Nicolas Bautru, seigneur de Nogent, à Richelieu, Paris, [vers le 20 juillet 1632].

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 273. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 346.

Monseigneur,

J’ai cru vous devoir donner avis de comme j’ai appris aujourd’hui du père Jean-Baptiste Carré, jacobin réformé, qui m’a dit le tenir du révérend père général [Nicolas Ridolfi]. C’est que le père général avait commandé au père Jean-Baptiste Carré d’aller trouver la Reine pour lui dire qu’elle ne devait pas désirer que le marquis de Mirabel fût encore continué ambassadeur en France, et qu’il savait de très bonne part que Sa Majesté avait écrit en Espagne en faveur dudit marquis de Mirabel, afin qu’il fût continué, et qu’elle faisait une grande brigue pour cela, et que si Sa Majesté savait le tort que cela lui ferait, elle s’en satisferait et désirerait que ledit marquis de Mirabel ne vînt jamais en France.

Il y a déjà plus d’un mois que le père général avait fait ce commandement audit père Jean-Baptiste Carré. Je crois que le père général sait cette nouvelle du côté de Sa Sainteté [le pape Urbain VIII]. S’il vous plaît me faire l’honneur de me mander si vous jugez à propos que ledit père Jean-Baptiste Carré vienne trouver la Reine ou si, maintenant que le marquis de Mirabel s’en est allé, cette affaire n’est plus de saison, selon ce que vous me ferez l’honneur de me mander, je le dirai audit père Jean-Baptiste Carré, qui fera tout comme je lui témoignerai que vous désirerez, et non autre chose. Il m’a dit qu’il savait bien des nouvelles dudit marquis de Mirabel, et qu’il n’était guère bien affectionné pour le Roi ni pour vous, Monseigneur. Ledit père Jean-Baptiste Carré partira incontinent qu’il saura votre volonté. Je prie Dieu qu’il vous conserve en santé et vous donne longue et heureuse vie. Je pars dans deux jours pour m’en aller à Nogent [Nogent-le-roi] passer sept ou huit jours. Faites-moi cependant, s’il vous plait, l’honneur de me croire avec plus de passion qu’homme du monde, Monseigneur, votre très humble et très obéissant et très fidèle et très obligé serviteur, 

N. Bautru

Ce lundi au soir, à Paris

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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