René Augier (v. 1600 – v. 1670) est un huguenot français, luthiste de profession, passé en Angleterre au service d’Edward Herbert. Lorsque ce dernier devient ambassadeur ordinaire du roi Jacques Ier en France (1619-1621), René Augier l’accompagne à Paris1. Le diplomate en fait son secrétaire de langue française et lui confie la mise-en-forme de ses dépêches diplomatiques.
Il alterne ensuite les fonctions de secrétaire avec celles de chargé d’affaires puis d’agent, en l’absence de diplomate anglais à la cour du roi de France.
L’historienne Madeleine Haehl indique aussi que René Augier est accrédité comme résident français à Londres en 16292.
René Augier est introduit comme agent du roi Jacques Ier auprès de Louis XIII, en compagnie d’Henri de Vic, en février 1630, par Thomas Edmondes, ambassadeur d’Angleterre en France en 1629-1630.
En juin 1632, à la mort d’Isaac Wake, ambassadeur de Charles Ier à Paris depuis 1631, René Augier assure par intérim, en compagnie d’Henri de Vic, la représentation diplomatique du roi d’Angleterre à Paris, jusqu’à l’arrivée, en août 1635, du nouvel ambassadeur ordinaire nommé par Charles Ier, le vicomte Scudamore3.
Un membre de l’entourage de Marie de Médicis, Jourdain, fournit en 1632 à René Augier, ainsi qu’au père Matthieu Dolé, premier lecteur et docteur en théologie au couvent des cordeliers de Paris, la preuve matérielle d’un complot ourdi contre Richelieu, un poignard. René Augier et Matthieu Dolé en réfère au chevalier du guet, et à son auxiliaire, Bonnefoy, tandis que Michel de Clausel évoque également auprès du cardinal-ministre l’attentat en préparation4.
Il se compromet pourtant, en compagnie de Walter Montaigu et du comte de Holland, dans la conspiration orchestrée par la duchesse de Chevreuse et le marquis de Châteauneuf, afin d’écarter le grand trésorier Richard Weston et d’obtenir la nomination de François de Rochechouart, dit le chevalier de Jars, comme ambassadeur de France à Londres en remplacement du marquis de Fontenay-Mareuil. Le complot visait également à organiser la fuite de Marie de Médicis en Angleterre5. Le chevalier de Jars, ainsi que le marquis de Châteauneuf, sont arrêtés au début de l’année 1633. René Augier n’est pas inquiété.
À l’époque de l’entrée de la France en guerre ouverte, il entretient, depuis Paris, une correspondance suivie avec un autre diplomate au service du roi d’Angleterre, Balthazar Gerbier d’Ouvilly, interceptée sur ordre d’Arnould de Nouveau, et transmise à Richelieu6.
En 1638, il est amené à prendre position dans le conflit politique qui oppose le vicomte de Scudamore, favorable à une alliance offensive et défensive avec le roi de France et les Provinces-Unies, au comte de Leicester, ambassadeur extraordinaire du souverain Stuart, méfiant à l’égard de Paris : René Augier prend parti pour le premier, tandis qu’Henri de Vic se détermine pour le second.
René Augier conserve ses responsabilités d’agent diplomatique jusqu’au mois de mai 1640.
Il est par la suite lui-même ambassadeur ordinaire du roi d’Angleterre à Paris de 1644 à 1651, même si son statut n’est admis par la régente qu’en 1647, puis simple agent en 1655-1656.
René Augier a épousé Jeanne Fourré, fille de Paul Fourré, marchand londonien. Sa sœur, Marguerite Augier, épouse François Bouchiel, sieur de Ranville, tandis que son frère, frère Etienne Augier, réside à Montbrun en Dauphiné7.
Voir aussi Maxim Boyko, Jeux de rois : France et Angleterre à l’heure de l’absolutisme naissant (1610-1642), thèse de doctorat d’Histoire, sous la direction de Denis Crouzet et d’Olivier Christin, Sorbonne Université et Université de Neuchâtel, soutenue le 25 novembre 2023, p. 47, 103, 346-347, 372, 375, 406.
- Maxim Boyko, Jeux de rois : France et Angleterre à l’heure de l’absolutisme naissant (1610-1642), thèse de doctorat d’Histoire, sous la direction de Denis Crouzet et d’Olivier Christin, Sorbonne Université et Université de Neuchâtel, soutenue le 25 novembre 2023, p. 394. [↩]
- Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 280. Edward Herbert a écrit à propos de René Augier qu’il « fut plus tard agent du roi de France », dans Maxim Boyko, Jeux de rois : France et Angleterre à l’heure de l’absolutisme naissant (1610-1642), thèse citée, p. 394 note 198. [↩]
- Ian Atherton, Ambition and failure in Stuart England : The Career of John, First Viscount Scudamore, Manchester, Manchester University Press, 1999, p. 179 ; voir aussi la lettre d’Henri de Vic, du début juin 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 285-286. [↩]
- Voir Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne, dir. Lucien Bély, 2011, p. 515, 751-752, qui donne la transcription d’un mémoire du père Dolé à Richelieu, du 23 janvier 1632, à ce propos, d’après l’original autographe conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 22 ; et voir aussi le courrier que Michel de Clausel adresse à Richelieu, de Paris, le 7 janvier 1632, dansMarie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, ouvrage cité, p. 63-64, translation publiée en ligne, texte 39 ; on trouve encore le rapport d’enquête de Bonnefoy, transmis au cardinal-ministre, sur l’ordre de Louis Testu, vers le 23 janvier 1632, au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 24-25. [↩]
- Sophie Guérinot-Nawrocky, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse citée, p. 129 ; Déclaration du chevalier de Jars, 25 mars 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la Lorraine : correspondance, 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 153-155. [↩]
- Voir le courrier de René Augier à Balthazar Gerbier d’Ouvilly, du 25 mai, translation publiée en ligne, texte 798 ; le courrier de Balthazar Gerbier d’Ouvilly à René Augier et à Henri de Vic, du 25 mai 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, ouvrage cité, p. 257-258 ; les courriers de René Augier à Balthazar Gerbier d’Ouvilly, de Paris, 2 juin 1635, puis 8 juin 1635, ibidem, p. 284-285, p. 298-300 ; et la copie d’une lettre, qui est probablement, adressé à René Augier, du 15 juin, ibidem, p. 309-310. On trouve ainsi des lettres de Gerbier à René Augier au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Pays-Bas, volume 12, qui concerne année 1637. [↩]
- Maxim Boyko, thèse citée, p. 388 note 167. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (21 avril 2024). Augier (René). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w92n