Gabriel de Guénégaud à Richelieu, Paris, 19 juillet 1632. 

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 270. Original autographe. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 341.

Monseigneur,

J’ai, suivant l’ordre de Monseigneur le surintendant [le maréchal d’Effiat], pourvu au recouvrement de six cens mille livres en or, que j’envoie en l’armée. Mais le Roi s’étant approché, je n’ai voulu faire partir la voiture sans avoir l’ordre de Sa Majesté, tant du chemin que sûreté des deniers, bien que Mondit seigneur m’ait mandé par sa lettre du VI^me de ce mois, que j’envoie ladite voiture passer à Châlons, et prendre le prévôt des marchands¹, pour la conduire à Toul, où l’on prendra autre escorte pour aller à Vic, auquel lieu l’on trouvera l’ordre de mondict seigneur le surintendant du lieu où elle s’acheminera.

Je vous envoie mon fils [Henri de Guénégaud] pour prendre le commandement et ordre qu’il sera nécessaire à mon commis de suivre, que je supplie très humblement Votre Éminence de lui vouloir faire délivrer, et de se ressouvenir que l’escorte dudit prévôt n’est guère bonne, la plupart de ses archers n’ayant point de chevaux. Il me sera besoin d’une ordonnance de Sa Majesté, si les deniers partent hors le royaume, afin que l’on ne me puisse imputer aucune faute. Je vous supplierais très humblement, Monseigneur, de la faire délivrer, et de me conserver en l’honneur de vos bonnes grâces, comme étant de Votre Éminence, Monseigneur, très humble, très obéissant et affectionné serviteur, 

de Guénégaud

De Paris, ce XIX juillet 1632

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. en référence à Michel Moreau, prévôts des marchands de Paris en 1632 à la suite de Christophe Sanguin ? [↩]