Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d’Effiat, à Richelieu, 7 juin 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f^° 362-363. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 253-254.

Monseigneur,

J’écrivis hier à M. Bouthillier pour savoir si votre approche, et les propositions que vous avez déjà faites au sieur de Ville de Clermont [-en-Argonne] et de Stenay, ne changeaient rien en notre procédure. Et s’il n’était point à présent trop tard de convier M. de Lorraine d’exécuter son traité¹, puisque vous avez passé si avant et que la proposition du traité n’était que pour entrer en la matière où vous êtes déjà, pour avoir les sûretés que M. de Lorraine doit donner, et savoir aussi, si devant que tourner la tête de ce côté-là, il ne faut pas achever l’affaire de Philippsbourg. 

Pour nous préparer à tous les deux, nous marchons droit à La Petite-Pierre, pour nous rendre à une journée de Strasbourg, afin que par les bateaux que nous y pourrons prendre nous puissions, en une journée, faire passer les autres mille hommes et cent chevaux sûrement. Mais s’il faut, suivant votre instruction, tirer ces autres mille hommes et cent chevaux des compagnies, cela nous donnera bien de la peine, ayant fallu user de grande violence pour ceux de La Saludie. Et je crois qu’il serait meilleur de prendre un régiment entier et deux cornettes de cavalerie, jusqu’à tant que celui qui sera entré dans la place en fasse lever à sa mode, aux lieux où nous avons plus d’amis. 

En toutes façons, vous nous ferrez, s’il vous plaît, savoir les volontés du Roi et nous enverrez des commissions en blanc, comme celles de La Saludie, car nous n’en avons point encore reçues. Nous attendrons donc là-dessus vos commandements, nous acheminant toujours aux lieux les plus commodes sans rien gâter, croyant que puisque la négociation est entre vos mains, nous n’avons plus qu’à frapper, si les choses ne s’accommodent , dès que nous aurons eu les volontés de Sa Majesté, qui ne nous peuvent trop tôt venir, les attendant avec impatience afin de faire voir ce que nous devons à son service et en mon particulier à l’honneur de vos commandements, étant, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, 

d’Effiat

À <…>, le 7^e juin 1632

1. Le traité de Vic, signé par le duc de Lorraine et le roi de France le 6 janvier précédent. [↩]

---

---