Schomberg (Charles de, comte de Nanteuil, duc d’Halluin)

Charles de Schomberg (1601-1656), comte de Nanteuil et de Durtal, duc d’Halluin (ou Hallwin, Hallewin), pair de France, marquis d’Épinay, est le fils du maréchal Henri de Schomberg et de sa première épouse, Françoise d’Espinay (Épinay).

Élevé enfant d’honneur de Louis XIII, il embrasse la carrière des armes et lève un régiment d’infanterie par commission du 26 février 1619. Les contingents sont licenciés le 2 juin suivant puis rétablis le 5 juillet 1620, et tiennent garnison en Poitou jusqu’en 1633.

La terre d’Halluin est érigée, en sa faveur, en duché-pairie par lettres données à Paris le 9 décembre 1620, enregistrées au Parlement le 22 février 1621.

Le duc d’Halluin participe à la bataille de Sommières en 1622, au cours de laquelle il est blessé, puis aux combats du Pas-de-Suze et de Privas (1629), ainsi qu’à la campagne de Savoie en 1630.

Après le décès, le 25 novembre 1630, de Léon d’Albert, seigneur de Brantes puis duc de Luxembourg par son épouse, frère du duc de Luynes et du duc de Chaulnes, il est pourvu de la charge de lieutenant de la compagnie de chevau-légers de la garde du Roi, par lettres de provision en date du 24 janvier 1631.

Le 19 juin 1632, le duc d’Halluin est blessé lors de la bataille de Rouvrois-sur-Meuse.

À la fin de l’année, il cumule les charges de lieutenant de la compagnie des chevaux légers de la garde du Roi, de colonel des reîtres, de grand maréchal de camp des troupes de gens de pied allemandes et étrangères (charge dont il est pourvu le 20 novembre, à la mort de son père survenue trois jours plus tôt), de gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté ès provinces de Saintonge, Angoumois et Limousin, et de gouverneur particulier de la ville et château de Angoulême : il se démet de ces deux derniers emplois le 19 décembre 1632 pour exercer ceux de gouverneur et lieutenant général pour le Roi en Languedoc laissés vacants par le décès du maréchal de Schomberg1.

Il reçoit le gouvernement de Montpellier en 1633, en remplacement de Gabriel de La Vallée-Fossez, et est fait chevalier des ordres du Roi le 14 mai.

Au cours de l’année 1635, alors que les révoltes populaires antifiscales se propagent depuis Bordeaux le long de la Garonne, il est chargé de la surveillance, ainsi que de la sécurisation, de la frontière espagnole, et supervise la restauration des principales places de la province, notamment celle des fortifications de Narbonne. Il rend compte de sa mission de veille et de l’envoi d’espions en Espagne, dont les informations sont confrontées entre elles pour en vérifier la véracité2

Le duc d’Halluin rétablit également le régiment d’infanterie de Languedoc dont il est le mestre de camp.

Le 28 septembre 1637, il conduit victorieusement l’attaque des retranchements de Giovanni Serbelloni († 21 février 1638), lieutenant général de la cavalerie espagnole engagée au siège de Leucate, malgré l’infériorité de ses effectifs. Il permet la levée du siège par l’ennemi le lendemain. En récompense, il est promu maréchal de France le 26 octobre suivant. 

En 1638-1639, il combat en Roussillon sous les ordres du prince de Condé. Tandis que ce dernier assiège la forteresse de Salses, il s’empare du château d’Estagel puis porte secours au prince de sang.

En 1640, son intervention contraint les Espagnols à lever le siège de la place d’Ille-sur-Têt.

Un pouvoir en date du 2 mars 1641 lui attribue le commandement militaire de la Guyenne en l’absence du duc d’Épernon. Le 17 octobre de la même année, il obtient en outre un régiment de cavalerie allemande.

Il est de retour en Roussillon en 1642 : le 24 janvier, il est pourvu du commandement de l’armée engagée sur place, conjointement avec le marquis de La Meilleraye. Le 9 septembre, tous deux s’emparent de Perpignan puis de Salses le 15.

En 1644, il se démet de ses gouvernements de Languedoc et de Montpellier au profit du duc d’Orléans, mais conserve l’effectivité des prérogatives dont il a accepté de se défaire. Le 25 avril, il reçoit les gouvernements de Metz et des Trois-Évêchés, sur la démission du marquis de Mortemart.

Le 6 septembre 1645, des lettres de provision lui attribue le gouvernement de Pont-Saint-Esprit sur la démission de François de Simiane (1622-1680), marquis de Gordes, et après la mort, en 1642, du père de ce dernier, Guillaume de Simiane, marquis de Gordes.

Le 18 avril 1647, après un nouveau décès important, celui du maréchal de Bassompierre, il bénéficie de lettres de provision pour la charge de colonel général des Suisses et des Grisons. Par commission du 18, il est fait capitaine de la compagnie générale des Suisses. Le 2 mai, il se démet du régiment du Languedoc, puis du gouvernement du Pont-Saint-Esprit, le 10 octobre, en faveur du duc d’Orléans.

Un pouvoir du 4 mai 1648 lui attribue le commandement de l’armée de Catalogne, dont il devient le vice-roi le 9 mai. Le 12 juin, il fait lever le siège de Flix et s’empare de Tortosa le 12 juin. En octobre, il licencie son régiment de cavalerie allemande.

Il se démet de la vice-royauté de Catalogne et des commandements qui y étaient associés le 4 novembre 1649, puis de la compagnie de chevau-légers de la Garde le 6 avril 1652.

En 1653, il encore pourvu du régiment tenant garnison à Metz.

Il a épousé, en 1620, Anne de Piennes, duchesse d’Halluin, « démariée », selon l’expression de l’époque, du duc de Candale, devenant grâce à elle duc d’Halluin ; devenu veuf, il convole en secondes noces, en 1646, avec Marie de Hautefort.

Il décède le 6 juin 1656.

Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 1122 et 1231 ; 

Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 645-646 ;

M. Pinard, Chronologie historique-militaire…, Paris, chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome II, p. 507-511.

Textes 255, 453, 454, 499, 669, 724, 927, 973, 975

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. La démission autographe, de la main du secrétaire Bodin avec la signature du duc d’Halluin, est conservée au Ministère des Affaires Étrangères, coll. Mémoires et Documents France, vol. 805, f° 169, voir le texte 499. []
  2. Voir les nombreux mémoires du duc d’Halluin adressés à Richelieu tout au long de l’année 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, années 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, passim. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (12 mai 2022). Schomberg (Charles de, comte de Nanteuil, duc d’Halluin). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpor


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