Pierre de Broc (1602-1671), dit « l’abbé de Saint-Mars », est le fils puîné de François de Broc, baron de Cinq-Mars, seigneur de Lizardière et de Chemiré, et de Françoise de Montmorency-Fosseux. Les parents et le frère aîné de Pierre de Broc s’introduisent dans l’entourage de Marie de Médicis et de Richelieu en 1624, à l’occasion du mariage du sieur de Broc avec Marguerite de Bourdeille¹. 

Voué à la carrière ecclésiastique, aumônier du Roi, il obtient le prieuré de La Madeleine de Broc, en Anjou, dépendant de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers. 

Vers la fin des années 1620, Pierre de Broc devient maître de chambre de Richelieu. 

Ce dernier l’impose, lors de l’assemblée générale du clergé de France, en 1635, comme agent général pour la province de Paris, au moment où Denis de La Barde est désigné agent général de la province de Sens, dont celle de Paris a été séparée en 1622. 

L’abbé de Saint-Mars est par ailleurs abbé de Ressons, au diocèse de Rouen, abbé de Notre-Dame des Fontenelles, au diocèse de Luçon, bénéfice qu’il résigne contre l’abbaye Toussaint d’Angers en 1634 ou 1635. A cette dernière date, l’abbé de Coursan souligne non seulement l’importance de l’abbé de Saint-Mars auprès de Richelieu, mais aussi les ambitions des deux hommes, dans le contexte de la mort de l’abbé de Prémontré, Pierre Gosset, des difficultés soulevées par l’élection, par les religieux, de Pierre Desban, et de l’attribution, en commende, de l’établissement, au cardinal-ministre, puis de sa nomination comme abbé général de l’ordre².

En janvier 1636, c’est au tour du comte de Chavigny de souligner son zèle au service de Richelieu et écrit au cardinal de La Valette : « je suis à cette heure si assidu auprès de lui [le cardinal-ministre] que [Jean de Lonlay, seigneur de] Saint-Georges [second capitaine des gardes] et l’abbé de Saint-Mars ne le sont pas davantage »³. 

Envoyé au siège d’Arras en qualité de garde du trésor royal en 1637, il endosse alors le rôle d’intermédiaire entre le cardinal-ministre et le maréchal de Châtillon, secondé par le colonel Jean de Gassion, et permet l’éloignement de troupes envoyées par le duc de Lorraine au secours de la ville. Il est également dépêché en mission de bons offices auprès de la duchesse de Chevreuse exilée à Tours⁴. 

L’abbé de Saint-Mars est nommé évêque d’Auxerre le 7 septembre 1637, à la suite de Dominique Séguier, promu évêque de Meaux, mais ne reçoit ses bulles de confirmation qu’à la fin de l’année 1639. 

Il continue, en 1638 et 1639, d’exercer les fonctions d’inspecteur général dépêché par Richelieu aux armées, notamment auprès du maréchal de Châtillon, pour accélérer les préparatifs du siège de Saint-Omer. 

Grand-aumônier du cardinal-ministre en 1639, il contrôle aussi chaque mois les dépenses de sa Maison. 

En 1641, il est à nouveau agent général du clergé de France et abandonne à la même époque sa charge de camérier, tandis que le marquis de Cinq-Mars, dont les mentions et la signature pouvaient se confondre avec les siennes, entre en disgrâce auprès du Roi, comme le note Maximin Deloche⁵. 

Les responsabilités qui lui sont confiées sont encore celles d’un prélat guerrier, comme l’a été avant lui le cardinal de La Valette. Richelieu et Louis XIII le place à la tête de contingents envoyés en Lorraine, où il reprend Bar-le-Duc (13 août 1641) et attaque Dieuze en octobre avec le comte de Grancey. La place est cependant volontairement inondée par les hommes de Charles IV, qui rompent la digue des étangs de Lindres, obligeant l’armée française à se retirer. 

On connaît le nom de son secrétaire en 1642, Jean Chalopin, qui réalise alors l’inventaire des titres de l’évêché d’Auxerre⁶. 

Texte 940,

1. Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 589. [↩]
2. L’abbé de Coursan au cardinal de Richelieu, Dijon, 29 août 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, année 1635, Paris, édition L’Harmattan, 2020, p. 437-440, voir p. 439. [↩]
3. Le comte de Chavigny au cardinal de La Valette, janvier 1636, minute conservée au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 29, f° 83-84, cité par Maximin Deloche, La Maison du cardinal de Richelieu : document inédit, Paris, Honoré Champion, 1912, p. 82. [↩]
4. Ibidem. [↩]
5. Maximin Deloche, La Maison du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, p. 87. [↩]
6. Le document est conservé aux Archives départementales de l’Yonne, sous la cote G1592, et accessible en ligne. [↩]

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