Le comte d’Argenson à Richelieu, Paris, 6 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 261. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 312.

Monseigneur,

J’ai appris que le sieur de Champigny-Brétignolles¹, l’un de ceux que nous avions fait appeler pour déposer contre le sieur de Beaujeu et ses complices comme ayant pleine connaissance de ladite cabale où il avait trempé en quelque chose, ainsi que portent les mémoires et instructions qui nous ont été données par M. l’abbé de Coursan², au lieu de venir ici pour servir le Roi et obéir à la justice, comme un de ses amis qui me parla pour lui il y a trois semaines ou un mois me le fit espérer, s’est embarqué depuis peu avec le vicomte d’Auteil, et autres mauvais serviteurs du Roi, et a été pris et arrêté vers Troyes, avec quelques-uns de ses compagnons qui ont été amenés à la Bastille.

J’ai eu quelque pensée de le faire interroger pour apprendre ce qu’il a su du fait du susdit sieur de Beaujeu, dont on nous a dit qu’il devait être cornette l’an passé. Mais ayant eu avis que les officiers de Troyes ont fait des procédures, où il est justifié que ce même Champigny et ses complices faisaient de nouvelles levées contre le service de Sa Majesté, et que ces pièces ont été envoyées à la Cour, j’ai cru qu’il était plus à propos d’attendre l’ordre et les instructions qu’il vous plaira nous en faire donner, si Sa Majesté a agréable que l’on y travaille ici, estimant que, par ces procédures de Troyes, il pourra y avoir des lumières contre les uns et contre les autres. J’en écris à M. le garde des sceaux [le marquis de Châteauneuf], auquel on m’a dit que tout cela a été envoyé, et attendrai sur ce l’honneur de vos commandements pour y obéir avec la même affection que je suis, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, 

Argenson

À Paris, ce 6 juillet 1632

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Probablement Louis Bernard, seigneur de Champigny et de Brétignolles. [↩]
2. En août 1631, l’abbé de Coursan se promettait en effet de faire arrêter Beaujeu : Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VII, p. 992. [↩]