Claude de Rebé à Richelieu, Pézenas, 8 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1628, f^° 154-155. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 319.

Monseigneur,

M. d’Hémery m’a communiqué le sujet de la dépêche qu’il se donne l’honneur de faire à Votre Grandeur¹. J’apporterai en cette occasion ce que je croirai être important au bien du service du Roi et à votre contentement et satisfaction particulière. Je suis vexé extraordinairement par mes parties qui m’ont fait bailler des assignations au Grand Conseil si fréquentes depuis six mois en ça, et les poursuivent avec tant de chaleur et de passion, que je suis contraint d’aller à Paris pour défendre les droits de mon église, laquelle on veut dégrader en toutes ses parties plus essentielles. Mais, comme j’ai parlé à MM. les commissaires du Roi de la nécessité que j’avais d’absenter la province, pour aller en personne rendre l’assistance que je dois à mon bénéfice et à moi-même, ils m’ont contraint de demeurer ici jusqu’à la fin de nos États, à quoi je n’ai pas cru de pouvoir ni devoir faire résistance. 

C’est pourquoi pour le pouvoir faire avec plus de liberté et moins d’appréhension, j’ai recours au Roi pour avoir des lettres d’État, afin que pendant que je suis arrêté pour son service dans la province, mes parties ne se prévalent pas de mon absence pour assouvir la passion qu’ils ont contre moi et mon église. Je vous supplie donc, Monseigneur, de vouloir favoriser ma demande, laquelle étant appuyée de votre recommandation sera promptement expédiée. C’est ce que j’attends de votre bonté, et que vous me ferez l’honneur, s’il vous plaît, de croire que je suis et serai pour jamais, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Cl. de Rebé, archevêque de Narbonne 

À Pézenas, le 8 juillet 1632

1. Voir les textes 877 et 878. [↩]

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