Charles Le Roy, seigneur de La Potherie, à Richelieu, Aix-en-Provence, 5 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 236. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 308.

Monseigneur,

Quelque mauvais bruit qu’on ait fait courir, je puis assurer Votre Éminence qu’il n’y a rien dans la province qui ne soit dans l’obéissance, que la noblesse, les villes et leurs communautés ne respirent rien que le service de Sa Majesté. On dit bien qu’il y a quelques restes des complices des désordres arrivés en la province qui tiennent quelques mauvais discours. Mais, encore qu’ils n’aient ni puissance ni autorité, et qu’on ne doive rien craindre de ce côté-là, j’essaierai à en découvrir la vérité. Et pour peu de lumière que j’en puisse avoir, je les châtierai si rudement que les autres en prendront exemple. Il n’y a rien à craindre qu’une descente, mais l’armée de Sa Majesté, commandée par M. de La Force, par votre prévoyance s’approchant de ces quartiers, ils pourraient piller quelques bourgades, mais la moindre ville, en la bonne volonté que sont ces peuples, les arrêterait jusqu’au secours.

Des patrons de Saint-Tropez assurent que l’infanterie qui était à Naples est sur mer, et que les vents en ayant écarté deux vaisseaux, ils sont tombés entre les mains de Turcs qui sont en ces mers avec soixante voiles. 

Nous redoublerons nos soins pour empêcher que personne ne sorte de son devoir, et que si peu qu’il y a de mal affectionnés ne puissent n’en avancer, et s’il y a quelque chose de conséquence, j’en donnerai avis à Votre Éminence, laquelle je supplie très humblement de croire que je suis et serai toute ma vie, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

de La Potherye

À Aix, ce 5 juillet

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