Le marquis de Saint-Chamond à Richelieu, Calais, 28 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1675, f^° 214-215. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 361-362.

Monseigneur,

Je vous ai écrit par mes précédentes comme, ayant su l’arrivée du commandeur de Valençay à Londres, j’y avais envoyé cinq ou six gentilshommes, et autant de soldats, pour le guetter sur son passage, et essayer de le prendre sur la mer. Mais ils y sont arrivés trop tard, car il est sorti d’Angleterre plus tôt qu’on n’espérait, et s’en est allé sans dire adieu, et sans en rapporter aucune satisfaction, comme vous le pourrez voir par la lettre que m’en écrit M. de Fontenay, que je vous envoie.

Le commis du bureau de cette ville a fait prendre treize lingots d’argent, qui valent environ mille écus la pièce, et prétend de les faire confisquer. Et néanmoins, il semble depuis hier, qu’il ait fait sous-main quelque accommodement avec les marchands, car ils ont sursis leurs poursuites jusqu’à ce qu’ils auront [sic] des nouvelles du sieur de La Grange, fermier général. La prise ayant été faite sur la mer, vos officiers en ont pris connaissance, et vous en envoient les procédures.

Monseigneur, je les maintiendrai dans l’autorité de leurs charges, et ferai exécuter leur jugement au préjudice du juge des traités. En attendant vos commandements, s’il y a lieu de confiscation, que vous ne la veuillez pas pour vous, et qu’il vous plaise de me la faire avoir en tout, ou en partie, j’empêcherai que ceux du bureau n’y fassent de la friponnerie avec les marchands, et en emploierai une partie telle qu’il vous plaira aux réparations de cette ville.

On travaille à bon escient à la contrescarpe du bastion de Fermes, et crois que dans quinze jours elle sera bien avancée. J’attends vos ordres, Monseigneur, pour la maçonnerie, suivant ce que j’ai écrit à M. de La Vrillière de vous représenter et vous supplie très humblement de croire que vous n’avez créature au monde qui soit plus véritablement que moi, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Saint-Chamond

À Calais, le 28^e juillet 1632

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