Henri (ou Henri-Manassès) de Massué (ou Massuès, Massuez) (v. 1605 – 1689), marquis de Renneval (près d’Amiens) et de Ruvigny, de naissance huguenote, est le fils de Daniel de Massué, seigneur de Ruvigny, commandant à la Bastille, et de sa seconde épouse, Madeleine de Fontaine, dame de La Carlemotte (ou Caillemotte), près de Calais.

Il est le demi-frère de Rachel de Massué de Ruvigny (v. 1602 – † 1637), née du premier mariage de leur père avec Madeleine Pinot¹. Celle-ci a épousé en premières noces Élysée de Beaujeu, seigneur de La Maisonfort, puis, veuve, Thomas Wriothesley, comte de Southampton, grand trésorier de la Couronne d’Angleterre, en 1633 ou 1634² ; elle tient un salon littéraire fréquenté par Gédéon Tallemant des Réaux.

Henri de Massué de Ruvigny, épouse, quant à lui, le 28 mars 1647, Marie Tallemant des Réaux,  apparentée au même Gédéon Tallemant des Réaux, à la suite de l’intervention de Marguerite de Béthune, duchesse de Rohan. François d’Espinay, marquis de Saint-Luc, et son épouse, née Anne de Buade, sont ses témoins³.

Fidèle à Louis XIII, Henri de Massué de Ruvigny est enrôlé au régiment des gardes dès 1627, grâce à la protection de Sully. Fin octobre, combattant sur l’île de Ré, il parvient à s’échapper, en compagnie de Monsieur de Saint-Preuil, et à prévenir le Roi de la situation militaire désespérée de l’île, à laquelle il ramène les secours nécessaires, puis prend part au siège de La Rochelle. En mars 1629, il se trouve au Pas-de-Suze, puis aux sièges de Privas et d’Alès.

Après la paix d’Alès, il se rend, aux côtés du duc de Candale, dans le duché de Mantoue, où il tue en duel Plassac, le frère de François de Jussac de Saint-Preuil. Ruvigny est gravement blessé au cours du combat⁴. Il sert ensuite le duc de Rohan à Venise et s’éprend à cette époque de la fille du duc et de la duchesse de Rohan, également prénommée Marguerite, qui épouse finalement Henri de Chabot⁵.

Il combat en Savoie en 1630.

Présent à Calais durant l’été 1632, en compagnie de son ami François d’Espinay de Saint-Luc,⁶, il participe à la conquête de la Lorraine en 1633.

Au cours de l’été 1636, Richelieu, certain de sa fidélité au roi de France, recommande l’enrôlement de 200 hommes qu’il a levés⁷.

En 1640-1641, il commande le régiment de cavalerie du marquis de La Meilleraye, et participe, avec lui, à la prise d’Aire-sur-la-Lys, le 26 juillet 1641, avant que la place ne soit assiégée par les Impériaux.

En 1642, sa position politique semble avoir changé : dans le contexte de la rébellion menée par le marquis de Cinq-Mars, Richelieu se refuse à solliciter son soutien, certain que Ruvigny a choisi d’adhérer à la cause de Cinq-Mars⁸.

Le 9 juin 1644, il lève un régiment d’infanterie à son nom et s’engage à sa tête en Italie. Maréchal de camp par brevet du 20 avril 1645, il devient mestre de camp du régiment de cavalerie Colonel-général par commission du 14 juin suivant. Il s’en démet en novembre 1647 et obtient, le 26 du même mois, un régiment de cavalerie étrangère qu’il conserve jusqu’en 1652. Le 10 juillet 1652, il est promu lieutenant général des armées du Roi.

Le marquis de Ruvigny est le député général des églises protestantes de France auprès du roi de France entre 1653 et 1676, date à laquelle il se démet de ses fonctions en faveur de son fils aîné, également prénommé Henri, avec lequel il peut être confondu.

Il est encore envoyé à plusieurs reprises en ambassade extraordinaire en Angleterre.

Anticipant la révocation de l’édit de Nantes (1685), il obtient du roi Charles II d’Angleterre la naturalisation dès 1680, et de Louis XIV l’autorisation de se retirer Outre-Manche, en compagnie de son épouse et de ses deux fils, en 1686. Il est également pourvu de la charge de grand fauconnier du duc d’Orléans, dont il obtient la survivance. 

Texte 873,

1. Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 1233-1235 ; A. de Galtier de Laroque, Le marquis de Ruvigny, député général des Églises réformées auprès du Roi, et les protestants à la cour de Louis XIV (1643-1685), Paris, E. Plon, Nourrit et C^ie, 1892, p. 33-34 notes ; voir aussi François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome IX, Paris, chez Antoine Boudet, 1775, p. 595. [↩]
2. Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome II, p. 1214. Anton Van Dyck a peint un portrait de la comtesse de Southampton, représentée assise en dame Fortune, peu de temps avant son décès. Le portrait est conservé à la National Gallery of Victoria. Voir Christopher Brown, Hans Vlieghe et alii, Antoine Van Dyck (1599-1641), Ludion / Flammarion, Gand, Amsterdam / Paris, [1999], p. 87-89 et p. 336-337. [↩]
3. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome II, p. 1013. [↩]
4. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome I, p. 627. [↩]
5. La duchesse de Rohan, enceinte du duc de Candale, donne alors naissance à un fils, Tancrède. [↩]
6. Voir le texte 873. [↩]
7. Richelieu au comte de Chavigny, 20 août 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 556. [↩]
8. Richelieu au comte de Chavigny, de Tarascon, le 29 juillet 1642, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome VII, p. 53-57, voir p. 55. [↩]

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