Jean-Jacques de Brunet, baron de Pujols (ou Pujol, Pugeols), en Agenais, vicomte d’Ambialet, en Albigeois, seigneur de Lestelle, est le fils de Louis de Brunet et de Madeleine de Lordat¹.  Né vers 1581, il devient gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, et gouverneur de Clairac et de Tonneins à la suite de son père. 

Il apparaît dans la correspondance de Richelieu comme négociateur, pour Louis XIII, auprès du duc de Rohan, après la sortie du frère de ce dernier, Soubise, du port du Blavet (Port-Louis) le 17 janvier 1625².

Ses missions, d’ordre diplomatique, et toujours officieuses, en font l’un des agents de l’ombre qu’emploient Louis XIII et Richelieu. En 1627, lors de négociations entamées avec le roi d’Angleterre en vue d’un possible mariage du comte de Soissons avec la nièce de Charles I^er, fille du comte palatin Frédéric V, roi de Bohême, il est chargé de porter des portraits outre-Manche³. Il passe vers cette époque au service du comte de Soissons⁴.

Le baron de Pujols, ou son fils, se trouve dans les rangs l’armée du prince de Condé, en mai 1628, après la prise, par le duc de Rohan, de la place de Meyrueis⁵.

Cependant, Richelieu établit l’ambiguïté de ses actions. Il doit s’exiler en Espagne au début de l’année 1634⁶.

Après l’entrée du roi de France en guerre ouverte contre l’Espagne (19 mai 1635), il tente de regagner la faveur du roi de France comme négociateur officieux auprès du comte-duc Olivares. Richelieu relève bientôt sa maladresse, a minima, ayant, dans l’une de ses lettres, fait figurer le nom d’Henri I^er de Senneterre, ambassadeur extraordinaire du roi de France en Angleterre. Or Senneterre a alerté Richelieu que Pujols, envoyé à Londres par Olivares, avec la lettre incriminée, pour négocier avec Senneterre, envisage l’envoi d’un émissaire espagnol à Londres ou à Paris ; le même Pujols, à la demande d’Olivares, pourrait ainsi fournir matière à une éventuelle rumeur de négociations secrètes franco-espagnoles en contravention des engagements pris par le roi de France auprès de ses alliés protestants⁷. Face au risque encouru par la diplomatie française, le cardinal-ministre suggère au Roi de donner l’ordre à Pujols d’écrire à ses contacts espagnols qu’il est inutile d’envoyer qui que ce soit en France ou en Angleterre mais que l’envoi de Pujols auprès de Senneterre n’est pas malvenu dans le contexte de la préparation d’une conférence de paix à Cologne (à l’initiative du Saint-Siège)⁸. Le 28 mai 1637, Richelieu annonce à Pujol retarder les négociations entamées par Senneterre et le comte de Poigny (ambassadeur ordinaire) avec l’Angleterre pour ne donner aucun soupçon aux alliés de la France⁹.

Dans le contexte de l’échec de la conférence de paix à Cologne, le baron de Pujols tente encore de négocier une trêve avec le comte-duc Olivares, malgré la méfiance de Richelieu¹⁰.

Le 5 mai 1638, arrive à Paris le secrétaire du Cardinal-infant, don Miguel de Salamanca (don Michel de Salamanque), pour de nouvelles négociations confidentielles. Richelieu refuse de recevoir Salamanca avant que le Roi ne reçoive les lettres de Pujols susceptibles d’éclairer la démarche espagnole¹¹. Le cardinal-ministre écrit deux jours plus tard au comte de Chavigny : « aussitôt avoir vu votre dépêche de Pujols, que nous avons trouvée ridicule, je vous redépêche encore exprès pour vous dire que vous pourrez voir don Miguel […]. À vous dire le vrai, j’ai bien peur que Pujols soit plus attaché au parti contraire qu’au nôtre »¹². Pujols est en effet en contact avec le secrétaire d’État Andres de Rozas¹³, et avec le secrétaire des Commandements, Antonio Carnero¹⁴. Avant tout correspondant du comte de Chavigny¹⁵, le baron de Pujols n’en reçoit pas moins alors certaines instructions directement de Richelieu, sans intermédiaire¹⁶.

Denis-Louis-Martial Avenel indique que les négociations secrètes où le baron de Pujols occupe une place centrale, qui se poursuivent jusqu’à la fin de l’année 1642, donnent lieu à un nombre importants de documents retrouvés par l’historien aux archives de Simancas : il s’agit de lettres et mémoires adressés à Pujols (orthographié en Espagnol « Puxol ») par le comte de Chavigny et le comte-duc Olivares, dont Avenel précise la cote, K 1362 liasses A 31 et A 32. En 1640, il envoie d’Espagne en Flandre, dans le cadre des négociations entamées avec Olivares, un émissaire nommé Jacques Brecht, qui, en chemin, en Picardie, rencontre Richelieu, le 13 juin, et quitte Blérancourt à deux heures du matin pour poursuivre sa route¹⁷.

