Michel de Clausel [ou Clauzel], baron de Saint-Angel, né en 1603, est le fils de Pierre de Clausel, conseiller puis président en la chambre des comptes de Montpellier (1602). Domestique de Marie de Médicis, il remplit, depuis 1629, une série de missions de bons offices : il est chargé par le duc de Rohan, en qualité de chargé de pouvoirs, de négocier un traité avec l’Espagne, signé le 3 mai. Il est capturé peu après par le maréchal d’Estrées au cours du siège de Privas.

Il bénéficie cependant de la grâce de Louis XIII. Arrêté à Genève en mars 1631, il parvient à s’évader. Richelieu se méfie de lui, tout en le laissant suffisamment libre de ses allées et venues pour qu’il ne se sente pas suspecté.

Peut-être Michel de Clausel souhaite-t-il se racheter une conduite : il révèle en ce début janvier 1632 un projet d’assassinat visant la personne du cardinal, mais aussi celle du Roi lui-même et du prince de Condé. Il en avertit d’abord le père Matthieu Dolé, et son assesseur, Oger, qui en informent à leur tour Richelieu.

Mais il renoue avec les intrigues en s’engageant aux côtés du duc de Montmorency au cours de l’été 1632 et tente alors de gagner le premier consul de Nîmes, Céphas Favier de Vestric, à la cause du duc d’Orléans¹. Il organise la résistance d’Alès, et refuse de se soumettre à l’autorité de Roi après la bataille de Castelnaudary. Il parvient alors à échapper au maréchal de La Force, chargé de procéder à son arrestation².

C’est probablement le valet de Michel de Clausel qui tente d’assassiner Puylaurens le 3 mai 1634, d’un coup de carabine, pour le compte du duc d’Elbeuf³. Michel de Clausel se rend ensuite en Angleterre où le président Jean-Baptiste Costa, intendant du prince Thomas de Savoie, le tient informé des opérations militaires espagnoles en Méditerranée⁴.

Indéfectiblement attaché à la Reine mère, Michel de Clausel achève de se compromettre en tentant de soudoyer le duc de Rohan à l’automne 1634, puis en septembre 1635, et de le gagner au parti de Marie de Médicis. L’homme de guerre dénonce la tentative, il fait arrêter Michel de Clausel emprisonné dans une cellule du Fort-de-France, sur le territoire des Ligues Grises, à la fin de l’année 1635. Son procès est instruit par François Lasnier les 6, 7 et 8 novembre⁵. 

Textes 39, 351, 797, 901, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Voir le courrier que Michel Particelli d’Hémery adresse à Richelieu, de Montpellier, le 19 juillet 1632, translation publiée en ligne, texte 901. [↩]
2. Voir Richelieu au maréchal de La Force, de Lyon les 7 et 9 septembre, publiée par Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 361. [↩]
3. Paul Henrard, Marie de Médicis dans les Pays-Bas (1631-1638), Bruxelles, Librairie européenne C. Muquardt, 1876, p. 429. [↩]
4. Le 30 octobre 1634, Abel Servien écrit également au marquis de Saint-Chamond un Mémoire des fortifications à faire en la côte de Provence, accompagné d’une lettre écrite de Bruxelles par Jean-Baptiste Costa, intendant du prince Thomas, à Michel de Clausel, à Londres, qui signale « qu’il se fait une armée à Naples, de cinquante gros navires, lesquels seront chargés de six mille hommes de guerre, et doivent passer à Gênes, auquel lieu se doivent joindre toutes les galères d’Espagne, et prendre encore un pareil nombre de soldats faisant en tout douze mille hommes […] pour aller descendre en quelque lieu du monde. De là il faut croire, vu l’état des affaires, que c’est en Provence qu’ils prétendent aborder […] », dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 636, note. [↩]
5. Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 510 et suivantes. [↩]