Maurice de Blanchefort, seigneur de Beauregard, au maréchal de Schomberg, Riom, 22 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 280. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 348-349. 

Le document, sans suscription, qui mentionne que le signataire se porte à la rencontre du destinataire, ne peut être adressé à Richelieu, qui se trouve, le 22 juillet 1632, à Bois-le-Vicomte, d’où il écrit à Charles de Noailles, évêque de Saint-Flour¹. Il n’est pas non plus adressé au maréchal de La Force, qu’il évoque. Il est vraisemblablement adressé au maréchal de Schomberg, qui écrit à Richelieu, de Maringues, le 1^er août suivant, et lui transmet probablement le présent document²

Monseigneur,

Je vous puis dire que Monseigneur [le duc d’Orléans] partit de Volvic, distant d’une lieu de cette ville, le samedi 10° de ce mois, et alla coucher à Orcet, le lendemain à Antoingt près Vodable, où il avait laissé garnison, laquelle on a sorti depuis son passage, de là, à Lempdes, de Lempdes à Massiac, de là à Saint-Poncy, de Saint-Poncy à Ruynes[en-Margeride], passa tout contre Saint-Flour, de Ruynes à Malzieu, et de là à Saint-Chély[d’Apcher], qui est le bout de la province et de ma science. S’il a continué la même route, il est à cette heure aux environs de Mende³. Ils sont fort ponctuels pour la tenir secrète. Ils prennent guides pour 3, et puis, le cul sur la selle, ils se font conduire où ils ont dessein d’aller. On les tient fors en nombre de près de 4 000 chevaux, de tout incommodés que de pistoles : qui a poudre n’a point de balles, ou ses armes ont besoin de quelque raccommodement, et ils [ne] rentrent point dans des lieux assez bons, ou ils trouvent ouvriers à cet ouvrage. D’ailleurs, leurs dissolutions font leur mal et fuir tout le monde. Ils s’entretiennent d’avoir bientôt 15 000 hommes de pied. Je ne sais d’où ils leur pourront venir. Mondit seigneur espère beaucoup en la créance du sieur Dondredieu, qu’il a fait maréchal de camp.

Je me résous de partir demain pour sauter le chemin de M. le maréchal de La Force pour lui faire entendre vos intentions, si pour le moins il n’a passé Lyon, où l’on m’a dit qu’il ferait embarquer son infanterie. Et d’où je le trouverai, je prendrai la traverse pour m’en aller droit à Mende y veiller les occasions de vous obéir, et me rendre sur votre passage, ainsi que vous me le commanderez par un homme que j’espère vous avoir envoyé plus tôt que vous ne soyez arrivé à Chanac. Vous verrez la route pour y arriver la meilleure qui se puisse prendre. 

Selon l’avis du sieur de Baumevielle et le mien, les villages voisins de Gannat ne sont point à Monsieur le maréchal d’Effiat, par quoi vous pourrez faire votre logement assez aisément. Ledit sieur de Baumevielle m’a dit qu’il vous enverrait son fils pour vous servir en tout ce qui s’offrirait. Je n’ai pas laissé de vous envoyer ce porteur, qui sera toujours prêt de partir à toutes occurrences. En attendant l’honneur de vos commandements, je prie Dieu qui vous comble de ses grâces et me fasse mériter justement le glorieux titre, Monseigneur, de votre très humble et très obéissant serviteur, 

Beauregard-Blanchefort

De Riom, ce XXII° juillet 1632

Force avait promis de suivre mondit seigneur, qui songent à leur conscience et qui s’en excusent même de s’y être engagés [sic].

1. Voir la transcription de ce courrier dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome IV, p. 324-325. [↩]
2. La transcription de ce courrier a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 368-370, translation publiée en ligne, texte 927. [↩]
3. Mende est à 48 km de Saint-Chély-d’Apcher. [↩]

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