Charles de Livron, marquis de Bourbonne, à Richelieu, 15 juin 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 197-198. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 265.

Monseigneur,

Je vous renvoie La Brosse pour vous rendre compte du passage de Monsieur [le duc d’Orléans], qui est à ce soir à Lux¹, et demain doit aller ès environs de Dijon², et dit qu’il veut faire contribuer la Bourgogne et brûler les terres de ceux qui ont jugé le maréchal de Marillac. Je sais par personne que je crois véritable qu’il mis en résolution s’il irait droit à Paris, mais que l’on l’en divertit, parce que si le Roi mandait qu’on l’arrêtât, qu’assurément on l’arrêterait, comme j’en ai ouï parler. Il ne sait où aller. Les troupes que l’Infante [des Pays-Bas espagnols, Isabelle Claire Eugénie] lui a donné ont ordre de se retirer sitôt qu’ils l’auront mis en lieu de sûreté. Je n’ai su apprendre où était ce lieu de sûreté. Je crois qu’eux-mêmes ne le savent pas. Je vous supplie très humblement, Monseigneur, s’il n’y a plus d’apparence qu’il n’y en parait de servir le Roi ici, de me permettre de l’aller trouver, en l’état que je ne juge pas qu’il soit nécessaire que je demeure ici. Toutefois, ce que vous me commanderez de faire je le ferai, n’ayant autre dessein que de vous obéir, comme le doit, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, 

Bourbonne

Ce 15^me juin 1632

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Le duc d’Orléans vient de Montsaugeon où il s’est arrêté le jour même. [↩]
2. Précisément à Is-sur-Tille, au nord de Dijon, où il arrive le 17 juin. [↩]