Les États de Bretagne à Richelieu, Nantes, 12 juin 1632.
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, registre des États de Bretagne, C 2652, f° 444. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 259-260.
Les gens des États de Bretagne : charge pour remercier M. le cardinal de Richelieu de ses soins pour étendre le commerce.
Les gens des trois états du pays et duché de Bretagne, convoqués et assemblés par autorité du Roi en la ville de Nantes, délibèrent sur ce qui leur a été proposé par noble homme Jean de Bruc, sieur de La Grée, leur procureur-syndic général, que Monseigneur le cardinal avait dit à MM. leurs députés en cour, lors de leur départ, que le soin qu’il apportait pour nettoyer les côtes de ladite province de corsaires était presqu’inutile, d’autant que les garde-côtes qu’il avait établis pour la sûreté de ladite province se plaignaient de ce qu’ayant pris grande quantité de pirates, et les voulant mettre ès prisons entre les mains des juges de ladite province pour être punis, les portes desdites prisons leur sont refusées. Et les juges négligent de les faire punir. À quoi s’il n’est pourvu, il est impossible de nettoyer ladite côte, et remédier aux plaintes que font les marchands desdites pirateries qui s’exercent sur la mer, et d’autant qu’il est extrêmement nécessaire de pourvoir à ce que lesdits capitaines et garde-côtes fassent soigneusement leur devoir. Il est à propos de rendre très humbles grâces à Monditseigneur le Cardinal du soin qu’il lui plaît prendre de la sûreté du commerce dudit pays, et outre de députer des trois ordres, pour s’assembler et aviser des voies plus commodes pour pourvoir auxdites plaintes, et faire en sorte qu’il ne fût pas imputé à ladite province que par la faute des officiers d’icelle, le commerce ne fût libre.
Ouï le rapport des députés de cette fin, et sur le tout délibéré, lesdits sieurs des États ont donné charge à MM. leurs députés qu’ils nommeront pour aller en cour et procureur-syndic général de rendre grâces très humbles à Monditseigneur le Cardinal de l’affection qu’il lui plait témoigner journellement au bien et soulagement de cette province, et du soin qu’il a agréable de prendre pour y faciliter le commerce, et chasser les pirates de la côte d’icelle, et arrêté que les seigneurs des terres, en l’étendue desquelles lesdits pirates seront amenés, après avoir été pris à la mer, seront priés de faire faire escorte à ceux qui les conduiront, jusqu’aux prochaines barres royales, pour y être leur procès fait et parfait par les juges d’icelles, suivant les ordonnances et arrêtés.
Fait en ladite assemblée, le douzième juin mille six cent trente deux
Cospéan, évêque de Nantes
Henry de Gondy de Retz [Henri de Gondi de Retz]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (1 mai 2024). Texte 810, année 1632, 12 juin, les États de Bretagne à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/10sis