Annet de Soudeilles à Richelieu, Pézenas, 26 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1628, f^° 180-181. Original autographe. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 356-357.

Monseigneur,

Me trouvant obligé de vous rendre compte de ce que vous m’avez commandé venant dans cette province, je <…> d’en prendre la peine d’être bien informé de toutes choses, mais il faut premièrement que je soulage mon cœur de la douleur que j’ai de n’être pas venu assez tôt que je vous dise une partie de celle que je ressens. Et pour satisfaire à l’obligation de vos commandements, que je m’explique en peu de mots du succès de mon voyage.

Je trouve donc Monseigneur de Montmorency accablé de tant d’avis, du côté de la Cour et de tous endroits de son gouvernement, de soupçons que l’on y avait de la guerre, du peu de sûreté qu’il y avait pour sa personne et sa fortune, que mes persuasions et toutes les raisons que j’ai souventement [sic] employées pour en guérir son esprit ont été toutes assez inutiles. Et sa méfiance croissant tous les jours, même depuis mon arrivée, comme vous avez pu voir par la dépêche qu’il vous fit de Bagnols pour vous faire voir celle de MM. de Narbonne¹ et de Monsieur [le duc d’Orléans], j’ai eu encore moins de moyen de le persuader. La conduite qu’on a tenue pour les affaires de la province l’a non seulement désobligé, mais confirmé d’en penser qu’il avait perdu vos bonnes grâces. Les ordres de M. de La Force, et ceux que l’on lui a donnés pleins de mépris et de méfiance depuis que Monsieur est entré, on pense leur confirmé dans cette créance et dans la résolution de s’assurer là-dessus. 

Monsieur s’approchant, avec lequel il pense n’avoir eu aucune communication dans le royaume, refuse d’aucune sollicitation pour le faire entrer <…>, ce que je vérifie par tous ceux qui en pouvaient savoir quelque chose, et lui avons demandé amitié et sureté dans son gouvernement. Il a cru là en devoir de nous accorder pour le sienne propre, Monsieur venant donc sans autres forces que celles que vous savez, et sans autre pouvoir dans la province que celui que Monseigneur de Montmorency lui peut donner. Si dans cette posture et véritable relation que <…> accompagner de toutes ces circonstances, mon service vous est utile, vous n’avez qu’à me commander et faire savoir vos volontés, m’assurant que mon maître trouve ça bon que j’obéisse, étant obligé de vous dire que dans la résolution qu’il a prise, je le trouve toujours plein d’amour et de respect pour vous. J’attendrai l’honneur de vos commandements et demeure avec les soins et la fidélité que vous devez attendre, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Soudeilles

De Pézenas, se 26 juillet 1632

1. Les six consuls de la ville de Narbonne en 1632 sont dans l’ordre de prééminence : Messire Jean de Gibron, docteur, Jean de Cogomblis, César Angles, Bertrand Marty, Jean Antoine Sigean, Pierre Laffon. Voir l’armorial des consuls de Narbonne, Bibliothèque municipale de Narbone, Manuscrit 307, disponible en ligne, consulté le 09/10/2024/. [↩]

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