Le comte de Thianges à Richelieu, [Bourg-en-Bresse, vers le 25 juin 1632].

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 295-296. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 291-292.

Le document se présente comme un mémoire, et accompagnait probablement une lettre qui n’a pas été conservée. Dans le recueil manuscrit, il est placé après une lettre du même correspondant datée du 26 juillet, comme si elle en était le post-scriptum. Il s’agit certainement d’une erreur de classement. À cette date, en effet, Gaston d’Orléans se trouve avec ses troupes près de Millau et se dispose à prendre la route de Lodève. Or les renseignements que contient la pièce datent des premiers jours qui suivent le retour à Bourg-en-Bresse du comte de Thianges, le 18 juin. Monsieur se trouve depuis la veille devant Dijon et ne quitte la Bourgogne pour la vallée de l’Allier et l’Auvergne qu’au début du mois de juillet. 

Monseigneur se souviendra, s’il lui plait, du mémoire que je lui donnai à Saint-Germain, en prenant congé de lui, et sur les causes d’icelui fera, s’il lui plait, considération que la personne de M. de Lagrange est utile en cette province, où il ne se passera rien dont je ne lui donne avis par l’intelligence de M. le premier président [au parlement de Dijon, Pierre Le Goux de La Berchère].

Et pour ce qui est de la Bresse, où je suis arrivé le 18 de juin, j’appris que deux jours auparavant il avait passé quarante chevaux aux portes de Bourg, qui avaient tiré du côté de Dombes, où j’envoyai incontinent. Et celui qui y fut rapporta que douze avaient été au château de Franchelin [Francheleins], et autres dix chez le sieur de <Friandas> sans y coucher, et partie d’iceux passèrent la rivière de Saône au port Chasselart, l’autre partie en rivière qui est au-dessous de Mommerle [Montmerle-sur-Saône], ce qui ne se peut plus, n’y ayant bateau sur la Saône depuis Tournus jusqu’à Lyon qui ne soit en lieu où l’on les peut garder, et de même sur le Rhône. C’était des particuliers qui sont à M. le duc d’Orléans.

Du depuis, le baron de <Tenanssé> voulut tenter la même voie avec quatorze chevaux. Mais sur l’avis qu’il eut que je lui était allé couper chemin, il retourna tout court à Chavaine [sic], ville du comté, qui n’est qu’à deux lieues de Bourg, où changeant de dessin, il partit la nuit, passa la rivière d’Ain à gué, croyant de passer le Rhône au port de Saint-<Frabas>, par quelque intelligence que je n’ai su découvrir du Dauphiné. Et comme c’était de jours, ils furent découvert par l’ordre que j’ai mis de faire tenir une vedette à chaque clocher, et où l’on verrait trois ou quatre hommes ensemble sonner le tocsin pour les faire arrêter. Cela leur donna l’épouvante, et s’en retournèrent audit Chavaine, où ils témoignèrent un grand regret, disant qu’il avait été envoyé de M. le duc d’Orléans à M. de Lorraine, et qu’il portait la réponse. Ils s’en sont retournés par le comté.

J’ai cru que je devais en écrire à M. l’archevêque de Besançon [Ferdinand de Rye] et lui mander que, s’il en venait plus, que je leur irai au-devant dans le milieu du comté. Je vous en envoie la réponse avec un édit du roi d’Espagne, qui fut publié comme le gentilhomme que lui avait envoyé était encore à Dole.

Il ne se peut rien passer en ce pays-là dont je ne sois averti, y ayant deux gentilhommes, un nommé Grandmons, l’autre Arnau [sic], qui, à l’insu l’un de l’autre, me donneront avis de tout ce qu’il s’y passera. Le sieur de Grandmons m’a mandé qu’il devait passer par le comté de Largens [sic], qui venait d’Italie pour M. le duc d’Orléans, et dès là par la Bresse.

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