Puis, pendant six mois, Pujols est laissé sans instruction : il s’en plaint en avril 1641, ainsi que de la misère dans laquelle il vit¹⁸.

En 1642, le cardinal-ministre prend la précaution de faire acheminer des dépêches d’Espagne par le sieur Berthemet, à l’insu de Pujol, par les Pays-Bas, vers la Picardie, puis vers le Languedoc. Les échanges épistolaires reprennent pourtant : vingt-quatre lettres datées de 1642, de Pujol, qui signe la plupart de ses lettres d’ « une espèce de S barrée », ont été retrouvées aux archives diplomatiques par Denis-Louis-Martial Avenel¹⁹. Il a alors connaissance du traité signé avec l’Espagne et Olivares par Louis d’Astarac, marquis de Fontrailles, à l’instigation du marquis de Cinq-Mars. Le 22 août 1642, Pujol écrit : « j’ai 61 ans, je suis infirme, je risque d’être emprisonné ou tué, je suis entre les mains du comte-duc »²⁰. Permission lui est accordée de rentrer en France le 26, sur proposition de Richelieu. Retenu quelques semaines par Olivares, il arrive à Oléron le 29 novembre 1642.  

Il a épousé, le 31 mai 1605, Catherine du Faur (ou Dufour) de Pibrac²¹, dont il a un fils, Louis, qui épouse, le 27 octobre 1631, Anne de Castelpers de Lévis²², se charge des affaires de sa mère²³ et décède le 26 mai 1649 des suites d’une blessure.

Malgré les turpitudes dont il fait état en 1642, le baron de Pujols teste le 8 janvier 1646.

On note par ailleurs qu’en 1636, une compagnie de chevau-légers du nom de Pujols est envoyée en renfort au duc d’Halluin au mois de novembre : sans doute est-elle levée par Louis de Brunet de Pujols²⁴.

Dans sa publication sur la Compagnie du Saint-Sacrement, le comte d’Argenson indique que « M. de Pugeols » visite les compagnies du Languedoc plusieurs années après 1631, sans donner de date précise, et dom Beauchet-Filleau, son éditeur scientifique, identifie « M. de Pugeols » comme le baron de Pujols cité dans la correspondance de Richelieu comme émissaire en Espagne et attaché au comte de Soissons²⁵. Plusieurs historiens ont repris l’hypothèse et fait de Jean-Jacques de Brunet, baron de Pujols, un membre de la Compagnie du saint-Sacrement. Rien, cependant, dans la correspondance de Richelieu, ne l’étaie. Et c’est peut-être Louis de Brunet qui en faisait partie.

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1. Abbé J.-B. Gerbeau, Essai historique sur la baronnie de Pujols en Agenais, Agen et Villeneuve-sur-Lot, J. Roche et Glady libraires-éditeurs, 1891, p. 101-103. [↩]
2. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome II, p. 312 note. Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 53 note, indique la date de 1626, mais Avenel souligne qu’il s’agit bien de 1625. [↩]
3. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), … ouvrage cité, tome IV, ouvrage cité, p. 568 note. [↩]
4. Voir les « Discours de Monsieur le Prince à l’entrevue des Caves », 23 janvier 1629, dans Pierre Grillon (éd.), …tome IV, ouvrage cité, p. 50-53. [↩]
5. Louis d’Arpajon à Richelieu, fin mai 1628, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 307-312, voir p. 310. [↩]
6. Richelieu à Léon Bouthillier, 13 juin 1634, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome IV, p. 567-568. [↩]
7. Richelieu à Louis XIII, 22 juin 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 490-491. [↩]
8. Ibidem. [↩]
9. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 313. [↩]
10. Voir l’analyse d’un courrier de Richelieu au comte de Chavigny, du 2 septembre 1637, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 1054. Le cardinal-ministre y évoque le refus de l’empereur Ferdinand III d’accorder des passeports aux ambassadeurs de plusieurs princes d’Allemagne envoyés à Cologne et mentionne deux lettres importantes, à ce sujet, du baron de Pujols. [↩]
11. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 35 note. [↩]
12. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 38. [↩]
13. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 319. [↩]
14. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 930 note. [↩]
15. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 501 note. [↩]
16. Voir les courriers que Richelieu adresse au sieur de Pujols, durant la deuxième quinzaine de novembre 1638, ou le 21 décembre 1640, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), tome VI, p. 241-245 et p. 737-741. [↩]
17. Richelieu au comte de Chavigny, mai 1640, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 695. [↩]
18. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 770. [↩]
19. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 989 et tome VII, p. 166. [↩]
20. Dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 739. [↩]
21. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VIII, p. 426 et p. 487. [↩]
22. Abbé J.-B. Gerbeau, Essai historique sur la baronnie de Pujols en Agenais, ouvrage cité, p. 103 [↩]
23. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), tome VI, p. 774 note. [↩]
24. Richelieu à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, d’Abbeville, le 3 novembre 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 656-659. [↩]
25. R. P. dom H. Beauchet-Filleau (éd.), Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement par le comte René de Voyer d’Argenson, Marseille, imprimerie Saint-Léon, 1900, p. 28. [↩]

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