Louis-Emmanuel de Valois (1596-1653), comte d’Alès (systématiquement orthographié “Alais” dans les documents de l’époque), puis duc d’Angoulême, comte d’Auvergne, de Clermont et de Ponthieu, est le deuxième fils de Charles de Valois (1573-1650), duc d’Angoulême, et de Charlotte de Montmorency († 12 août 1636), comtesse d’Alais, sœur du duc Henri II de Montmorency.
Destiné, en tant que cadet, à l’état ecclésiastique, il est pourvu en commende, selon M. Pinard, des abbayes Saint-André de Clermont et de La Chaise-Dieu. En 1612, il est nommé à l’évêché d’Agde. Mais la démence de son frère aîné, Henri, et la mort de son frère cadet, François, le 19 septembre 1622, déterminent son retour à l’état laïc, tout en conservant ses bénéfices jusqu’en février 1629 et son mariage avec Marie Henriette de La Guiche († 22 mai 1682), veuve de Jacques de Matignon, comte de Thorigny († 1626). Selon Denis-Louis-Martial Avenel, le comte d’Alais, est aussi, en 1622, abbé en commende de l’abbaye de La Victoire, près de Senlis, qu’il résigne en 1628, pour se marier1.
Au début de l’automne 1622, il sert comme volontaire au siège de Montpellier.
Sur la démission de son père, il accède au grade de colonel général de cavalerie légère le 1er janvier 1624.
Il est engagé, avec ses troupes, à l’armée d’Italie, sous les ordres du connétable de Lesdiguières en 1625-1626 : il se distingue au siège puis à la prise des ville et château de Gavi, en Piémont, le 26 avril 1625, avant que la place ne soit reprise par les Génois ; il contribue à la défaite du duc de Feria, contraint de lever le siège de Verrue le 17 novembre suivant. Le comte d’Alais se porte ensuite au secours d’Ast et reste en Italie jusqu’au traité de Monçon, conclu par la France et l’Espagne le 5 mars 1626.
En 1627-1628, il prend part, à la tête de la cavalerie, au siège de La Rochelle, puis, en 1629, à ceux de Privas et d’Alais.
En février 1631, Louis XIII lui confie l’escorte de Marie de Médicis à son départ de Compiègne, à la suite du maréchal d’Estrées, à la sortie de l’Île-de-France2.
En 1632, le comte d’Alais est d’abord envoyé en Lorraine : en compagnie du comte de Sault et du duc d’Halluin, il défait la cavalerie du duc à Rouvrois, le 18 juin, contraignant ainsi Charles IV à la signature du traité de Liverdun le 26 et à remettre la ville de Bar-le-Duc au roi de France.
Il est fait chevalier des ordres du Roi le 14 mai 1633. La même année, il contribue à la conquête de la Lorraine et à la prise de Nancy en septembre.
Le comte d’Alais est créé maréchal de camp par brevet du 17 avril 1635, en même temps qu’Antoine III de Gramont et que Charles de La Porte, marquis de La Meilleraye.
En juillet 1636, après la prise de La Capelle par les Espagnols, Richelieu l’envoie à Abbeville pour en assurer la défense3. Cependant, le comte d’Alais est réticent à obéir aux instructions qu’il reçoit et à en organiser la défense, ou manque des moyens nécessaires, Richelieu devant lui envoyer des renforts à la fin août4.
Par provisions du 29 octobre 1637, et en remplacement du maréchal de Vitry, incarcéré à la Bastille, il accède aux charges de gouverneur et lieutenant général de Provence, où il demeure en fonctions plusieurs années.
Preuve de la confiance dont il bénéficie auprès de Richelieu, ce dernier, craignant un débarquement ennemi en Provence, lui délègue ses prérogatives de grand-maître de la navigation et du commerce pour agir dans les îles bordant les côtes de la province et lui recommande de prendre les mesures nécessaires si ses craintes se justifiaient5.
En 1641, il convainc Honoré II Grimaldi, prince de Morgues et de Monaco, à se placer sous protection française et à signer en ce sens le traité de Péronne, le 14 septembre.
Au cours de l’été 1642, il procède à l’inspection des côtes de Provence pour en vérifier la mise en défense et mobiliser à cet effet milices et noblesse6.
Le 28 novembre 1643, il est fait colonel général de la cavalerie française et étrangère.
En 1649, il lève d’importants contingents en Provence : mille hommes destinés à l’infanterie et cinq cents chevaux, pour former quatre régiments d’infanterie de vingt compagnies chacun et deux régiments de cavalerie de six compagnies, licenciés l’année suivante.
À la mort de son père, le 24 septembre 1650, il devient duc d’Angoulême et retourne à la Cour.
Au cours de la Fronde, il s’engage dans le parti des Princes et doit se retirer en Provence.
Louis XIV ordonne son arrestation le 23 juin 1652 : le comte de Palluau y procède et le conduit à Amboise. Il est libéré au mois d’octobre suivant.
En juillet 1653, le comté de La Guiche est érigé en sa faveur en duché-pairie, sans que les lettres soient enregistrées. Il est fait ministre d’État le 20 du même mois.
De son mariage naissent au moins deux fils : Louis de Valois-Angoulême (1630-1637), comte d’Auvergne ; Armand, né le 14 juillet 1635, décédé en 1639.
Il décède lui-même le 13 novembre 1653.
Voir Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 404-406 ;
M. Pinard, Chronologie historique-militaire… Paris, chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome VI, p. 106-107.
- La commende de l’établissement reste cependant vacante jusqu’à son attribution à Claude Duval, seigneur de Coupeauville, en décembre 1639 : voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 831, note. [↩]
- « Instruction pour Monsieur le maréchal d’Estrées… », en date du 21 février 1631, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome IV, p. 95-96. [↩]
- Voir le courrier que Richelieu adresse au Roi, de Charonne, le 11 juillet 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 508-509. [↩]
- Voir le rapport que Richelieu adresse au Roi, le 16 août 1636, ouvrage cité, tome V, p. 547-548, Louis XIII écrit lui-même au comte d’Alais pour l’exhorter à se rendre à ses devoirs. Voir aussi l’analyse que donne Avenel d’un courrier que Richelieu adresse au comte d’Alais, le 22, ouvrage cité, tome V, p. 987. [↩]
- Voir l’analyse d’un courrier en ce sens que Richelieu adresse au comte d’Alais, le 24 avril 1638, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 187, et l’analyse du courrier que Richelieu adresse au comte d’Alais, le 7 juin, ibidem, p. 1032. [↩]
- Voir le courrier que Richelieu adresse à François Sublet de Noyers, de Tarascon, le 5 juillet 1642, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 10-11. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (30 novembre 2024). Valois (Louis-Emmanuel de, comte d’Alès puis duc d’Angoulême). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 19 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12ssh