Galard de Béarn (Jean, comte de Brassac)

Jean Galard de Béarn, comte de Brassac, est né en 1579. Il assiste dès l’âge de quinze ans au siège de Laon par Henri IV. En 1595, il combat à Fontaine-Française. L’année suivante, il participe à l’investissement de La Fère puis à la prise d’Amiens (1597). Le 16 avril 1602, il épouse Catherine de Sainte-Maure, sœur utérine d’Henri de Baudéan, comte de Parabère, et de Charles de Baudéan, comte de Neuillan. Quatre ans plus tard, Jean de Galard de Béarn succède à son grand-père maternel au gouvernement de Saint-Jean-d’Angély.

Au mois de janvier 1609, la baronnie de Brassac est érigée en comté par Henri IV. Après l’assassinat du Roi, le jeune comte participe aux soulèvements des huguenots. Il est ensuite chargé d’exécuter en Saintonge l’édit de pacification, en tant que commissaire protestant. La province le députe en 1611 à l’assemblée de Saumur. Mais il devient suspect à ses coreligionnaires de sympathie pour le catholicisme. Le comte de Brassac commet de surcroît la maladresse de vouloir maintenir deux années de suite un de ses fidèles comme maire de Saint-Jean-d’Angély. Il est accusé de collusion avec la cour. Rohan préfère procéder à l’élection d’un nouveau maire, déclenchant les protestations de la Reine mère. Le conflit s’achève par la signature d’un compromis qui satisfait catholiques et protestants. Brassac est éloigné de Saint-Jean-d’Angély et accueilli favorablement à la cour de Marie de Médicis. Il reçoit une compagnie de cent hommes d’armes et le brevet de conseiller d’État et se convertit au catholicisme. En 1615-1616, le comte de Brassac suit le Roi en Guyenne, et se lie avec le père Joseph, puis avec Richelieu, qui ne tarde pas à lui accorder toute sa confiance. Pendant l’exil de Richelieu en Avignon, Brassac demeure auprès de Louis XIII. En 1620, il participe à l’attaque des retranchements des ponts de Cé, et l’année suivante, au siège de Saint-Jean-d’Angély. À l’issue de la prise de la ville, Rohan est écarté. Brassac retrouve son gouvernement. Le 15 janvier 1622, sa fidélité au Roi est récompensée par l’octroi qui lui est fait de la lieutenance générale en Haut et Bas Poitou, accompagnée du gouvernement de Châtellerault. Il acquiert à ce poste les qualités d’administrateurs qu’il déploie ensuite en Lorraine. Réprimant toutes les tentatives de révolte des protestants, Brassac est nommé maréchal de camp le 15 avril 1625. Il se distingue encore au siège de La Rochelle, puis, grâce à l’intermédiaire de M. de Rancé, il est envoyé par Richelieu à Rome, comme ambassadeur de France ordinaire. Il persuade Urbain VIII d’accorder le chapeau de cardinal à l’archevêque de Lyon, Alphonse du Plessis de Richelieu, malgré le règlement de Sixte Quint stipulant que deux frères ne peuvent faire partie du Sacré-Collège. Le ministre de Louis XIII lui en voue une reconnaissance durable. À la fin de l’année 1630, ou au début de 1631, Richelieu charge Brassac d’obtenir une nouvelle pourpre cardinalice pour le président Le Coigneux, afin de s’attacher Gaston d’Orléans. Mais cette fois, les négociations échouent. Monsieur quitte le royaume pour la seconde fois. Brassac parvient cependant encore à jouer de son influence. Il contribue à l’envoi de Mazarin à Paris et à rétablir en Italie une relative concorde entre Français et Espagnols à l’époque où les Suédois ravagent l’Allemagne et où les intrigues de la Lorraine et de la maison d’Autriche battent leur plein. Richelieu s’alarme bientôt des progrès de Gustave-Adolphe et charge Brassac de proposer à Urbain VIII l’alliance à la fois contre les Suédois et contre Ferdinand II. La ligue aurait également eu pour objectif la libération de l’Italie de la tutelle espagnole. Le maréchal de Créqui est envoyé à Rome en ambassade extraordinaire pour appuyer le projet. Mais le Pape refuse de renoncer à sa neutralité. Le comte de Brassac quitte Rome le 21 novembre 1632. C’est Urbain VIII qui lui annonce la mort de Gustave-Adolphe à Lützen. Peu de temps après son retour en France, au mois de février 1633, Brassac est nommé ministre d’État. Le 8 mars, la lieutenance du Poitou lui est laissée pour la seconde fois, ainsi que le gouvernement de l’Angoumois et de la Saintonge (moins les deux places de Saujon et de Tonnay-Charente), dont le marquis de Châteauneuf a été démis. Richelieu a besoin d’un homme sûr pour surveiller l’ancien garde des sceaux qui vient d’être arrêté et emprisonné à Angoulême. Le cardinal-ministre s’attache un peu plus le comte de Brassac en lui faisant décerner l’ordre du Saint-Esprit le 14 mai. Puis au mois d’août, tous partent en Lorraine. Pendant le mois de septembre, Brassac assiste aux conférences de La Neuveville puis à la signature du traité de Charmes. Le 30, il reçoit le gouvernement de Nancy, cumulant cette nouvelle dignité avec les anciennes. Le comte de Brassac reste presque deux ans à la tête de la cité. Il doit répondre au Roi de la place nouvellement acquise où il doit résoudre le problème du logement des troupes. La ville ne compte guère plus de trois mille habitants et environ un tiers de la cité est occupé par des couvents. Une décision de Brassac, en date du 25 octobre, doit ordonner la construction de cinq cents huttes pour loger les soldatsLes Mémoires du comte de Brassac, en réalité rédigées par un gentilhomme de sa suite, le sieur de Marivin, offrent un précieux témoignage sur les événements de l’époque, et complètent la volumineuse correspondance que Brassac entretient avec Richelieu et son entourage tout au long de sa mission. L’ensemble place le comte de Brassac en première ligne sur le front lorrain, où la rapidité de l’action parvient à prendre en défaut la bonne volonté du gouverneur de Nancy.

Voir Christian Pfister, « Les mémoires du comte de Brassac gouverneur de Nancy (1633-1635) », Mémoires de la société d’archéologie lorraine, 1898, p. 303-424 ;

J.-P. Labatut, « Cahier des remontrances de la noblesse de la province d’Angoumois », dans Problèmes de stratification sociale. Deux cahiers de la noblesse (1649-1641), par R. Mousnier, J.-P. Labatut et Y. Durand, Paris, 1965, p. 68-70.

Textes 224, 245, 314, 374, 403, 405, 570, 619, 628, 629

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 mai 2022). Galard de Béarn (Jean, comte de Brassac). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 6 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpnv


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