Maximilien II de Béthune (1588-1634), marquis de Rosny, prince d’Henrichemont et de Boisbelle, baron de Bontin, est le fils aîné de Maximilien de Béthune (1559-1641), baron puis marquis de Rosny, duc de Sully, prince d’Henrichemont et de Boisbelle, marquis de Nogent-le-Rotrou, comte de Muret et de Villebon, vicomte de Meaux, et d’Anne de Courtenay (1564-1589).

Il est aussi le beau-frère du duc de Rohan, qui a épousé sa sœur, Marguerite de Béthune, en 1605¹.

Selon Louis Moréri, il est pourvu de la charge de surintendant des fortifications et des bâtiments de France, et des gouvernements de Mantes et de Jargeau². Le 30 avril 1618, le duc de Sully résigne en sa faveur la charge de grand-maître de l’artillerie de France, qui lui avait été donnée en novembre 1598 et érigée en 1601 en office de la Couronne, tout en s’en réservant la survivance. Mais, en 1627-1628, lors du siège de La Rochelle, le marquis de Rosny commet de telles négligences dans l’exercice de la charge que, malgré l’intervention de Sully, le Roi charge le maréchal d’Effiat d’exercer les fonctions dévolues au marquis de Rosny³.

Dès 1629, il tente, en vain, d’obtenir du Roi l’autorisation de reprendre l’exercice effectif de la charge dont il a été privé, puisque, son beau-frère est chef du parti protestant, et que qu’il « ne peut être employé en l’armée du Languedoc contre le duc de Rohan »⁴.

Après le décès du maréchal d’Effiat (27 juillet 1632), le duc de Sully renouvelle les mêmes démarches⁵. Sully plaide en vain la cause de son fils, le cardinal de Richelieu songe déjà à faire transférer la charge de grand-maître de l’artillerie à son parent, Charles de La Porte de La Meilleraye, par ailleurs gendre du défunt surintendant des finances. Richelieu souhaitait joindre à la charge de grand-maître de l’artillerie celle de commissaire général aux poudres et salpêtres. Il doit, à cet effet, écrire à Claude Bouthillier, le 24 juin 1633 : « […] Mon cousin de La Meilleraye m’a écrit le nouvel « établissement que vous faites pour la fourniture des poudres à l’avantage du service du Roi. Comme il ne voudrait pas, pour rien du monde, traverser un établissement utile, il sera bien aise, sans le troubler, que cela ne diminue point la charge dont il fait fonction, tant pour le respect de MM. de Sully et de Rosny, comme vous pouvez croire, que pour la pensée qu’il pourrait avoir d’être un jour leur successeur medientus illis, si les propositions sont raisonnables. Pour satisfaire à ses intentions et aux vôtres, il n’y a qu’un moyen, qui est que M. de Bullion et vous le préfériez à prix raisonnables à cette nouvelle charge d’intendant et commissaire général des poudres et salpêtres »⁶.  

Le marquis de Rosny a épousé, en 1609, Françoise de Bonne de Créqui, dont il a Maximilien III de Béthune (v. 1614-1661), qui épouse, en 1639, Charlotte Séguier, et devient à son tour duc de Sully et pair de France en 1641, à la mort de son grand-père⁷. Il entretient aussi une liaison adultère avec la cousine germaine de Françoise de Bonne de Créqui, Marie Creton d’Estournel, dame de Gravelle, accusée, en 1635, de complot visant à attenter à la vie de Richelieu, et condamnée à la prison à perpétuité pour crime de lèse-majesté⁸. Le marquis de Rosny et Madame de Gravelle ont deux enfants : le premier mort en bas âge, puis une fille, Anne, légitimée en 1638, qui épouse, en premières noces, Timoléon de Bauves, baron de Contenant⁹. Anne de Béthune convole en secondes noces, en 1654, avec Henri I^er de Senneterre. 

Le marquis de Rosny décède le 1^erseptembre 1634. 

Voir aussi Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 188, et p. 314.

Textes 925, 941, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts

1. Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 49. [↩]
2. Louis Moréri, Le grand dictionnaire… tome I, Paris, chez Denis Mariette, 1718, p. 874-875. [↩]
3. Concernant les manquements du marquis de Rosny, voir le courrier que Richelieu adresse au duc de Guise, d’Aytré, le 22 octobre 1627, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 589 ; le courrier que le marquis de Rosny adresse à Richelieu, le 12 avril 1628, et les courriers du duc de Sully à Richelieu, du 22 août et du 12 novembre1628, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 176, 453 et 564. [↩]
4. Marie de Médicis à Richelieu, Paris, 22 et 23 janvier 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, ouvrage cité, p. 49 et p. 53-54. [↩]
5. Voir le courrier que le duc de Sully adresse à Richelieu, de Sully-sur-Loire le 31 juillet 1632, translation publiée en ligne, texte 925. [↩]
6. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome IV, p. 469. [↩]
7. Voir Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 914-916. [↩]
8. Antoine Adam précise que la mère de Marie d’Estournel était la tante de Françoise de Bonne de Créqui, voir Antoine Adam (éd.), Historiettes de Tallemant des Réaux, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome 1, p. 120. Concernant le procès intenté à Marie d’Estournel dame de Gravelle, voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 10-11 et p. 235-245. [↩]
9. Voir Louis Moréri, Le grand dictionnaire…, ouvrage cité, p. 875 ; Antoine Adam (éd.), Historiettes de Tallemant des Réaux, ouvrage cité, tome 2, p. 1023. Timoléon de Bauves, baron de Contenant (ou Coustenant), exerce la charge de capitaine lieutenant des petits chevau-légers du Roi, Gaspard Thaumas de La Thaumassière, Histoire du Berry, Paris, chez Jacques Morel, 1789, p. 989. [↩]