Timoléon d’Espinay (v. 1580-1644), marquis de Saint-Luc, comte d’Etlan (ou Estelan), baron de Crèvecœur, d’Hincourt, Avril, Sains, etc., appartient à une famille implantée en pays de Caux. Il est le fils de François I^er d’Espinay (1554-1597), seigneur de Saint-Luc, dit « le brave Saint-Luc », lieutenant général au gouvernement de Bretagne, gouverneur de Brouage et de Saintonge, grand maître de l’artillerie de France, et de Jeanne de Cossé-Brissac. Timoléon d’Espinay de Saint-Luc embrasse, comme son père, la carrière des armes. Dès 1596, il prend part au siège de La Fère. L’année suivante, il se trouve aux côtés de son père lors du siège d’Amiens, au cours duquel « le brave Saint-Luc » trouve la mort. Henri IV lui confère alors le gouvernement de Brouage et des îles de Saintonge, par lettres de provision en date du 1^er octobre 1597.

En 1603, il accompagne le duc de Sully en ambassade en Angleterre, à l’occasion de l’avènement du roi Jacques I^er.

Timoléon d’Espinay de Saint-Luc accède au grade de maréchal de camp en 1617 et prend part au siège de Soissons.

Il est fait chevalier des ordres du Roi dans la promotion du 31 décembre 1619.

Le 9 juillet 1620, il reçoit commission de Louis XIII pour lever un régiment d’infanterie à son nom, dont il se démet le 5 juillet 1621. Dans l’intervalle, il participe de manière déterminante au siège de Saint-Jean-d’Angély, qui se soumet à l’autorité royale le 23 juin 1621.

Vice-amiral de France en 1622, il s’illustre alors, avec l’escadre dont il a pris la tête, au siège de La Rochelle et contribue de manière déterminante à chasser de l’île de Ré les huguenots menés par le duc de Soubise. En 1625, il intervient à nouveau à La Rochelle et sur l’île de Ré. Alors employé dans l’armée d’Aunis, il est placé sous les ordres des maréchaux de Praslin et de Thémines.

Le 30 janvier 1627, il obtient la lieutenance générale au gouvernement de Guyenne, sur la démission du maréchal de Thémines et est promu le même jour maréchal de France, après avoir été écarté une première fois du tableau de promotion en 1620¹. À la demande de Marie de Médicis, il se démet à la même époque de son gouvernement de Brouage, confié à Richelieu.

Timoléon d’Espinay de Saint-Luc est encore fait lieutenant général et commandant de la ville de Paris en l’absence du duc de Montbazon par lettres patentes du 16 août 1636.

Il a épousé, en premières noces, en 1602, Henriette de Bassompierre († 1609), sœur du maréchal. De cette union sont nés Louis d’Espinay, comte d’Etlan, qui, bien qu’aîné, choisit l’Église ; François II d’Espinay (v. 1608-1670), marquis de Saint-Luc, qui embrasse aussi la carrière des armes ; Renée d’Espinay de Saint-Luc († 1639), qui épouse, en 1626, François d’Harcourt, marquis de Beuvron et Henriette d’Espinay de Saint-Luc, abbesse d’Estival avant de se retirer au couvent des feuillantines de Paris sans responsabilité. Le maréchal de Saint-Luc a épousé en secondes noces, en 1627, Marie-Gabrielle de La Guiche, décédée le 19 janvier 1632, fille du maréchal de Saint-Géran.

Il décède le 12 septembre 1644.

Tallemant des Réaux lui a consacré, ainsi qu’à son fils, le comte d’Etlan, une Historiette.

Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome II, p. 113-116 et p. 1011-1015 ;

Voir aussi Fadi El Hage, Histoire des maréchaux de France à l’époque moderne, Paris, Nouveau Monde éditions et ministère de la Défense, 2012, p. 35 et 446 ;

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition, tome septième, Paris, chez Schlesinger frères, 1865, col. 422 ;

Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France…, tome onzième, Paris, chez l’auteur, Arthus-Bertrand, Treuttel et Wurtz, 1831, p. 27-28 famille d’Espinay-Saint-Luc.

Textes 47, 578, 664, 873, 

1. Fadi El Hage, Histoire des maréchaux de France à l’époque moderne, Paris, Nouveau Monde éditions et ministère de la Défense, 2012, p. 546. [↩]

---

---