Élie Laisné à Richelieu, Aix-en-Provence, 19 juin 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1702, f^° 62-63. Original. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 282.

Monseigneur,

Sur l’assurance que j’ai que vous me faites l’honneur d’avoir confiance en moi, je ne vous importune des avis ou affaires de cette province, n’y ayant rien vu jusqu’ici qui se soit passé contre le bien de votre service. Mais, étant pressé de MM. de ce parlement de faire donner remède contre un arrêt du conseil qui le fléchit en son honneur, par lequel le Roi se réserve de le condamner à une part des dommages et intérêts de la sédition de la ville d’Aix, qui est une note qui le rend comme inutile en ce pays aux fonctions de la justice, sans que le corps ait été ouï, que l’on n’a pas coutume de condamner un corps, et sans que un cent de ceux du parlement qui servent ici, se trouve compris en aucune information. 

Je recours à vous, Monseigneur, comme mon bienfaiteur et protecteur, parce que cette compagnie se décharge de tout sur moi, qui est d’ailleurs assez en peine de ce que M. le surintendant [le maréchal d’Effiat] nous a rayé à tous le fonds ordinaire de nos gages, depuis le quartier d’octobre dernier, pour vous supplier de la vouloir faire décharger de cette note en faisant réformer cet arrêt, pour le regard du corps seulement, et par ce moyen vous rendre cette pauvre compagnie parfaitement obligée à l’avenir, et plus utile à vous servir. Cela n’empêchera que ceux qui ont failli ne soient châtiés, ni que les intéressés qui ont servi le Roi ne soient payés. 

À quoi je tiendrai la main, si je suis si heureux de trouver cette grâce devant vous, qui m’autoriserait en ces pays aux exercices de la charge que vous m’avez procurée. Je puis assurer que du bien qui m’en réussira. Je ne m’en servirai que pour l’employer à l’honneur de votre service, si vous l’aviez agréable. Le sieur de La Baye [sic, Ubaye], porteur de la présente, qui s’en va exprès pour vous saluer, et vous rendre compte du traité qu’il a fait de la charge d’avocat général de ce parlement, vous en fera souvenir. Il est personnage fort estimé, et beaucoup désiré de tous en cette charge, et s’il vous plait de l’y maintenir, cette province et notre compagnie vous en aura une très sensible obligation. Sur ce, je suis, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très affectionné serviteur, 

E. Laisné

À Aix, le 19^e juin 1632

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