Louis II de Champagne (v. 1590-1636), comte de La Suze, de Belfort et de Ferrette, marquis de Normanville et de Lumigny, baron des Coulans, La Butonnière, Chambreuil, La Motte-Achard, Loupelande et Brouassin, seigneur des Landes, Luré, La Chapelle-Rainsouin etc., est le fils de Louis de Champagne, seigneur de La Suze, capitaine de 50 puis de 100 hommes d’armes, chevalier des ordres du Roi, et de Madeleine de Melun, dame de Normanville.
Né de religion catholique, il embrasse la carrière des armes, et reçoit l’autorisation du roi de se former auprès du roi Gustave-Adolphe de Suède. De retour en France, il épouse Charlotte de La Rochefoucauld-Roye (1617) et, sur les instances de cette dernière, se convertit au protestantisme.
Il organise alors pour ses coreligionnaires la résistance de Soissons face à l’armée de Louis XIII. En 1621, il est nommé par l’assemblée de La Rochelle lieutenant général des huguenots pour l’Ile-de-France, la Picardie et la Champagne. En mai de la même, à la tête de la noblesse protestante de Beauce, du Perce et du Vendômois, il s’oppose en vain au siège de Jargeau par l’armée royale. Le comte de La Suze est défait près de Beaugency. Arrêté au moment où il tente un coup de main sur Grenoble, il doit à l’intervention du Roi de sauver sa tête.
Passé au service de la ville de Berne en septembre 1622, il devient le général des troupes levées par la république suisse. Il rentre en France à une date qui reste incertaine et réside en Brie, dans son château de Louvigny.
Il tente encore de s’opposer au pouvoir royal pendant le siège de La Rochelle. En janvier 1628, ayant quitté sa résidence normande pour gagner la cour, il est arrêté en sortant des appartements de Marie de Médicis et incarcéré en même temps que son beau-frère, François de La Rochefoucauld, comte de Roucy, tous deux soupçonnés de lever des troupes, en Normandie pour le comte de La Suze, en Picardie pour le comte de Roucy1.
Après la paix d’Alès, le comte de La Suze se rallie à la cause royale et se met au service de Louis XIII et de Richelieu.
Au cours de l’été 1632, il seconde le maréchal d’Effiat, avec qui il sert en Alsace, en compagnie de Louis d’Arpajon. En juillet cependant, les dissensions entre le comte de la Suze et Louis d’Arpajon conduisent Effiat à diviser ses contingents : une partie, sous le commandement du comte de La Suze est envoyée à Trèves par la route des Deux-Ponts, tandis que l’autre, sous la direction de Louis d’Arpajon, prend le chemin le plus direct vers le Rhin pour sécuriser l’archevêché2. Arrivé à Trèves, le comte de La Suze passe sous le commandement du maréchal d’Estrées3. Il reçoit ensuite l’ordre de regagner la Picardie (septembre 1632)4.
En 1633, il contribue à la victoire de Coblence et à la prise de Freudenberg, puis participe au siège de Nancy et s’empare de la ville de Charmes5. Il accède alors au grade de maréchal de camp.
En 1635, il succède à Charles de Livron, marquis de Bourbonne, au gouvernement de Montbéliard6. Au tout début du mois de septembre de la même année, il parvient à s’emparer du château de Roppe (ou Roppach), non loin de Belfort, occupé par un contingent de Croates. Il fait alors le récit des combats7. Le château est ensuite rasé.
Le comte de La Suze, soupçonnant une trahison, procède à l’expulsion des jésuites comtois de Porrentruy en janvier 1636. Le 19 juin, il contraint le général Colloredo à lever le siège de cette ville. Deux jours plus tard, il investit Belfort puis obtient la capitulation de Delle (25 juin). Louis XIII le récompense des services rendus par les seigneuries de Belfort, Ferrette et pays dépendants accompagnées du gouvernement de deux places et d’un brevet de lieutenant-général avec 9600 livres de pension.
Il décède à Montbéliard en octobre 1636, des suites de maladie.
Prévoyant sa fin prochaine, les officiers du régiment de La Suze demandent à Richelieu, que le marquis de Normanville, fils du comte de la Suze, premier capitaine, en devienne colonel et maintienne les effectifs en activité8.
Un portrait du comte de La Suze a été gravé par Jacob van der Heyden (1573-1645) : il est conservé à la bibliothèque de Genève ((Voir au lien suivant : https://bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/rec-est-0334-095).
François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse…, seconde édition, tome IV, Paris, chez la veuve Duchesne et chez l’auteur, 1772, p. 192-195.
Textes 220, 242, 297, 635, 636, 910, 913, 915, 917, 921,
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. III, p. 17 note. [↩]
- Le capitaine Pradines à Richelieu, La Petite-Pierre, 24 juillet 1632, lettre originale conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f° 285-288 publiée par Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 352-354, translation publiée en ligne, texte 913 ; François Sublet de Noyers à Richelieu, 26 juillet 1632, lettre originale conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f° 293, publiée par Marie-Catherine Vignal Souleyreau, ibidem, p. 355-356, translation publiée en ligne, texte 915. [↩]
- Le comte de La Suze à Richelieu, Trèves, 22 août 1632, original conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 805, f° 30-31, publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau, ibidem, p. 404-405. [↩]
- Louis d’Arpajon à Richelieu. Metz, 3 septembre 1632, original conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 805, f° 46, publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau, ibidem, p. 420-421. [↩]
- Voir la Relation de ce qui s’est passé touchant le traité fait avec Monsieur le duc de Lorraine, en l’an 1633 pour le dépôt de Nancy, rédigée par Pierre Séguier à la fin septembre 1633, publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 518-525. [↩]
- Voir le maréchal de Châtillon à Abel Servien, Pont-à-Mousson, 12 avril, copie conservée à la Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits. Français, vol. 3758, f° 19 r° – 20 v°. La lettre a été publiée par Antoine Aubery, Mémoires pour l’histoire du cardinal-duc de Richelieu, tome premier, ouvrage cité, p. 448-449, et par Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 151-153. [↩]
- Le comte de La Suze, à Richelieu, Montbéliard, 7 septembre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 18-19. [↩]
- Leur courrier, en date du 5 octobre 1636, est conservé au Ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique Lorraine, volume 28, fol. 379-380. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (3 mai 2022). Champagne (Louis de, comte de La Suze). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 6 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpns