Jacques Lemercier (ou Le Mercier, Mercier) (v. 1585-1654) est originaire de Pontoise et issu d’une famille de maîtres-maçons reconnus. Il est le fils de Nicolas Lemercier (1541-1637), auprès de qui il se forme au métier d’architecte qu’il exerce ensuite, comme ses demi-frères, Pierre et Nicolas Lemercier. Après un séjour à Rome vers 1605-1610, auprès de Charles de Neufville d’Alincourt, gouverneur de Pontoise, envoyé en ambassade auprès du Pape, au cours duquel il complète sa formation et s’initie à la gravure, il est nommé architecte du Roi et se voit confier, en 1613, le chantier du pont neuf de Toulouse.

Entre 1615 et 1620, il consulté pour la construction de divers ouvrages d’art aux quatre coins du royaume.

Il se fixe ensuite à Paris, et met son art au service de l’Église et d’ordres religieux au cours des années 1620. On lui doit ainsi, en 1620, le chœur de l’église Sainte-Geneviève, puis en 1624, le maître-autel des Carmélites, aujourd’hui tous deux disparus.

Il travaille pour Marie de Médicis au palais du Luxembourg, et pour Richelieu, en 1628, au Palais-Cardinal.

Il est également chargé, vers 1625, de la rénovation de la Sorbonne, et de l’embellissement de sa chapelle, datant du XIV^e siècle, qui débute en mai 1635¹. Le chantier, confié à l’entrepreneur Jean Thiriot, est chargé de symboles puisqu’il voit l’érection de l’une des premières coupoles visibles à Paris, à l’imitation de l’architecture italienne. Il s’attache aussi au réaménagement de la bibliothèque de la Sorbonne, et l’évêque de Chartres, Léonor d’Estampes de Valençay, écrit à ce propos à Richelieu, le 17 septembre 1640 : « M. Mercier est résolu à faire merveille. Je vous envoie le plan de ladite bibliothèque »².

Richelieu lui confie également la construction au palais-cardinal (1629-1636), ainsi que l’élaboration des plans de la ville de Richelieu et la reconstruction du château familial du cardinal-ministre. On lui doit encore la façade de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, le château de Rueil (v. 1635), et celui de Bois-le-Vicomte, à Mitry-Mory, autre résidence de Richelieu.

Malgré sa notoriété, et contre l’avis de Claude de Bullion, surintendant des finances, François Sublet de Noyers déplore ses difficultés financières en 1634, et intercède en sa faveur auprès de Richelieu, le 28 janvier : « J’avais fait approuver à Monsieur de Bullion la taxe du pauvre Le Mercier architecte, mais la somme qui va à IIII^M livres l’a fait subsister, trouvant mauvais qu’on lui donne XV francs par jour, bien que je lui aie fait entendre que le mérite et la fidélité du personnage ait porté le Conseil à le faire payer sur ce pied, ainsi qu’il se justifie par les arrêts et taxes du Conseil que j’avais en main, outre que je prends la hardiesse de dire à Votre Éminence qu’il y a de la justice aussi bien que de la charité à aider à cet homme, qui est si pauvre qu’il est honteux de le dire. Votre Éminence dira, s’il lui plaît, un mot à mondit sieur de Bullion et je ne doute qu’il ne le fasse payer aussitôt, suivant la taxe que j’ai signée »³.

Jacques Lemercier accède à la qualité de premier architecte du Roi en 1639.

À Paris, il conçoit encore l’aile Lescot et le pavillon de l’Horloge du palais du Louvre : cette tranche de travaux se déroule de 1639 à 1642. Avec Pierre Le Muet et Gabriel Le Duc, il travaille également, à partir de 1647, à la chapelle du Val-de-Grâce, dont les plans ont d’abord été tracés par François Mansart.

Philippe de Champaigne fait de Jacques Lemercier un magnifique portrait en 1644 (Versailles, Musée national, en dépôt au musée Carnavalet).

Il a épousé, en secondes noces, en 1644, Anne Marigny, qui lui donne deux fils, Jacques II et François, restés sans descendance. Il décède le 13 janvier 1654.

Voir Alexandre Gady, article « Lemercier (Jacques) », dans Françoise Hildesheimer et Dénes Harai (dir.), Dictionnaire de Richelieu, Paris, éd. Honoré Champion, 2015, p. 216-218 ;

Alexandre Gady, Jacques Lemercier, architecte et ingénieur du Roi, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2005 ;

Alexandre Gady, « Le grand château de Richelieu, chef-d’œuvre de Jacques Lemercier », dans collectif, Richelieu à Richelieu, Milan, Silvana Editoriale, 2011, p. 39-53.

Textes 856, 860, 861, 

1. Un plan de l’ancienne chapelle est conservé à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, coll. Manuscrits de la Bibliothèque de la Sorbonne, vol. 1905, f° 6. [↩]
2. Cité par René Pillorget, « Richelieu, rénovateur de la Sorbonne », dans Richelieu et la culture : actes du colloque international tenu à la Sorbonne les 19-20 novembre 1985, Paris, CNRS, 1987, p. 43-54, voir à la p. 51. [↩]
3. Dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 231. [↩]

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