p. 533-534 ;

Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 507 et 509 concernant les fiançailles du marquis de Coislin et de Marie Madeleine Séguier, et t. IV p. 719 concernant le brevet de colonel général des Suisses et des Grisons.

Textes 201, 650, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 539 [↩]
2. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 28-34 ; Anna Blum, La diplomatie de la France en Italie du nord au temps de Richelieu et de Mazarin, Paris, éditions Classique Garnier, 2014, p. 35-59. [↩]
3. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. V, p. 1042. [↩]
4. Guillaume Bautru au cardinal de La Valette, 11 novembre 1637, translation publiée en ligne, texte 650. [↩]
5. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, t. VI, p. 466. [↩]
6. Richelieu au prince de Condé, de Mézières, le 4 août 1641, Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, t. VI, p. 850 ; voir aussi Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, t. VII, p. 292 qui mentionne un courrier du cardinal-ministre à Claude Bouthillier où il exprime son affliction. [↩]