Alphonse de Lopez (1572-1649) est natif de la province d’Aragon en Espagne. D’origine morisque et de confession juive, il arrive en France au tout début du XVII^e siècle, en tant que représentant de ses compatriotes expulsés par le roi catholique et dont il organise l’exil en France malgré l’ordonnance de 1615 faisant défense aux Juifs de résider dans le royaume. Il doit l’amorce de sa fortune à la taille du diamant, pour laquelle il crée le premier atelier de Paris.

Soucieux du sort de ses coreligionnaires et compatriotes, il se place sous la protection du marquis de Rambouillet qui l’introduit à la cour. Entré dans l’entourage des Concini, il est arrêté après le procès de la Galigaï puis libéré. Orfèvre réputé, il rencontre Richelieu dès cette époque et se signale par son habileté à défendre la cause de ses pairs pour lesquels il obtient gain de cause et autorisation de séjour. Fort de ses succès, Lopez élargit ses activités et met son crédit et ses liquidités à disposition de ceux qui les lui demandent. En 1626, Richelieu le charge d’une enquête sur le développement commercial du port du Havre. Entre 1627 et 1629, puis de 1636 à 1640, le cardinal-ministre recourt encore à ses services pour organiser la marine de guerre et procéder à l’achat de bâtiments, d’armes et de matériel en Hollande. Lopez pourvoit également Richelieu en œuvres d’art et en bijoux. Espion, il est aussi, en particulier en 1633, l’un des principaux chargés d’affaires auxquels le ministre confie la ville de Richelieu. Lopez avance de l’argent non seulement à son mentor mais également à l’État. Les services qu’il rend sont récompensés par la charge de maître d’hôtel du Roi, puis, en 1638, par celle de conseiller d’État, alors qu’il s’est converti au catholicisme.

Voir Françoise Hildesheimer, « Une créature de Richelieu : Alphonse Lopez, le “Seigneur Hebreo” », dans Gilbert Dahan (dir.), Les Juifs au regard de l’histoire : mélanges enl’honneur de Bernhard Blumenkranz, Paris, Picard, 1985, p. 293-299.

Textes 42, 772, 859, 860, 861, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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