Adrien de Monluc (Montluc) (v. 1571-1646), prince de Chabanois, comte de Cramail (ou de Carmain), baron de Montesquiou et comte de Montluc, est le fils de Fabien de Montluc et d’Anne de Montesquiou. Il est le petit-fils de Blaise de Montluc. Il a épousé, en 1592, Jeanne de Foix, héritière du comte de Carmain, et est un proche d’Henri IV. Il constitue très tôt à Toulouse, puis à Paris, dès les premières années du XVIIe siècle, un cercle littéraire fréquenté par François Maynard, par Michel de Marolles, abbé de Villeloin, traducteur d’auteurs dramatiques et poètes latins, ou par l’abbé Jean-Baptiste de Croisilles.
Maréchal de camp, il détient le gouvernement et la lieutenance générale du pays et comté de Foix. Il commet l’erreur de se compromettre dans les cabales de Marie de Médicis et de la comtesse du Fargis, sa maîtresse. S’il est épargné lors de la journée des Dupes, il ne doit ce répit qu’à son gendre, Charles d’Escoubleau, marquis de Sourdis, qui a épousé sa fille, Jeanne († 1657). Il est à noter qu’en 1632 il ne participe ni à la chevauchée du duc d’Orléans ni à la révolte du duc de Montmorency dont il était pourtant un proche.
Au cours de l’année 1634, Richelieu, dans son Journal de Monsieur le cardinal duc cardinal de Richelieu durant le grand orage de la court en l’année 1630 et 1631, prépare la publication de la correspondance amoureuse entretenue par la comtesse du Fargis et le comte de Cramail1. L’exhibition des lettres de la comtesse du Fargis, très hostile au cardinal-ministre, se présente sans doute comme une vengeance2. Le comte de Cramail se retire à cette époque dans son gouvernement de Foix.
Au cours de l’automne 1635, il est chargé, en compagnie du marquis de La Meilleraye et du comte de Soissons, d’assiéger la place de Saint-Mihiel. Il n’hésite pas, alors, à souligner l’infériorité de l’armée française face à l’ennemi. Richelieu le fait arrêter au mois d’octobre, et embastiller. Il passe plus de sept ans en prison en compagnie du maréchal de Bassompierre. Il n’est libéré qu’après la mort du cardinal-ministre.
Selon les Mémoires de Pierre de La Porte, que le comte de Cramail a également connu à la Bastille, Anne d’Autriche songeait à lui comme gouverneur du Dauphin, si elle avait un fils.
Il est l’auteur, ou l’inspirateur, de pièces versifiées et en prose, publiées anonymement : les Pensées solitaires (1629), les Jeux de l’Inconnu (1630), la Comédie des proverbes (1633) et la Fable des amours du Jour et de la Nuit, publiée à titre posthume3. Gédéon Tallemant des Réaux lui a consacré une de ses Historiettes, placée juste avant celle du cardinal de Richelieu4.
Texte 244,
- Voir la lettre de la comtesse du Fargis au comte de Cramail, du 8 juin 1631, reprise par Claude Bouthillier en juin 1634, dont la copie est conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 810, f° 202-207, et a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 1, p. 531-534. [↩]
- « […] ces lettres que Richelieu ne rougit pas de publier pour déshonorer Mme du Fargis et le comte de Cramail. », Antoine Adam – éd. -, Historiettes de Tallemant des Réaux, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 766. [↩]
- Éric Kramer(éd.), La Comédie de proverbes, pièce comique d’après l’édition princeps de 1633, Genève, Droz, 2003, p. 127-135. [↩]
- Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, voir tome II, p. 231-232 et p. 895-897. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (12 mai 2022). Monluc (Adrien de, comte de Cramail). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpow