Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 2 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f^° 266. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 304.

Monseigneur,

Depuis ma lettre écrite, M. le chevalier du guet [Louis Testu], lequel m’avait communiqué l’affaire de du Venan, me vient de dire qu’il l’avait arrêté prisonnier et son valet aussi, lequel confesse et avoue le fait. Ledit du Venan n’a voulu répondre. Il est vrai que ce beau placard a été imprimé à Bruxelles, et que ledit valet assure que du Venan lui a dit qu’il fallait jeter ledit placard en divers endroits de cette ville, et c’était le commandement de la Reine mère, lequel il fallut exécuter. Il importe que cette affaire soit jugée par gens de biens et affidés au service du Roi. Et en ce point je me trouve empêché, craignant que la chambre de l’Arsenal ne s’y conduise comme il serait à désirer.

M. le garde des sceaux sait mieux que personne ce qu’on en peut espérer, et peut-être jugera-t-il plus à propos de prendre quelques-uns de cette Chambre, avec quelques-uns des maîtres des requêtes, jusqu’au nombre de dix, pour juger souverainement de cette affaire.

Je suis obligé de vous dire que M. le chevalier du guet s’est très bien conduit en cette affaire, comme en toutes autres, et qu’il y a apporté tout le soin, vigilance et fidélité qu’on peut désirer. Il témoigne grande affection pour votre service, et se promet toujours la continuation de vos bonnes grâces, laquelle lui fait espérer qu’il vous plaira de vous souvenir de lui aux occasions qui se présenteront, et à la vérité j’estime que ses services parlent pour lui. Je ne vous importunerai de plus long discours, priant Dieu qu’il vous conserve en santé longue et heureuse vie. Je désire vivre et mourir, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, 

Bullion

De Paris, ce II juillet.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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