Charles I^er Duret (1564-1636), seigneur de La Grange et de Chevry, dit « le président de Chevry », est le fils du médecin Louis Duret et de Jeanne Richer¹. Il est aussi le frère du médecin Jean Duret. Gédéon Tallemant des Réaux leur a consacré l’une de ses Historiettes². La fratrie compte un troisième membre : Claude Duret, avocat.

En 1604, Charles Duret est nommé trésorier de France à Caen par provision. Conseiller d’État, proche de Sully, il est promu président en la chambre des Comptes à Paris en 1610. Il est également colonel de la milice bourgeoise du quartier Saint-Paul de la capitale. Par commission datée du 8 août 1615³, Charles Duret est nommé intendant des finances, puis il obtient, en 1621, la charge de greffier et secrétaire des ordres du Roi. En 1629, il exerce, conjointement avec Claude Mallier du Houssay et Pierre de Castille, le contrôle général des finances⁴.

Duret de Chevry est l’un de ceux qui, en février 1633, reçoivent un terrain sur la Grande Rue de la ville de Richelieu pour y construire un pavillon⁵. Sa proximité avec le cardinal-ministre, et alors même que ce dernier envisage de transformer son hôtel parisien en palais digne de son élévation, se traduit aussi par le projet de faire construire une vaste demeure derrière celle du cardinal-ministre par l’entrepreneur de la ville de Richelieu, Jean Thiriot (1635).

Dans le contexte de la réforme des finances royales opérée à partir de 1632, après le décès du maréchal d’Effiat et la nomination comme surintendants des finances de Claude de Bullion et Claude Bouthillier, Charles Duret de Chevry exerce les fonctions intendant des finances, Duret de Chevry se voit délivrer, le 7 mai 1633, la commission de contrôleur général des finances sans partage de fonctions. L’objectif de Richelieu est d’imposer un exercice régulier du contrôle, c’est pourquoi Duret de Chevry se voit concéder des fonctions pleines et entières. Aux intendants des finances dans les provinces ou aux armées revient le travail sur le terrain, loin de la cour et du Conseil. Les intendants des finances sont au nombre de quatre entre le mois de mai 1631 et le mois de février 1636 : Charles Duret de Chevry, Claude de Mallier du Houssay, François Sublet de Noyers et Michel Particelli d’Hémery. La charge d’intendant des finances dont était pourvue Duret de Chevry échoit à Claude Cornuel. Au début de l’année 1634, Charles Duret de Chevry se plaint de la désignation, par Claude de Bullion, à ses dépens, de Claude Cornuel⁶. Sans doute, espère-t-il cumuler la charge d’intendant avec celle de contrôleur des finances : « De toute évidence, cet office de président des comptes, en lui assurant la noblesse et la considération inhérente à une présidence de cour supérieure, procurait plus de poids à ses fonctions d’intendant, et, en outre, l’aidait de façon fort opportune dans les relations, parfois tendues, de Messieurs des finances avec Messieurs des comptes. […] Aussi vit-on Cornuel, intendant des finances en 1634, acheter dès l’année suivante une présidence des comptes […] »⁷.

Charles Duret de Chevry a épousé, en 1609, Élisabeth Dolu († 4 août 1610), déjà veuve deux fois, d’Antoine Guyot, sieur de Charmeaux, président en la chambre des Comptes, et de Jean de Vienne, président en la chambre des Comptes et contrôleur des finances, puis il a épousé, en 1613, Françoise Rémy, qui lui a donné un fils, également prénommé Charles, l’année suivante. 

Charles II Duret de Chevrier obtient par la suite la charge de greffier des ordres du Roi puis, en 1637, celle de président en la chambre des comptes. 

Le président de Chevry décède le 18 septembre 1636, « détesté pour son rôle dans l’établissement des impôts »⁸.

Texte 860,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Michel Antoine, Le cœur de l’État. Surintendance, contrôle général et intendances des finances (1552-1791), Paris, Fayard, 2003, p. 186-187. [↩]
2. Voir aussi Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 170-174 et p. 857-860. [↩]
3. La date est donnée par Michel Antoine, qui précise que la commission elle-même ne porte pas de date, connue par un autre document conservé à la Bibliothèque nationale de France : ibidem, p. 169 note 2. [↩]
4. Michel Antoine, ouvrage cité, p. 184. [↩]
5. Il est bénéficiaire de la donation de terrains consentie le 11 février 1633 – selon Roland Mousnier, L’homme rouge ou la vie du cardinal de Richelieu, Paris, Robert Laffont, 1992, p. 494. Il fait construire un pavillon, au numéro 5, par Jean Barlet. Voir la plateforme ouverte du patrimoine, notice consacrée au bâtiment, disponible en ligne, consultée le 22/06/2024. [↩]
6. Le courrier que Charles Duret de Chevry adresse à Richelieu porte la signature de « Desrues ». La teneur du document ne laisse cependant guère de doute quant à l’identité de son auteur. Il déclare alors exercer les fonctions d’intendant des finances depuis deux ans. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 149-151 ; voir aussi Claude de Bullion et Claude Bouthillier à Richelieu, 9 janvier, ibidem, p. 148-149 ; et Michel Antoine, ouvrage cité, p. 186-187 [↩]
7. Michel Antoine, Le cœur de l’État…, ouvrage cité, p. 197. La date de 1634 mentionnée ici n’est pas tout à fait exacte puisque qu’on trouve, au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve la minute des « lettres [patentes] d’intendant des finances pour M. Cornuel, 12 janvier 1635 », coll. Mémoires & Documents France, vol. 813, f° 24. [↩]
8. Antoine Adam, ouvrage cité, tome I, p. 858. [↩]