Le marquis de Saint-Chamond à Richelieu, Calais, 5 août 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 1675, f^° 216. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 373.

Monseigneur,

Je fais travailler à la contrescarpe du bastion de Fermes, en façon que, dans quinze jours, j’espère de la faire achever. Pour la maçonnerie et les ouvrages de terre du fort de Nieulay, j’ai écrit à M. de La Vrillière les difficultés qui s’y rencontrent, et n’en reçois aucune réponse. Cependant la belle saison se perd et se passe sans rien faire. Il serait aussi très nécessaire qu’il vous plut, Monseigneur, de faire assigner le fonds entier pour tous les travaux que le Roi a ordonné en cette place, car, encore que l’argent ne soit pas comptant, le sieur Lattignau [Lattaignault] m’a promis de l’avancer, pourvu qu’il soit assuré. 

J’ai un extrême déplaisir, Monseigneur, de voir ceux qui sont des plus obligés au service du Roi, et au vôtre, d’être des premiers à vous manquer. Vous avez assez de puissance pour les ranger en leur devoir. Et quoique je n’aie rien à vous offrir, qui ne vous soit dû, je ne laisserai de vous supplier très humblement, Monseigneur, de disposer de ma vie avec toute autorité, et de croire qu’en cette occasion comme en toute autre, je témoignerai que je suis votre créature, très obligée, et sans aucune exception, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Saint-Chamond

À Calais, le 4^e août 1632

Si vous entreprenez un long voyage, comme on le dit, j’estime qu’il serait très à propos que j’eusse l’honneur d’aller recevoir vos commandements pour vous remontrer l’état et les nécessités de cette place, et des choses importantes à votre service particulier. Il ne me faut que quatre ou cinq jours pour ce voyage, pendant lesquels je laisserai <…> qu’il ne m’y arrivera rien. Je suis avec passion ennemi de vos ennemis et votre très humble serviteur.

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