Sylvestre Crugy [ou Cruzy, Crusy] de Marcillac (1581-1659), type même du prélat guerrier engagé au service du roi de France. Fils de Grimond Crugy de Marcillac et de Françoise de Goué, il est destiné à l’état ecclésiastique. Client du cardinal de Guise, un temps aumônier de Marie de Médicis, abbé de Notre-Dame de La Châtre (diocèse de Saintes) puis de Souillac (diocèse de Sarlat), il entre au service de Richelieu et obtient la charge de maître de chambre du cardinal. 

Participant au siège de La Rochelle, il est pourvu de l’évêché de Mende en mars 1628, à la suite du décès de Daniel de La Mothe-Houdancourt, seigneur du Plessis-Piquet, le 4 ou le 5 du même mois, au cours des mêmes opérations militaires¹.

Sylvestre Crugy de Marcillac se distingue en 1632 dans le maintien de l’autorité du Roi contre le duc d’Orléans et dans la défense de son diocèse. 

Au cours de l’été 1635, il est envoyé en Lorraine, avec la charge de directeur général des vivres, magasins et munitions de l’armée opérant en Lorraine, en Barrois et en Champagne, afin d’y confisquer ou acheter au meilleur marché les blés disponibles au profit des troupes françaises engagées dans la guerre de Trente Ans contre celles du duc Charles IV en Lorraine, et contre celles du Cardinal-infant en Flandres. Il reçoit également pour mission de superviser la destruction des fortifications jugées préjudiciables au maintien des intérêts français dans les duchés et dans les Trois-Évêchés². 

L’évêque de Mende œuvre également à l’établissement d’un hôpital militaire à Nancy, puis, sans le courant de l’été 1636, à celui de Vic-sur-Seille, afin de pouvoir accueillir les soldats français malades ou blessés en Alsace. Son action et son attitude vis-à-vis des membres du Conseil souverain de Nancy, jugée méprisante, sont alors vivement critiquées par l’abbé de Coursan. Le Conseil souverain a en effet condamné à une amende légère deux commis des vivres, agents de Marcillac, pour vol et injures. Peut-être le prélat prend-il l’initiative de rendre la justice lui-même. Il obtient en tout cas, au mois de décembre de la même année, entrée, avec voix délibérative, au sein de l’assemblée judiciaire, avec compétence « en toutes affaires et circonstances »³.

Au cours de l’année 1637, il se rend à deux reprises en Alsace afin de reconnaître l’état des places fortes, notamment celle de Saverne. Résidant le plus souvent à Nancy, un conflit d’autorité quasi-permanent l’oppose aux gouverneurs français de Lorraine successifs, le marquis de Sourdis d’abord, puis Charles de Monchy, seigneur d’Hocquincourt, gouverneur de Nancy et lieutenant général du Roi. 

Souffrant, Sylvestre Crugy de Marcillac demande un congé à Richelieu à la fin du printemps 1638. Il est encore présent en Lorraine au début du mois de septembre, puis une missive qu’il adresse à Richelieu le 11 indique son retour dans le royaume⁴. 

Pendant trois ans, entre l’été 1635 et l’été 1638, Sylvestre Crugy de Marcillac rend très régulièrement compte de sa mission à Richelieu et au comte de Chavigny⁵.

Textes 246, 258, 493, 544, 545, 625, 635, 636, 638, 639, 717, 724, 727, 728, 729, 883, 884, 901, 927, 928, 942, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome II, p. 600 note ; voir aussi Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 665-666. [↩]
2. Sylvestre Crugy de Marcillac, évêque de Mende, à Chavigny, Saint-Mihiel, 14 octobre 1635, Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 529-530. [↩]
3. Archives départementales de la Moselle, série B, 2318 ; cité par André Gain, Le conseil souverain de Nancy – 1634-1637 –, Metz, Imprimerie Paul Even, 1937, p. 26. [↩]
4. L’évêque de Mende à Richelieu, Paris, 11 septembre 1638, Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 30, fol. 375-376. [↩]
5. Cette correspondance est conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, 27 et 28 pour l’année 1635. [↩]