Henri-Auguste de Loménie (1594 ou 1595-1666), seigneur de La Ville-aux-Clercs, est le fils d’Antoine de Loménie, seigneur de la Ville-aux-Clercs, et d’Anne d’Aubourg, dame de Porcheux. Il devient comte de Brienne, grâce à la terre apportée par son épouse, Louise de Béon de Massès, érigée en comté en sa faveur.

Henri-Auguste de Loménie effectue d’abord vers 1608-1609 un voyage de découverte en Europe continentale (Pologne, Autriche, Angrie, Italie), puis en Angleterre en 1612.

Il obtient la survivance de la charge de secrétaire d’État de la Maison du Roi, détenue par son père, à partir de 1615, qu’il exerce, de manière officielle, conjointement avec celui-ci jusqu’en 1638. Dans la pratique, l’âge avancé de son père détermine rapidement un exercice lui incombant en totalité. Le règlement du 5 février 1624 qui organise les charges des secrétaires d’État et partage le département des Affaires étrangères lui octroie les affaires d’Angleterre, Turquie et Levant. Puis le règlement du 11 mars suivant complète les fonctions dévolues à M. de La Ville-aux-Clercs de la Maison du Roi, de Paris, l’Île de France, Orléans, Berry, Soissons et du parlement de Navarre. En 1635, un nouveau texte lui confie la Maison du Roi, l’Orléanais et le pays chartrain. Par ailleurs, en 1622, Louis XIII lui attribue le gouvernement du château des Tuileries après la mort de Luynes, puis l’envoie en ambassade extraordinaire en Angleterre en 1624 afin de préparer le mariage d’Henriette de France avec le futur Charles I^er.

La Ville-aux-Clercs participe au siège de La Rochelle puis aux campagnes d’Italie et de Languedoc. Fin 1630, au lendemain de la journée des Dupes, le Roi le charge de négocier auprès de Marie de Médicis, en vain.

En 1632, La Ville-aux-Clercs accède à la charge de conseiller d’honneur au parlement de Paris¹. À cette époque, son refus du clientélisme et une certaine méfiance à l’égard de Richelieu conduisent à sa mise à l’écart progressive des affaires gouvernementales.

Il est fait comte de Brienne en 1638. Vers cette époque, Richelieu le contraint à lui céder le collection de manuscrits que son père avait commencé à réunir et que lui-même a continué à enrichir tout au long de sa vie. Il est à noter que ses 358 volumes composent aujourd’hui la collection de Brienne de la Bibliothèque nationale de France.

Disgracié, il doit se démettre de sa charge de secrétaire d’État en février 1643. Mais à la mort de Louis XIII, Anne d’Autriche lui attribue les fonctions exercées par le comte de Chavigny. Il s’oppose alors vivement à Mazarin.

Henri-Auguste de Loménie de Brienne ne prend pas part aux négociations ouvertes à Munster et Osnabrück, qui débouchent sur la signature des traités de Westphalie en 1648, ni aux pourparlers qui aboutissent au traité des Pyrénées en 1659.

Il est l’auteur de Mémoires, qui témoigne d’une hostilité certaine à l’égard de Richelieu et d’une loyauté indéfectible au service du Roi. Le cardinal-ministre ne s’y est jamais trompé qui a refusé, en 1637, la démission de La Ville-aux-Clercs.

En 1661, Henri-Auguste de Loménie de Brienne a la qualité de ministre d’État.

De son mariage avec Louise de Béon de Massès, naissent six enfants : Marie-Antoinette de Loménie de Brienne, née en 1624, qui épouse Nicolas-Joachim Rouault, marquis de Gamaches, en 1642 ; Louis-Henri de Loménie de Brienne, né en janvier 1636, secrétaire d’État aux Affaires Étrangères en survivance de son père en 1651, qui épouse Henriette Bouthillier, fille de Léon Bouthillier de Chavigny, en 1656 ; Charles-François de Loménie de Brienne, né en 1638, évêque de Coutances en 1666 ; Alexandre-Bernard de Loménie de Brienne né vers 1640, qui intègre l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à 5 ans et est par la suite consul de France au Caire et à Alexandrie². Jeanne et Madeleine, qui trouvent toutes deux la mort jeunes, selon La Chesnaye-Desbois, décèdent à quelques heures d’intervalle, au début du mois de janvier 1632³.

Voir aussi Jacques Delon (éd.) : Mémoires de Brienne le Jeune [Henri Louis Auguste de Loménie, comte de Brienne], Paris, éditions Honoré Champion, 2022, collection « Bibliothèque des correspondance, Mémoires et journaux », 2 volumes, au tome 1, p. 23-39 ;

Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 83-92 ;

Cécile Figliuzzi, Antoine et Henri-Auguste de Loménie, secrétaires d’État de la Maison du roi sous Henri IV et Louis XIII, carrière sociale et ascension politique, thèse de l’école des Chartes, 1992.

Textes 42, 335, 465, 

1. Le brevet de nomination est daté du 17 août 1632, à Fontainebleau, une copie est conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 805, f° 21. [↩]
2. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome IX, Paris, chez Antoine Boudet, 1725, p. 85-86. [↩]
3. Voir la lettre de Guillaume Bautru à Richelieu, 11 janvier 1632, dont le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 66. [↩]

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