Jean II de La Barde (1602-1692), baron puis marquis de Marolles1, est le fils de Jean Ier de La Barde et de Bonne Bouthillier, elle-même sœur du surintendant des finances Claude Bouthillier.
D’abord secrétaire ordinaire de la Reine mère de 1621 à 1631, il obtient la charge de secrétaire du cabinet du Roi2. Jean II de La Barde est nommé premier commis aux Affaires étrangères un peu avant 1635 et et succède à ce poste à Paul II Ardier de Beauregard (v. 1595-1671), lui-même parent des Bouthillier et cousin de La Vrillière, et à Gabriel Cottignon.
Les fonctions et les charges de commis aux Affaires étrangères, principaux collaborateurs du secrétaire d’État Léon Bouthillier de Chavigny, sont en effet partagées vers 1633-1635 entre deux hommes, Jean de La Barde et Denis de Rémefort de La Grelière. Tous deux, ainsi que leur entourage familial, sont autant affidés au comte de Chavigny qu’à Richelieu lui-même, et constituent un cercle proche de créatures qui reste peu connu3. La référence qui est faite de « M. de La Barde » par M. de Camprémy, bailli des Vosges et gouverneur de Mirecourt, le 21 avril 1634, à propos de l’expédition de dépêches relatives à la Franche-Comté, si elle se rapporte à lui, peut cependant laisser à penser que l’entrée en charge de Jean II de La Barde est antérieure à 16354. À cette date, il semble déjà tout au service du comte de Chavigny et traite les affaires de Suisse. Il est d’ailleurs nommé ambassadeur ordinaire aux Ligues Suisses et Grisons en 16485.
La signature de Jean de La Barde apparaît aussi, le 23 mai 1642, au bas du testament que Richelieu lui-même, à bout de force, incapable de tenir la plume, dépose devant le notaire Pierre Falconis, à Narbonne. Le nom de Jean de La Barde s’accompagne à cette date de la qualité de « secrétaire du cabinet du Roi et trésorier de France », et, outre Pierre Falconis, des noms de Jacques Lescot (1593-1656), évêque de Chartres ; de Roger d’Aumont (v. 1610-1653), abbé d’Uzerches ; de Paul Philippe Hardouin de Beaumont de Péréfixe (1606-1671), gentilhomme de la Chambre de Richelieu, originaire, comme ce dernier, du Poitou (fils de Jean de Hardouin de Beaumont de Péréfixe, maître d’hôtel du cardinal-ministre), évêque de Rodez en 1649 puis archevêque de Paris en 1662 ; du sieur Le Roi, « secrétaire du Roi, Maison et Couronne de France »6.
Jean II de La Barde seconde le comte de Chavigny dans les négociations qui aboutissent à la signature des traités de Westphalie (1648) : il adresse un courrier à Théodore Godefroy, d’Osnabrück, le 6 décembre 16457.
Sa terre de Marolles, en Gâtinais, est érigée en marquisat en 1661.
Il est l’auteur d’un traité paru en latin intitulé De Eucharistia libellus, ab autore correctus atque auctus, ex Ioannis Iacobi Bernardi typographia, excudebat Michael Werlin, paru en 1663 ; ; et d’une Histoire de son temps, également en latin, De rebus gallicis historiarum libri decem, ab anno 1643 ad annum 1652, parue à Paris, chez D. Thierry, en 16718. Robert Nanteuil a laissé de lui un portrait au pastel.
Jean II de La Barde a épousé Marie Regnouard († 1674)9.
Voir également Yves Le Guillou, Les Bouthillier, de l’avocat au surintendant (ca. 1540-1650) : histoire d’une ascension sociale et formation d’une fortune, thèse de l’école des Chartes, 1997, p. 157.
- Voir la notice d’autorité que lui consacre la Bibliothèque nationale de France, disponible en ligne, consultée le 05/07/2024. [↩]
- Voir Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome VI : 1931, Paris, A. Pédone, 1985, p. 613 note. Voir aussi les extraits de la correspondance que Jean II de La Barde échange avec Léon Bouthillier en novembre 1630, à l’époque de la journée des Dupes, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome IV, p. 11-12, 27, 96 et 147. [↩]
- Orest Ranum, dans son ouvrage de référence, Les créatures de Richelieu, Paris, éditions A. Pédone, 1966, n’évoque que brièvement, p. 119, Jean de La Barde. [↩]
- Camprémy à Richelieu, 21 avril 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 1, p. 422. [↩]
- Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 173 ; 187-188 ; 191. [↩]
- Voir le testament imprimé en un cahier de 16 pages, sans lieu et sans éditeur, probablement dès 1642, consultable à la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, salle de Réserve. [↩]
- Le document manuscrit est conservé à la Bibliothèque de l’Institut de France, coll. Godefroy, vol. 21, f° 65. [↩]
- Voir la notice de l’ouvrage au catalogue de la Bibliothèque nationale de France, disponible en ligne, consultée le 05/07/224 ; un exemplaire de l’ouvrage, provenant de l’abbaye Saint-Antoine de Viennois, aux armes de Jean-Baptiste Colbert a été vendu par la maison Christie’s, voir le site internet de la maison, consulté le 05/07/2024. [↩]
- Voir François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome I, Paris, chez la veuve Duchesne et chez l’auteur, 1770, p. 720. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 juillet 2024). La Barde (Jean II de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11y2e