Lescot (Jacques)

Jacques Lescot (1593-1656) est natif de Saint-Quentin et issu d’une famille de marchands relativement modeste. Il succède à Philippe Gamaches à l’une des six chaires de théologie de la Sorbonne en 1625 et devient principal du collège de Dainville. Il détient aussi la charge de lecteur du Roi.

En 1634, alors que le traité d’Écouen (2 octobre) scelle un accord fragile entre Louis XIII et son frère, le duc d’Orléans, qui a secrètement épousé, le 3 janvier 1632, la sœur du duc Charles IV de Lorraine, Marguerite, Jacques Lescot, avec le père Joseph, le comte de Chavigny, le père jésuite Michel Rabardeau, Nicolas Isambert, docteur en Sorbonne, et le père Charles de Condren, de l’Oratoire, confesseur de Monsieur, est envoyé à Blois afin de convaincre ce dernier de la nullité de son mariage en regard des coutumes du royaume, en vain. Jacques Lescot permet aussi à Antoine Arnauld, « le Grand Arnauld », de découvrir la pensée de Jansénius ((C. Lancelot, Mémoire touchant la vie de M. de Saint-Cyran, tome premier, Cologne, aux dépens de la Compagnie, 1738, p. 140.)), avant de s’opposer à lui sur la question de la grâce au cours de l’année 1635.

À la même date, il est consulté, avec André Duval, à propos de  la commission de visite de la congrégation des dominicains délivrée par le maître général, Nicolas Ridolfi, à Jean-Baptiste Carré, que la congrégation juge incompétent en regard du droit particulier des dominicains1.

Selon Lescot et Duval, le droit particulier de la congrégation n’a plus de fondement depuis l’achèvement de la réforme du grand couvent de Saint-Jacques, non plus que l’appel des religieux contre les nouvelles réformes que Nicolas Ridolfi, avec l’appui du pape Urbain VIII, souhaite leur imposer2.

À la fin de la même année 1635, Jacques Lescot est encore l’un des théologiens que Richelieu consulte à propos du don gratuit que le Roi sollicite auprès de l’assemblée générale du clergé de France3.

En 1638, Jacques Lescot reçoit en commende l’abbaye de La Chapelle-des-Planches, en Champagne.

L’année suivante, il devient le confesseur de Richelieu.

En 1642, il est pourvu de l’évêché de Chartres, qu’il conserve jusqu’à sa mort. Il est à noter qu’il est l’un des témoins qui signent le testament fait par Richelieu, à Narbonne, devant le notaire Pierre Falconis, le 23 mai 1642. 

Voir aussi Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 656-657.

Texte 876,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Ninon Maillard, « Les procédures d’appel comme d’abus des dominicains à l’époque moderne », dans Patrick Arabeyre et Brigitte Basdevant-Gaudemet (dir.), Les clercs et les princes : doctrines et pratiques de l’autorité ecclésiastique à l’époque moderne, Paris, école des Chartes, 2013, p. 213-225. Voir également aussi le courrier que le père Carré adresse à Richelieu, le 26 avril 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 197-200. []
  2. L’historienne du droit Ninon Maillard précise : « Deux professeurs de théologie [Jacques Lescot et André Duval] sont d’avis que le père général […] peut effectivement envoyer des commissaires à Saint-Jacques puisque les privilèges de la Congrégation Gallicane [prônant une observance modérée, à laquelle se rattache le couvent des jacobins], octroyés par les bulles pontificales, l’ont été intuitu reformatione. », Ninon Maillard, Droit, réforme et organisation nationale d’un ordre religieux en France : le cas de l’Ordre des Frères Prêcheurs (1626-1660), thèse de doctorat de droit, dir. Pr. Jacques Poumarède, soutenue à l’université de Toulouse I, octobre 2005, p. 280. []
  3. Le mémoire que Jacques Lescot élabore à ce sujet, justifiant le bon droit du souverain, est conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 837, f° 162-166. Il est joint à celui de Michel Rabardeau, conservé aux f° 167-168. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (11 août 2024). Lescot (Jacques). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 19 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/125ut


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