Jacques Raoul, évêque de Saintes, à Richelieu, Nantes, 17 juin 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1504, f^° 80-81. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 275.

Monseigneur,

Comme j’avais eu l’honneur de recevoir les paroles dont il vous plut honorer notre députation, acceptant le gouvernement et la protection de cette province de Bretagne, aussi avais-je cru me devoir trouver aux États, avec MM. mes codéputés, pour en rendre compte, et contribuer, avec le général de la province, mes joies et remerciements, l’ordre des États m’y donnant séance et voix délibérative, ainsi qu’il a été pratiqué en pareilles occurrences, et l’ordre de l’Église-même le désirant. Toutefois, le jour de l’ouverture, Monseigneur le Prince [de Condé] m’ayant mandé et fait savoir qu’il avait eu ordre par MM. de Saint-Malo venant d’arriver, et La Grée, procureur-syndic, que Votre Éminence ne désirait pas que j’entrasse en l’assemblée, je rendis une entière obéissance à ce commandement, comme je ferai toujours à tout ce qu’il vous plaira m’ordonner, espérant que cette ponctuelle obéissance tiendra lieu de très humbles services que je venais pour vous rendre en ceste assemblée, protestant que mon vrai et principal but avait été d’essayer par mes fidélités de témoigner à Votre Éminence mes ressentiments des grands et signalés bienfaits dont il lui a plu m’obliger.

Mais, puisque j’ai été si malheureux que mon désir soit demeuré vain et inutile, Votre Éminence me permettra, s’il lui plait, d’en attribuer la cause à quelques mauvais offices qu’on se vante m’avoir rendus, et la requérir très humblement s’en vouloir éclaircir. Je m’en justifierai toujours à la honte et confusion de ceux qui me rendent ses mauvais offices, m’en ont voulu combler.

Monseigneur le Prince, comme témoin oculaire depuis plusieurs années, et M. de La Meilleraye, instruit par la connaissance du lieu, et des assurances que je lui avais données de mes devoirs, ont voulu être fidèles témoins du désir que j’ai toujours eu, et que j’aurai à jamais, de rendre les obéissances et fidélités que je dois à vos commandements.

Et celle-ci suppliera très humblement votre éminente bonté pour comble des obligations dont il lui a plu m’honorer, ajouter quelque marque de la créance que je suis et serai à jamais, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, 

Jacques, évêque de Saintes

De Nantes, ce 17^e juin 1632

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