Hippolyte Bouchard d’Aubeterre à Richelieu, Aubeterre, 6 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 239. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 311.

Monseigneur,

Vous avez toujours, avec tant de charité et de compassion, reçu les plaintes de ma misère que j’ose encore ce jourd’hui supplier très humblement Votre Grandeur ne me refuser sa protection contre les mauvais déportements de mon fils aîné [Pierre Bouchard d’Esparbès de Lussan, marquis d’Aubeterre], qui, depuis sa sortie de la Conciergerie, ont continué, en sorte que M. d’Épernon a été obligé de se saisir de la place de Castelculier, où mondit fils avait fait transporter quantité des meubles qui étaient dans la maison de La Serre.

De quoi ayant été avertie, j’ai envoyé vers M. d’Épernon pour le supplier que la place, que feu M. le maréchal d’Aubeterre [François d’Esparbès de Lussan, marquis d’Aubeterre] a très bien achetée, me fût remise, ou pour le moins remboursée, selon la volonté du Roi portée en sa commission que je n’ai pu faire exécuter pour des considérations qui cessent à présent. Mais n’ayant rien pu obtenir, non pas même pour mes meubles, je suis contrainte de vous supplier, Monseigneur, avoir pitié de moi, et me faire l’honneur que je puisse avoir commandement que mesdits meubles me soient rendus, et que je sois rétablie dans la place ou, pour le moins, remboursée de nos deniers en cas de démolition, et que les charges de sénéchal d’Agenais et de Condomois, qui y sont annexées, soient conservées à mon second fils [François Bouchard d’Esparbès de Lussan, comte d’Aubeterre], qui a l’honneur d’être près du Roi en volonté d’employer sa vie et son bien à son service, et particulièrement au vôtre, auquel, avec moi, il a une particulière affection. Vous ferez, Monseigneur, une créature qui ne vous sera pas plus acquise, mais qui pourra mieux accomplir l’honneur de vos commandements et par même moyen me donnera celui de vous faire voir, Monseigneur, votre très humble et très obéissante servante, 

Aubeterre

À Auberre [sic], le 6 juillet 1632

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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